Y a pas d'ouvrage

Mme Jeanne Leblanc qui habite actuellement le village de Zenon Park chanta aussi une pièce humoristique très appréciée de son entourage. Cette chanson, d'origine québécoise, décrit de façon satirique le sort du travailleur journalier universel. Mme Leblanc apprit cette chanson de ses frères qui travaillaient dans les chantiers de bois en Abitibi vers 1920.

Transcription musicale ? Y a pas d'ouvrage (version 1)

1. On nous a dit d'attendre après les élections.
Ça nous emplie pas le ventre d'entendre parler de millions.
Il y a du chômage maintenant qu'ils sont entrés.
C'est de faire des voyages, on est vite oublié.
Les jours ont passé depuis ce temps-là puis on ne travaille pas.

Refrain:
Y a pas d'ouvrage; ça décourage!
Pour arriver, faut qu'on ménage.
Tout le monde se lamente, lorsque j'en pense.
Sur l'train qu'ça va, bien on crèvera!
2. La vie est bien amère, c'est bien juste pour manger.
Ce qu'on a de la misère pour pouvoir arriver.
Pendant que les riches dépensent, les pauvres crèvent de faim.
Pendant qu'on se bourre la panse, les pauvres n'ont pas de pain.
Faut demander au gouvernement de faire du changement.

Refrain:
Y a pas d'ouvrage; ça décourage!
Pour arriver, faut qu'on ménage.
Les tripes nous craquent et tout nous slaque.
Si ça change pas, bien l'on crèvera!
3. Il y a toujours du chômage, ma femme en train de m'aider
a pris des petits lavages, je sais pas si vous savez
la vie est tellement dure, c'est bien juste pour manger
du boudin puis de la forçure, ça coûte meilleur marché.
Ma femme fricasse tous les restants et on mange en le disant:

Refrain:
Y a pas d'ouvrage; ça décourage!
Pour arriver, faut qu'on ménage.
Tout le monde se lamente, lorsque j'en pense.
Sur l'train qu'ça va, bien l'on crèvera!
4. Mais ce qu'il y a de plus triste, c'est l'ouvrage ne prend pas.
Ça vient, ça vient pas vite, dites-moi donc qu'est-ce qu'on fera?
Tous les jours ils promettent, ça prend du temps à venir.
Tous les jours ils nous remettent, on aura le temps de mourir.
Et tout le monde dira en mourant: 'Je suis mort en attendant'.

Refrain:
Y a pas d'ouvrage; ça décourage!
Je vais mourir avant qu'on m'engage.
Ma grande conscience, lorsque j'en pense.
Sur l'train qu'ça va, bien l'on crèvera!

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Cette chanson présente cependant des indices que les auteurs connaissaient Ça va venir, découragez-vous pas de La Bolduc. La version connue à Zenon Park est en fait l'antithèse de celle qui suit.

Transcription musicale ? Y a pas d'ouvrage (version 2)

Refrain:
Ça va venir, pis ça va venir, mais décourageons-nous pas.
Moi, j'ai toujours le coeur gai et je continue à turluter.
(turluter le refrain)

1. Mes amis, je vous assure que le temps est bien dur
Il faut pas se décourager, ça va bien vite commencer.
De l'ouvrage il va en avoir pour tout le monde cet hiver.
Il faut bien donner le temps au nouveau gouvernement.

Refrain
2. On se plaint à Montréal, après tout on n'est pas mal.
Dans la province de Québec, on mange jamais notre pain sec.
Y a pas d'ouvrage au Canada, y en a ben moins dans les États.
Essayez pas d'aller plus loin, vous êtes certains de crever de faim.

Refrain
3. Ça coûte cher de ce temps ici, pour se nourrir à crédit.
Faut pas que ça monte, la grocerie; jamais t'accompte sur les biscuits.
Mais, je peux pas faire de l'extra, mon p'tit mari travaille pas.
À force de me priver de manger, j'ai l'estomac ratatiné.

Refrain
4. Me voilà mal emmenchée, j'ai des trous dans mes souliers.
Mes talons sont tout de travers, et pis le bout qui r'trousse en l'air.
Le dessus est tout fendu, la doublure toute décousue.
Les orteils passent à travers; c'est toujours mieux que de pas en avoir.

Refrain
5. Le propriétaire qui m'a loué, il est bien mal emmenché.
Ma boîte à charbon est brûlée, et pis j'ai cinq vitres de cassées.
Ma lumière disconnectée, puis mon eau n'est pas payée;
Y ont pas besoin de venir m'achaler, ma liste pend en bas de l'escalier.

Refrain