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Des histoires

Wolseley: la paroisse Sainte-Anne-du-Loup

À une heure de route à l'est de Régina, le long de la transcanadienne, se dresse le village de Wolseley. Un important contingent de langue française s'y est établi au début du siècle, autour d'une église au nom pittoresque de Sainte-Anne-du-Loup. Durant la Première Guerre mondiale, Le Patriote de l'Ouest publia un article sur cette paroisse «en grande majorité Canadienne-Française».
On ignore l'identité de l'auteur de ces lignes: peut-être (ou même probablement) était-ce M. le curé. Quoi qu'il en soit, dans le but d'attirer de nouveaux paroissiens et d'ainsi «fortifier notre belle paroisse», il lance un appel aux familles du Québec, les assurant qu'aux points de vue de la langue et de la religion, ils n'auront rien à craindre. C'est ce point qui est ici d'un intérêt particulier, car l'article montre bien, d'une part, que les chefs franco-canadiens tentent de grouper les nouveaux arrivants de langue française autour de noyaux établis plutôt que de les laisser se disperser dans la plaine et le parkland, et d'autre part, que les immigrants eux-mêmes se sentent plus à l'aise autour du clocher, du couvent et de l'école:

«Wolseley, Sask. Qui n'a pas entendu parler de cette ville située sur la grande ligne du Canadien Pacifique à 60 milles à l'est de Régina? Population: 1000 à 1100 habitants. Sept élévateurs. Lumière électrique. Téléphone reliant la ville à presque tous les fermiers, jour et nuit. Plusieurs magasins très bien montés, etc., etc. Bref, petite ville vivante et prospère parce qu'elle est le centre d'un large district où la culture du blé est en honneur et où nos fermiers n'ont pas encore connu les années de disette.

«La jolie petite église de Sainte-Anne-du-Loup, construite il y a environ 16 ans, à l'extrémité ouest de la ville, est le lieu de rendez-vous d'une population catholique mixte, mais en grande majorité Canadienne-Française. La minorité se compose de quelques familles anglaises, polonaises et ruthènes. Les Canadiens-français sont à peu près tous établis sur des terres dans un rayon de 6 à 8 milles.

«Nous serions heureux de voir de bonnes familles nous arriver de la Province de Québec et fortifier notre belle paroisse. Mais pour les encourager à venir au milieu de nous, ne faut-il pas leur dire tout de suite ce qu'elles peuvent trouver ici au point de vue catholique et français?

«Disons-le:

«À l'Église, les sermons et catéchismes se font en français. Tout de même, pour rendre justice à la minorité, notre curé y ajoute chaque dimanche de courtes explications en anglais.

«Au Couvent - (car nous avons depuis 10 ans un excellent pensionnat de jeunes filles, dirigé par les Religieuses de Notre-Dame des Missions) - l'instruction se donne dans les deux langues.

«À l'École séparée - pour garçons et filles - les religieuses diplômées suivent, en anglais, les programmes imposés par le gouvernement et préparent aux examens. On y fait du français dans les limites déterminées par la loi.

«À l'école paroissiale, une autre religieuse enseigne, presque exclusivement, le français aux petits, à partir de l'âge de 4 à 5 ans, afin que ces chers enfants apprennent à bien lire et à bien écrire notre belle langue avant d'entreprendre l'étude de l'anglais. Ce système que nous avons employé depuis plusieurs années donne d'excellents résultats.

«C'est pour faire profiter ses 7 ou 8 enfants de ces avantages réunis que tout dernièrement, M. Eudore Dureau venait, d'une autre paroisse, acheter à un quart de mille de l'église et de l'école, trois beaux carreaux de terre. Pour les mêmes raisons, M. Pierre Dubé nous revenait de Filmore et devenait acquéreur, le mois dernier, d'une jolie propriété, attenant au terrain d'église. N'est-ce pas aussi pour rapprocher ses enfants de l'école que M. Philiza Laverdière achetait, avant l'hiver, une maison en face du couvent?

«Espérons que d'autres familles suivront ces bons exemples.

«En attendant, il fait plaisir de constater que la population scolaire, dans quelques années d'ici, n'aura pas diminué. Les nombreuses inscriptions, ces dernières semaines, dans le régistre des Baptêmes, nous en donnent l'assurance.»

Il serait impossible de déterminer avec précision les résultats - si résultat il y a eu - de la publication d'un tel article. Il en paraissait d'ailleurs régulièrement dans les pages du Patriote. Néanmoins, le groupe de langue française paraissait solide quelques années après la parution de l'article, avec plusieurs dizaines de familles portant des noms tels que Bonneville, Brivot, Cormier, Coupelle, Dureault, Guillemette, Hébert, Huet, Langlois, Laplante, Laverdière, Leclaire, Legault, Perras, Pierre, Provençal, Rainville, Souchotte, St-Cyr et Tourigny.

(tiré du Patriote de l'Ouest, 17 février 1916, p. 3; renseignements supplémentaires dans le Registre des homesteads, gouvernement de la Saskatchewan)





 
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