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Des gens

William-Albert Boucher

Les carrières politiques ont tendance à germer plus facilement dans certaines familles que dans d'autres. Ainsi, à Saint-Louis, la famille Boucher a fourni au moins trois représentants publics. Jean-Baptiste Boucher, inspecteur de homesteads, s'est présenté dans le comté de Batoche sous la bannière Provincial Rights aux premières élections générales provinciales, pour être défait par son adversaire libéral. Son frère, Charles-Eugène Boucher, avait été élu député de Batoche à l'Assemblée des Territoires du Nord-Ouest en 1894. Et le fils de Jean-Baptiste, William-Albert, fut député puis sénateur au Parlement canadien.
William-Albert Boucher, surnommé «Boss» Boucher, est né le 12 novembre 1889 à Saint-Louis, Territoires du Nord-Ouest. Après ses études primaires et des cours particuliers à la maison, il se lance dans le commerce. Il est tout d'abord gérant d'une « cour à bois », la North Star Lumber Co., à Hoey, petit village situé à six kilomètres au sud de Saint-Louis. À l'âge de 26 ans, il est élu préfet de la municipalité rurale de Saint-Louis, poste qu'il conservera pendant huit années consécutives et qu'il occupera 16 ans en tout.

Après son mariage en juin 1916, il s'occupe un temps de vente de terres agricoles pour le compte de la compagnie de la Baie d'Hudson. Comme le village de Hoey et ses environs se peuplent à vue d'oeil, le jeune préfet réussit à convaincre un médecin de Prince-Albert, le Dr P.-E. Moreau, de venir s'y établir. C'est le début d'une longue amitié; les deux hommes s'associent pour prendre en main le magasin général, le Royal Mercantile, et pour exploiter une section de terre, un peu à l'est du village.

Toujours actif dans les affaires municipales, William-Albert Boucher occupe le poste important de directeur de l'Association des municipalités rurales de la Saskatchewan pendant six ans, en plus d'être directeur de la Ligue antituberculeuse pendant plus d'une décennie. Il acquiert son surnom de « Boss » en grande partie à cause de son influence sur l'organisation libérale de la région; pendant bon nombre d'années, il est vice-président de l'Association libérale fédérale pour le comté de Rosthern en plus d'exercer pendant six ans les fonctions de président de l'Association libérale provinciale pour le même comté. Homme de convictions inébranlables, il défend ardemment ses points de vue; il se crée ainsi plusieurs ennemis politiques, car l'atmosphère des campagnes électorales de cette époque est beaucoup plus chargée d'électricité qu'elle ne l'est aujourd'hui.

Lorsque le député Walter Tucker se retire de l'arène fédérale pour prendre la tête de l'opposition libérale à l'Assemblée législative de Regina en 1948, « Boss » Boucher est élu lors d'une élection complémentaire. La joie de sa réélection avec une confortable majorité lors des élections générales de juin 1949 est toutefois assombrie par le décès de sa fille aînée, Marion, malade depuis plusieurs années et qui s'éteint à l'âge de 31 ans. Pour ajouter au malheur, son épouse perd la vue. Il continue néanmoins à remplir les fonctions de whip, c'est-à-dire chargé de la discipline parmi les députés du Parti libéral à la Chambre des communes. Lorsque Walter Tucker manifeste le désir d'effectuer un retour sur la scène politique fédérale, Boucher lui cède la place et s'installe à Prince Albert.

Sa carrière politique est néanmoins loin d'être terminée. En janvier 1957, le premier ministre Louis St-Laurent le nomme au Sénat canadien, en compagnie de trois autres hommes qui ont de puissantes attaches dans le monde de l'agriculture. C'est que St-Laurent compte prier la Chambre Haute de mettre sur pied un comité sur l'aménagement des sols dans l'est du Canada. W.-A. Boucher est appelé à se joindre à cet important comité, dont les recommandations serviront d'assises à un programme visant à financer le déplacement de fermiers établis sur des sols pauvres. Durant toutes ses années au Sénat, il assiste avec régularité aux sessions et siège à plusieurs comités.

Après le décès de son épouse en 1968, « Boss » Boucher séjourne plus souvent dans l'Est, bien qu'il se fasse une joie de revenir chaque été visiter parents et amis, et revoir les lieux familiers. Il meurt subitement le 23 juin 1976, à l'âge de 86 ans.

(Renseignements : dossier W.-A. Boucher aux Archives provinciales; La Liberté et le Patriote, 11 janvier 1957, p. 11; L'Eau Vive, 21 juillet 1976, p.7; Guide parlementaire canadien, passim)





 
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