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Des gens

Wilfrid Piédalue, o.m.i.

Le décès du père Wilfrid Piédalue, o.m.i., le dimanche 21 février 1965, passa presque inaperçu, car la population franco-saskatchewanaise venait d'apprendre la nouvelle de la mort, deux jours auparavant, de Raymond Denis. Ce dernier avait laissé sa puissante empreinte sur le mouvement franco-catholique entre 1915 et 1935 et même plus tard, après son départ pour Montréal. Pourtant, le père Piédalue avait lui aussi marqué, et d'une empreinte tout aussi puissante, deux générations d'étudiants au Collège Mathieu.
Né à Montréal le 14 janvier 1902, il entre au noviciat de Lachine en 1919 et est ordonné prêtre dans la cité vaticane en juillet 1925, après de brillantes études au scolasticat des Oblats à Rome. À son retour au Canada, il part pour Gravelbourg où il passe toute sa vie dans l'enseignement, soit de 1927 à 1965, sauf un très bref séjour au scolasticat de Lebret en 1931.

Le correspondant de La Liberté et le Patriote, dans le trop court article soulignant le décès du père Piédalue, écrit:

«Mathématicien brillant, le défunt s'est spécialisé surtout dans l'enseignement de la philosophie et il avait publié l'an dernier en manuscrit un manuel de ses cours en quatre volumes. Il s'apprêtait à donner à cette oeuvre une forme plus définitive quand la mort l'a frappé. Depuis plusieurs années il se rendait durant l'été à l'Université d'Ottawa pour des cours d'été et pour la correction des examens. La population du sud de la Saskatchewan le connaît à titre de célébrant des prières du matin et du rosaire au poste de CFRG, et comme conférencier très apprécié. Pendant la période des vacances, il consacrait aussi une partie de son temps à la prédication de retraites aux communautés religieuses. On trouvait chez lui un patriotisme à toute épreuve, une curiosité intellectuelle toujours jeune et une joie de vivre communicative.»

Les anciens du Collège Mathieu se souviennent encore avec émotion du père Piédalue, qui possédait au plus haut degré le don de communiquer le goût de la recherche et de l'excellence intellectuelle. Plusieurs se rappellent aussi sa contribution à titre de directeur du cercle Lacombe, le cercle local de l'Association Catholique de la Jeunesse Canadienne, durant les années 1930. L'un deux écrit:

«Le nouvel étudiant au Collège Mathieu remarquait d'abord sa coupe de cheveux, une coupe de cheveux en brosse!... comme bon nombre d'entre nous! Les aînés se souvenaient que, plus jeune, le père Piédalue appliquait de solides coups d'épaules aux matchs de hockey. Plus âgé, il préférait le bridge au hockey et il contribuait à la partie de cartes sa joie de vivre habituelle. Il a trouvé le temps, pendant des années, de conseiller les dirigeants de l'Amicale et, toujours fin psychologue, de rehausser le moral de l'étudiant découragé.

«Et toujours son cigare! Le nuage bleu et l'odeur du tabac trahissaient ses allées et venues si bien qu'on le retrouvait aussi facilement à la bibliothèque du premier étage qu'à ses cours de philosophie au troisième!»

Le père Piédalue s'est aussi dévoué à la cause de la radio française en Saskatchewan. Il a été l'un des grands organisateurs et promoteurs des campagnes de souscription pour la construction des stations de radio et il a fait partie du premier Conseil de direction de la station C.F.R.G. Pendant de nombreuses années, il a récité le chapelet du soir à la radio. Il arrivait invariablement aux studios à la dernière seconde, plusieurs s'en souviennent, déposait son énorme cigare dans le cendrier à l'entrée et entonnait «Au nom du Père...» d'une voix forte en même temps qu'il soufflait une dernière bouffée odorante.

(citations: La Liberté et le Patriote, 25 février 1965, p. 1; témoignage de D.S., collection S.h.S.)





 
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