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Des histoires

Wakaw: de l'élevage à la culture

La Saskatchewan est le «Grenier du Monde», dit-on souvent. Mais on oublie alors que l'élevage des bovins, des porcs, des moutons et des chevaux a précédé, puis accompagné la mise en culture des terres agricoles dans la plupart des régions de la province.
L'élevage, contrairement à la culture du grain, ne requérait que peu d'équipement et de machinerie dispendieuse; les fluctuations du prix de la viande étaient généralement moins prononcées que celles du prix du blé; au surplus, le «produit» se transportait lui-même et par tous les chemins, sur ses quatre pattes, jusqu'au marché. Néanmoins, la culture a très vite supplanté l'élevage comme activité principale, à la fois parce qu'elle rapportait davantage et parce qu'il n'était plus possible de laisser les animaux paître en liberté sur les terrains libres. Il en a été ainsi dans les paroisses en grande partie de langue française situés immédiatement à l'est et au sud-est du lac Wakaw:

«Si la fondation officielle de la paroisse date de 1902, la colonie de Bonne Madone existait déjà depuis quelques années. C'est en 1896 que la famille Urbain Revoy avait retenu un homestead dans la région de Domrémy, où Stéphanie Revoy et son mari Alphonse Ancey étaient établis depuis deux ans. Mais se rendant compte qu'il n'y avait pas sur cette propriété une quantité suffisante d'eau pour un troupeau d'animaux, il décida de chercher ailleurs.

«Explorant les régions avoisinantes, Urbain Revoy se dirigea vers le sud-est et traversa une épaisse forêt. Après avoir franchi une dizaine de kilomètres, il tomba sur un lac long et étroit, en forme de courbe très prononcée, que les Métis de langue française appelaient «Lac Croche». Les indigènes le connaissaient sous le nom de «Wakaw», qui signifie croche dans la langue crise. Contournant le lac, il traversa un petit cours d'eau se déversant du lac et connu sous le nom de «rivière Carotte». Il trouva un peu plus loin un emplacement idéal pour établir un ranch. Il y avait de l'eau en abondance et du bois pour le chauffage. Étant bon chasseur, il ne manquerait pas de gibier sauvage pour sa table. Il fit aussitôt les démarches nécessaires pour annuler sa première demande et en faire une nouvelle pour une terre à proximité du lac. Il persuada son père Félix, déjà âgé de plus de 80 ans, ainsi qu'au moins un fils de prendre des terres au bord du lac. Les Revoy s'établirent donc sur le bord du Lac Croche dans une habitation provisoire et commencèrent l'élevage des bestiaux. Au moment d'obtenir les lettres patentes des diverses terres quelques années plus tard, les Revoy possédaient déjà une centaine de têtes de bétail, sans compter les moutons et les chevaux.

«Si cette famille pionnière est considérée comme la première à s'établir dans la région, d'autres familles suivirent bientôt, dont les Mollier et les Coutaud; cette dernière avait elle aussi quitté Domrémy pour le lac Croche. Les familles Reynaud et Vey, après une année passée à Saint-Louis, occupèrent des terres vers le sud-est, dans la région appelée plus tard Reynaud.

«L'année suivante, encore de France, venaient les familles Eugène Revoy, Abel Olivier et Stanislas Ciazinski. Celles-ci se placèrent à plusieurs kilomètres au sud, dans la région appelée plus tard Hoodoo. Comme la principale occupation des colons était l'élevage de bestiaux et de chevaux, ils cherchaient un endroit où abondait l'eau et les pâturages. Il leur fallait aussi une énorme quantité de fourrage pour l'hivernage de ces bêtes.

«À la demande de Monseigneur Pascal, deux Chanoines Réguliers de l'Immaculée-Conception arrivèrent au printemps de 1902 avec mission de fonder une paroisse dans la région du lac Croche. Ils se prirent chacun un homestead et, à l'exemple de leurs paroissiens, entreprirent de gagner leur vie en faisant l'élevage et en cultivant la terre.

«Quand les terres fournies gratuitement par le gouvernement furent à peu près toutes occupées et les pâturages considérablement réduits, la période de l'élevage prit fin. L'industrie agricole dite mixte lui succéda, alors que chaque colon conserva un petit troupeau et augmenta de plus en plus sa culture de céréales.»

(adapté de Louis Simonot, East of Crooked Lake, 1981, p. 41-44)





 
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