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Des histoires

Vonda : un Éden et une Mecca

La principale période d'immigration en Saskatchewan s'est étendue de 1903 à 1915. Durant cette période, plusieurs centaines de milliers de Canadiens, d'Américains et d'Européens sont venus s'installer sur des terres, dans les villages et dans les villes en pleine expansion. Chaque centre cherchait à attirer le plus grand nombre possible d'agriculteurs, d'artisans, de marchands et de professionnels; il s'agissait d'assurer que le village allait grandir rapidement, aux dépens du village d'à côté.
L'un des moyens préférés pour attirer de nouveaux citoyens consistait à faire publier des rapports élogieux dans la presse régionale. C'est ainsi que le petit village de Vonda se voit tout d'abord comparé à « un Éden dans l'Ouest canadien », dans le numéro du 21 février 1907 du Courrier de l'Ouest :

« Il est un centre de l'Ouest Canadien dont la prestigieuse croissance fait l'étonnement de tous ceux qui connaissent la date récente de sa fondation: c'est «Vonda», située sur le parcours de la voie du Canadien Nord, à mi-chemin environ entre Winnipeg et Edmonton. Les premières sections de terrains de Vonda ont été mises en vente en 1905 et depuis lors, habitations, magasins et sources commerciales de toutes sortes n'ont cessé de surgir comme par enchantement. Sa population n'est encore que de 250 âmes, mais en face des perspectives pleines de promesses, qui là-bas, s'ouvrent sur l'avenir, on s'apprête déjà à ériger en municipalité de ville ce qui, hier encore, formait à peine le berceau d'un simple village.

« Dans le seul cours de l'année qui vient de s'écouler Vonda a doublé sa population et la prospérité générale de ses affaires l'élève au niveau d'Indian Head, de Rosthern et autres endroits dont la date de fondation est beaucoup plus ancienne.

« Avec ses trois élévateurs à grains, un nombre considérable de convois affectés aux fins du transport, et l'avantage de la situation particulière qu'elle occupe, Vonda offre au commerce les plus grandes facilités. La fertilité du district l'environnant contribue aussi à expliquer les développements rapides de ce village vieux de deux ans, et qu'on nommera ville demain.

« La quantité de grains récoltés cette année dans le district de Vonda se chiffre dans les quelques 450,000 minots.

« Ces résultats indiquent assez l'espoir et la confiance qu'entretiennent nos compatriotes de là-bas, car Vonda est un centre en grande partie canadien-français, dans l'avenir de leur ville, étant donné les appoints sans cesse grandissants, fournis par l'immigration étrangère. Pour donner une idée de l'énorme quantité de blé que cette contrée est susceptible de produire, il suffit de rappeler que douze machines à battre actionnées par la vapeur, et cinq autres mues par des chevaux, ont fonctionné sans cesse l'automne dernier, et sont encore en activité, à l'heure qu'il est. Il reste encore au nord et au sud de Vonda d'immenses étendues de terres arables qui ne demandent que l'effort de l'homme pour accroître davantage la production des grains.

« Outre l'excellence de sa situation relativement au commerce, Vonda possède encore l'avantage d'être environné de lacs superbes qui sont pour les habitants du district une source sans cesse renouvelée de plaisirs et d'amusements, soit que l'on s'adonne à la pêche ou à la chasse aussi abondantes l'une que l'autre. On y rencontre quantité de canards et oies sauvages, etc. Parmi ces lacs on remarque particulièrement le lac Buffer situé à 1 mille et demi environ au nord de la ville, et le lac McAvoy, renommé pour la transparence de ses eaux et la magnificience des paysages qui l'entourent.

« Les homesteads sont offerts gratuitements et ceux-là qui ambitionnent d'aller faire fortune dans l'Ouest trouveront sans efforts l'Éden qu'ils cherchent, dans la ville et le district de Vonda.»

Trois ans plus tard, le 21 avril 1910, Vonda n'est plus le «Paradis terrestre», mais plutôt la Mecque de l'Ouest, dans le même hebdomadaire d'Edmonton:

« Vonda est devenue plus que jamais, ce printemps, le «Mecca» des Canadiens-français. Depuis le 15 mars pas un jour ne se passe sans que nous voyions arriver, à pleins wagons, des compatriotes qui viennent se fixer parmi nous. (...)

« Le plus gros contingent de colons, venus expressément pour Vonda, est celui du 3 avril qu'accompagnait notre curé, le rév. M. Bérubé.

« Les citoyens de Vonda, anglais et français, protestants comme catholiques, ont voulu démontrer à cette occasion, à notre pasteur, combien ils apprécient ses efforts fructueux pour coloniser Vonda et ses environs.

« Au nombre de plus de 500, accompagnés de la fanfare et d'un détachement de la Police Montée, ils sont allés attendre les nouveaux venus à la gare. L'accueil fut des plus cordiaux, puis M. l'abbé Bérubé fut conduit en voiture, et escorté de la fanfare et de la Police Montée, à la Mairie.

« La cérémonie de réception qui se déroula en ce dernier endroit fut très réussie. Un choeur, sous l'habile direction de M. Lalonde, chanta avec enthousiasme le chant national «O Canada», puis M. le Dr Doiron lut une éloquente adresse de bienvenue.

« M. l'abbé Bérubé se déclara heureux de se retrouver à Vonda, il annonça que pas moins de 25,000 compatriotes viendraient dans l'Ouest cette année, un grand nombre d'entre eux venant des villes manufacturières de l'est américain. Le maire de Vonda, le député provincial du comté et notre vicaire prirent tour à tour la parole.

« M. Amédée Gauthier, au nom des anciens colons, souhaita la bienvenue aux immigrants en leur disant que par le fait d'être venus à Vonda, ils se trouvaient transportés dans une des vieilles paroisses de la province de Québec, réorganisée dans les vastes plaines de la Saskatchewan où ils étaient certains de trouver le confort et la prospérité avec la liberté pleine et entière de pratiquer la religion.

Après quelques paroles du R. P. Perron, qui accompagnait M. l'abbé Bérubé, la foule chanta le «Dieu sauve le roi».

(tiré du Courrier de l'Ouest, 21 février 1907 et 21 avril 1910)





 
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