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Des lieux

Viscount

Un bout d'histoire (164)

Viscount Sask. Une retraite de trois jours, préparatoire à la fête Pastorale de St-Alphonse de Liguori, a été prêchée ici par le Rév. Père Libert, F.M.I. Malgré les travaux pressants de la saison, les paroissiens se sont faits un devoir de venir y assister aussi nombreux que possible. La retraite commencée le 30 juillet s'est clôturée le dimanche 2 août par la bénédiction d'une magnifique statue de St-Alphonse, due à la générosité de M. F. Marcaux, paroissien de Viscount.

Le Patriote de l'Ouest
le 22 août 1914


À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, les Canadiens français ont fondé plus d'une centaine de villages en Saskatchewan. Dans bien des cas, ces villages sont encore facilement identifiables comme étant d'origine canadienne-française et catholique - Bellevue, Domrémy, Saint-Brieux, Bellegarde, Gravelbourg, Ferland et Ponteix. Dans bien d'autres cas, le nom du village est anglais et même chez les Fransaskois, on ne soupçonne souvent pas que des francophones ont été parmi les fondateurs. C'est le cas pour le village de Viscount, nommé par les ingénieurs du Canadien Pacifique en honneur de Viscount Plunkett, avocat, juge et orateur irlandais. Le village voisin porte le nom de Plunkett. Les Canadiens français du village prononçaient «Vicomte» à la française et nom pas «Viscount» à l'anglaise.

Édouard Comeault et sa femme sont les premiers habitants du village. Originaire de Théodore d'Action, Québec, ils arrivent de Dana le 21 mai 1907. Ils sont accompagnés de quatre hommes à gage. Le lendemain, Édouard Comeault commence la construction du premier édifice de Viscount; le premier magasin général du village. L'année suivante, Édouard Comeault devient aussi le premier maître de poste de Viscount.

Un autre Canadien français, Dollard Turcotte, arrive peu de temps après avec son frère et ils construisent une écurie à louage. Dollard Turcotte construit aussi la première résidence privée du village. Pierre Marcoux est aussi parmi les premiers Canadiens français à s'établir à Viscount. Il arrive dans la région en 1906 avec deux de ses sept fils, François et Joseph. Ils prennent des homesteads avant de retourner passer l'hiver à Merryfield, Dakota Nord. Les Marcoux reviennent à Viscount en 1907 pour travailler leurs terrains. Un autre fils de Pierre Marcoux, Louis, vient aussi prendre un homestead à Viscount. D'autres francophones qui s'établissent à Viscount au début du siècle sont Archelaus Clavelle (1909) de Lesage, Québec, Alex Cyr (1912) de Bonaventure, Québec, Paul Desmarais (1912) de Saint-Joachim, Québec, Charles et Jules Lefebvre (1910) de Sainte-Sophie, Québec, Henri Normandeau (1907) de la région de Montréal et Jean-Baptiste Sigouin (1906) de New Glasgow, Québec.

Le Canadien Pacifique bâtit une ligne de chemin de fer en 1908 et quelques mois plus tard, alors qu'il y a plus de 50 personnes qui vivent à Viscount, on demande son incorporation comme village.

Comme ailleurs en province, les Canadiens français de Viscount ont contribué à l'établissement de la paroisse catholique Saint-Alphonse de Liguori à Viscount. Avant la création de la paroisse Saint-Alphonse de Liguori, les pères, Chrysostom, O.S.B., et Joseph Laufer, O.M.I., étaient venus chanter la messe dans la maison de Louis Marcoux, un mille au sud du village ou chez Édouard Comeault ou Dollard Turcotte au village.

En 1908, Pierre Marcoux et Édouard Comeault organisent les catholiques de la région et voient à la construction d'une petite église mesurant 18 pieds par 22. Marcoux, Comeault et d'autres se rendent ensuite à Prince Albert pour demander à Mgr Albert Pascal de leur nommer un prêtre résident. C'est l'évêque qui décide de dédier la paroisse à Saint-Alphonse de Liguori. Le père Leduc, O.M.I. est aussi nommé premier curé résidant de Viscount.

Au début, les Canadiens français de Viscount sont satisfaits d'envoyer leurs enfants dans les écoles de campagne de la région. En 1923, toutefois, ils envoient une pétition au ministère de l'Éducation demandant l'établissement d'une école catholique séparée dans le village. Le premier instituteur de l'école Saint-Alphonse est Henri Turcotte, mais il doit quitter deux mois plus tard lorsqu'il reçoit une offre pour enseigner l'anglais à l'école normale de Saskatoon. M. Turcotte allait éventuellement devenir ambassadeur du Canada en France. Deux jeunes femmes le remplacent pour finir l'année scolaire. Il s'agit de Mesdemoiselles L. Fillion et P. LeClair. Le curé de la paroisse, l'abbé P. Nicolet demande alors aux Soeurs de la Providence de Prud'homme de lui envoyer des religieuses pour faire l'enseignement dans l'école Saint-Alphonse. Soeur Marie Benedict est la première; elle arrive à l'automne 1924. D'autres religieuses viennent la rejoindre à Viscount et elles s'occuperont de l'enseignement jusqu'en 1934 quand elles doivent quitter pour des raisons financières.

Viscount n'est pas généralement associé à la communauté fransaskoise, mais pendant bien des années, il était tout à fait normal d'entendre du français dans les rues du village. Aujourd'hui, on y retrouve encore des descendants des pionniers canadiens-français qui sont venus fonder, au début du siècle, ce petit village au nord du lac Manitou.

Sources:

Viscount and Area History Book Committee, Footprints of Time, Viscount and District, 1905-1985, Viscount: Viscount and Area History Book Committee, 1985.

Viscount Golden Jubilee Committee, The Viscount Story, Viscount: Viscount Golden Jubilee Committee.





 
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