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Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 14 numéro 2

Une oeuvre de colonisation de l'abbé Jean-Isidore Gaire

100e anniversaire de la paroisse Saint-François-Régis
par Laurier Gareau
Vol. 14 - no 2, décembre 2003
Au cours des prochaines années, plusieurs paroisses canadiennes-françaises vont célébrer leur 100e anniversaire de fondation. L’an dernier, c’était la paroisse de Saint-Isidore de Bellevue. Cette année, c’est au tour de la paroisse Saint-François-Régis de Wauchope. Il s’agit d’une autre des œuvres de colonisation de l’abbé Jean-Isidore Gaire.

Après la création de la province du Manitoba en 1870, l’archevêque de Saint-Boniface, Mgr. Alexandre-Antonin Taché, avait caressé le rêve de voir naître une série de paroisses françaises de la rivière Rouge au Manitoba jusqu’aux montagnes Rocheuses en Alberta. En 1888, un jeune curé français, l’abbé Jean-Isidore Gaire, était arrivé dans la nouvelle province avec l’objectif d’aider à réaliser ce grand projet de colonisation. «Il arrive à Saint-Boniface, où l’accueille Mgr Taché, à la fin mai 1888. Il ne tient pas à s’établir près de la Rivière-Rouge, dans une des belles paroisses déjà sur la voie de la prospérité; ce qu’il cherche, c’est une région de colonisation où tout reste à faire. Dans l’ouest de la province, presque sur la frontière du territoire de l’Assiniboia, plusieurs catholiques sont privés des secours réguliers de la religion dans la vaste région qui s’étend entre Deloraine au sud et Oak Lake au nord. C’est là que le petit prêtre lorrain décide de s’établir.»(1) Il nomme sa nouvelle mission Grande-Clairière.



Entre 1888 et 1892, plusieurs colons français et belges sont venus rejoindre l’abbé Gaire à Grande-Clairière au Manitoba, si bien qu’en 1892, il ne reste plus de terrain à y acquérir près de Grande-Clairière. Cette année-là, le missionnaire se dirige plus vers l’ouest avec un groupe de colons français et belges pour y fonder deux nouvelles missions françaises, cette fois dans le district de l’Assiniboia, soit à Saint-Raphaël de Cantal et à Saint-Maurice de Bellegarde. «Mais bientôt Grande-Clairière n’eut plus un pouce de terre disponible pour les colons qui ne cessaient d’affluer. Il fallut partir en excursion vers l’ouest, afin de découvrir des lieux propices à de nouveaux établissements. Ce fut l’origine des deux centres de Cantal et de Bellegarde dans la province voisine de la Saskatchewan.»(2) L’abbé Gaire desservira ces deux nouvelles missions tout en demeurant curé de Grande-Clairière.

L’objectif de l’abbé Gaire était de permettre à autant de colons français que possible de s’établir dans toute cette région sise entre Bellegarde, Cantal et Storthoaks. C’était un objectif essentiel car nombre de colons Anglais et Protestants s’établissaient au nord de ce triangle. Toutefois, jusqu’en 1899, l’immigration française ne s’était pas effectuée avec un sentiment d’urgence alors qu’il est annoncé qu’une ligne de chemin de fer serait construite de Reston jusqu’à Arcola, traversant la partie nord du territoire de colonisation de l’abbé Gaire. Le curé de Grande-Clairière a donc dû concevoir un nouveau plan de bataille: «Nous devons devancer ces étrangers.»(3) Il envoie donc ses cinq premiers colons français dans la région de Wauchope en 1900.

L'abbé Jean-Isidore Gaire
Photo: Archives de la Saskatchewan
L'abbé Jean-Isidore Gaire.


Maurice Quennelle, celui qui deviendrait le premier président de l’ACFC en 1912, était de ce premier groupe de colons français à Wauchope en 1900, comme il avait été du premier groupe à s’établir à Cantal en 1892.

L’année suivante, en 1901, la ligne Arcola du chemin de fer est complétée jusqu’à Wauchope. Les propriétaires, la compagnie du Canadien Pacifique, donnent le nom de Wauchope à la nouvelle gare, car la guerre des Boers bat encore son plein en Afrique du Sud et la compagnie cherche à honorer des officiers britanniques de cette guerre: le Général W. Wauchope et Sir Redvers Buller. La nouvelle gare est située à 40 kilomètres à l’est d’Arcola. De nouveaux pionniers commencent à arriver à Wauchope immédiatement après la construction de la ligne ferroviaire si bien qu’en 1910, il ne reste plus de terrain de disponible dans la région. La proportion entre Français et Anglais à Wauchope est presque égale: en 1910, il y avait 182 résidents Français et 193 Anglais.

En 1902, l’abbé Jean-Isidore Gaire quitte définitivement Grande-Clairière pour venir fonder une nouvelle paroisse dans la région: la paroisse Saint-François-Régis.

Comme il a déjà été mentionné, Maurice Quennelle est un des premiers pionniers à venir s’établir à Wauchope. Un jeune homme d’Armentières, France, Maurice Quennelle, alors âgé de 19 ans, avait été l’une des recrues de l’abbé Gaire en 1892. Cette année-là, il avait suivi le missionnaire à Cantal avant de retourner à Grande-Clairière.

En 1900, Maurice Quennelle achète une terre près de la future gare de Wauchope: le carreau nord-est de la Section 14 du Township 5, Rang 34, à l’ouest du 1er méridien. En 1917, il cédera une parcelle de cette terre à l’abbé Gaire pour bâtir une nouvelle église et un cimetière.

Selon Donatien Frémont, à l’arrivée de l’abbé Gaire, il n’y avait qu’un seul colon français à Wauchope. «C’était en 1902 et il n’y avait là qu’une seule famille, celle de Maurice Quennelle, venue de son ancienne paroisse de Loisy (Meurthe-et-Moselle).(4) » Par contre, Pierre Morrissette, dans un essai au sujet de l’abbé Gaire, nous dit que le curé avait envoyé cinq colons en 1900. De plus, Morrissette ajoute que la colonisation française s’est poursuivie à un rythme régulier jusqu’en 1905.(5)

Selon le livre d’histoire de Wauchope(6), entre 1902 et 1910, plusieurs familles canadiennes-françaises et françaises sont venues rejoindre l’abbé Gaire et Maurice Quennelle à

Maurice Quennelle et sa première épouse
Photo: Archives de la Saskatchewan
Maurice Quennelle et sa première épouse, Anne Hubertine Cruywels.


Wauchope. Mentionnons les familles Boutin, Briand, Cousin, Clochard, D’Autremont, Delaileau, Delmaire, Escaravage, Fournier, Gaudet, Guiguet, Huybrecht, Hamel, L’Hotelier, Longefosse, Mansuy, Moran, Mahé, Lenouil, Rogg et Sauvé.

Ces familles ne resteront pas toutes dans la région de Wauchope. Par exemple, Yves-Marie Cousin, arrivé à Wauchope en 1901 des Côtes du Nord en France, a quitté la région en 1914 pour s’établir à Saint-Brieux avant de s’installer définitivement à Saint-Isidore-de-Bellevue en 1918. D’autres familles trouveront la vie trop difficile en Saskatchewan et regagneront la France ou le Québec. Cependant, bon nombre d’entre eux ont décidé de faire leur vie à Wauchope.

Ces colons de langue française vivaient côte à côte avec des immigrants anglais, comme les familles Agnew, Brown, Cunningham, Good, Kellington, Bobier (agent d’élévateur), Freeman (propriétaire de magasin), Thornton (sellier), Bergstrom (agent immobilier) et McNaughton (charpentier).(7)

Comme ailleurs en province, la plupart des nouveaux colons français de Wauchope ont tendance à s’établir sur des fermes. Il y en a toutefois plusieurs qui ont choisi la vie de citadin et sont devenus marchands. Ils ont aidé au développement économique et à la prospérité de leur communauté.

Maurice Quennelle est l’un de ceux qui a choisi de devenir marchand, quoiqu’il était toujours cultivateur. D’autres colons français ont fait comme lui tels Joseph Gaudet, le boulanger, et Arsène Sylvestre, le forgeron.

Intérieur du magasin de Jean Gaudet
Photo: Archives de la Saskatchewan
Intérieur du magasin de Jean Gaudet en 1912.


Il existe déjà un magasin à Wauchope en 1902, celui de Freeman, quand Maurice Quennelle décide d’ouvrir son magasin général en copropriété avec un certain M. Braunger. Les prix de la marchandise au magasin Braunger-Quennelle étaient compétitifs comparés à ceux des autres magasins de la région. Par exemple, une paire de souliers coûtait 2,90 $, une livre de fécule de pommes de terre valait 25 cents, un gallon de sirop se vendait à 65 cents, une livre de saindoux à 75 cents et une penture à 20 cents.

En 1904, Maurice Quennelle ouvre une cour à bois et une quincaillerie pour fournir aux colons des matériaux de construction. Il vend aussi des poteaux et du fil de fer barbelé aux fermiers de la région. En 1906, il est nommé maître de poste à Wauchope. Dans l’annuaire de l’année du Henderson’s Manitoba and North West Territories Gazeteer and Directory, on peut lire: «Wauchope: Maurice Quennelle - postmaster and general store, insurance, loans, implements and lumber.»(8) Il s’occupe donc aussi de la vente d’assurances et agit comme banquier, offrant des prêts aux fermiers de la région. Il vend aussi de l’équipement agricole. L’annuaire Henderson’s de 1907 donne quelques autres détails à ce sujet. Il est maintenant co-propriétaire d’un magasin, la International Harvesting Company, avec Arsène Sylvestre. Cette agence fait concurrence à la Massey Harris Company et son agent L.V. Bolier. Monsieur Bolier est aussi l’agent d’élévateur à Wauchope.

S’il deviendra premier président de l’ACFC en 1912, Maurice Quennelle a aussi eu une expérience politique dans son village d’adoption car, dès le début, il s’est impliqué dans les affaires politiques de Wauchope. Le 21 mars 1906, Wauchope est érigé légalement en municipalité. Des élections ont lieu pour élire un premier conseil municipal et Maurice Quennelle devient le premier maire du village. Il siégera au conseil municipal pendant de nombreuses années, parfois comme maire, parfois comme secrétaire ou même à titre de conseiller.

La paroisse Saint-François-Régis
La décision d’établir une

Extérieur du magasin et de la boulangerie de Jean Gaudet
Photo: Archives de la Saskatchewan
Extérieur du magasin et de la boulangerie de Jean Gaudet à Wauchope en 1912.


nouvelle paroisse à Wauchope a été prise au printemps 1902. Maurice Quennelle avait acheté une terre près de la gare; en 1902, il cède une parcelle de cette terre à l’abbé Gaire pour établir une église qu’on nommera le Grand-Refuge et un cimetière. Pourquoi un tel refuge? En 1892, lorsque Maurice Quennelle et les autres colons étaient arrivés à Grande-Clairière, l’abbé Gaire ne savait pas où les héberger car sa mission était petite: «Je regarde mes provisions. J’ai là quelques pains, une caisse d’œufs, du thé, un baril de sucre en poudre, du bois et un fourneau de cuisine... Mais l’homme n’a pas seulement besoin de pain, le repos lui est aussi nécessaire. Où logerai-je tout ce monde? Quand j’aurai distribué quelques places dans mon pauvre presbytère, nous serons déjà bien serrés; quant à en envoyer dans les maisons du voisinage, ce n’est pas encore une solution, ce serait déranger toute une population...»(9) À Wauchope, l’abbé Gaire veut s’assurer qu’il y aura un refuge pour accueillir les nouveaux immigrants.

En août 1902, l’abbé Gaire établit une mission à Wauchope, mais il demeure curé-titulaire de Grande-Clairière. Ce n’est qu’en juin 1903 qu’il quitte définitivement Grande-Clairière pour venir fonder la paroisse de Saint-François-Régis à Wauchope. Il chante sa première messe dans le Grand Refuge le 14 juin 1903 et baptise le premier enfant le 29 juin, soit la petite Anne Marie Louise Mansuy.

Le Grand Refuge
Photo: Edgar Cruywels: Site WEB Wauchope
Le Grand Refuge. Utilisé comme chapelle, auberge pour les immigrants et école jusqu?en 1917 quand il devient le couvent Sainte-Anne.


L’abbé Gaire a peut-être créé une nouvelle paroisse, mais il ne sera pas là pour s’en occuper pendant la première année. Il quitte quelques semaines après son arrivée à Wauchope, partant pour un voyage de recrutement de colons en Europe, et s’absente pendant un an.

Il faut donc se fier sur des paroissiens pour assurer la survie de la nouvelle paroisse. Maurice Quennelle est l’un de ceux qui n’a jamais compté son temps et son argent quand il s’agissait de la paroisse Saint-François-Régis. En plus d’avoir donné une parcelle de sa terre pour la construction du Grand Refuge, il s’implique dans l’administration de la paroisse comme marguillier. Il aide à la construction de la première chapelle et, plus tard, à celle de l’église de Wauchope. Il fait même un don de 100 $ envers l’achat d’une cloche pour la nouvelle église. Cette cloche a été achetée à Nancy, en France, par l’abbé Gaire et transportée dans la prairie canadienne.

Il faut noter que la première personne enterrée dans le cimetière de Wauchope a été l’épouse de Maurice Quennelle, Anne Hubertine Marie Marguerite Cruywels en avril 1906.

Un autre francophone qui a énormément contribué au développement de la paroisse Saint-François-Régis est Arsène Sylvestre, le forgeron de Wauchope. Celui-ci aurait, entre autres, bâtit pièce par pièce un orgue pour la chapelle. Il en a même été l’organiste pendant plusieurs années.

C’est souvent autour de la paroisse Saint-François-Régis que prend forme la vie culturelle francophone à Wauchope. Il n’existe pas encore d’organisation regroupant les Canadiens français de la Saskatchewan lorsque l’abbé Jean-Isidore Gaire décide, en 1908, de fonder un cercle local de la Société Saint-Jean-Baptiste à Wauchope. Le 2 août, il regroupe dans son presbytère les plus fervents de ses paroissiens - Jean Gaudet, Maurice Quennelle, Arsène Sylvestre, Pierre Escaravage, François Bernuy et Charles Dupont - et leur suggère d’établir un cercle de la Société. C’est le cercle de la Société Saint-Jean-Baptiste qui organise des concerts comme celui du 24 mars 1913:

« Lundi 24 mars dernier vers 71/2 heures du soir une grande animation se remarquait dans les rues de Wauchope. Le public de notre région, Français, Anglais, Catholiques et Protestants

L'église de Wauchope
Photo: Université d'Ottawa
L'église de Wauchope construite en 1917. Collection Georges E. Michaud.


affluaient de tous les côtés stimulés par l’annonce d’un concert tombola qui devait se donner au profit de l’église catholique de Wauchope. Trois violons secondés par une contrebasse et appuyés d’un piston discret et de deux autres instruments nous tinrent dix minutes sous le charme d’une symphonie douce et harmonieuse. Dès ce moment, l’auditoire savait à quoi s’en tenir sur la valeur des artistes qu’ils entendaient pour la première fois. Le programme était des plus chargé.»(10)

La plus grande réussite de la Société Saint-Jean-Baptiste de Wauchope a été la fondation d’une bibliothèque locale en 1908. Le club a continué à exister jusqu’à la mort de l’abbé Gaire en 1925.

L’abbé Jean-Isidore Gaire et les colons français de la région ont aussi créé trois sociétés fermières de financement et de placement pour aider à implanter des colons dans la

Le cimetière de Wauchope
Photo: Université d'Ottawa
Le cimetière de Wauchope vers 1925. Collection Georges E. Michaud.


région. La Société de l’Orignal, établie en 1902, la Société d’Assiniboia-Alberta en 1904 et la Société du Clergé français en 1905 ont aidé à de nombreux colons à s’établir à Grande-Clairière, à Cantal, à Bellegarde et à Wauchope. Les sociétés sollicitaient des sommes d’argent en Europe pour acheter des fermes et des animaux pour aider de nouveaux colons.

L’École de Wauchope
Comme dans bien d’autres communautés de la province, les gens de Wauchope n’ont pas perdu de temps à s’organiser pour assurer l’éducation de leurs enfants. Dès

L'école Hearts of Oaks
Photo: Archives de la Saskatchewan
L'école Hearts of Oaks, N° 1831 près de Wauchope, construite en 1908.


le 12 décembre 1903, les citadins de Wauchope et certains colons de la région sont invités à une réunion ayant pour but l’organisation d’un district scolaire selon les Ordonnances scolaires de l’époque. Le soir même, les premiers conseillers sont élus: J.W. Cunningham, président, Mme D.B. Edwards, secrétaire, ainsi que John Benson, Arthur Bergman, James Begg, Frank Harris, W.E.McLellan et Maurice Quennelle, conseillers. Un mois plus tard, le 21 janvier 1904, était donné à Regina l’avis de création du District scolaire de Wauchope, Numéro 952.

Lors d’une autre réunion, le 14 mars 1904, les commissaires ont adopté une proposition qui suggérait d’emprunter 1 200 $ pour construire et équiper l’école. Toutefois, le ministère de l’Éducation refuse cette requête stipulant qu’un district scolaire ne pouvait emprunter que 1 000 $. Il faut donc modifier les plans et la première école publique est construite en bois rond.

Le premier enseignant est F. Turner et son salaire est de 450 $ par année. Au fil des ans, il y a eu des instituteurs et institutrices francophones à l’école de Wauchope, tels que A. Legault-Deslauriers, E. Simard et M.-T. Guiguet. Les premières années, l’enseignement du catéchisme et du français sont laissés à l’abbé Gaire ou à des religieuses. En 1908, le curé-fondateur de la paroisse Saint-François-Régis recrute deux religieuses expulsées de Lyon, France, pour lui aider à l’enseignement du français et de la religion. Ces cours sont donnés dans le Grand Refuge. Les deux religieuses sont restées à Wauchope jusqu’en 1915.

On retrouvera à nouveau la présence de religieuses à l’école publique de Wauchope de 1926 à 1930. Pendant ces années, Sœurs Bernardine, Hilary, Marcel et Agnès enseigneront au secondaire à l’école.

Couvent Sainte-Anne
En 1917, l’abbé Gaire réussit à convaincre les Sœurs de Notre-Dame de la Croix de Forget de venir établir un pensionnat à Wauchope. Il leur vend le Grand Refuge et surveille la construction du Couvent Sainte-Anne qui accueille ses premiers pensionnaires en 1918. Le Couvent Sainte-Anne de Wauchope devient une école pour garçons et filles de la première à la neuvième année. Si les enfants veulent poursuivre leurs études, ils et elles doivent

Jean Gaudet et sa famille de Wauchope
Photo: Archives de la Saskatchewan
Jean Gaudet et sa famille de Wauchope avant leur départ de la France en 1903.


se diriger vers l’école publique de Wauchope ou vers une autre institution comme le Collège Mathieu ou le Couvent de Forget.

Les religieuses du Couvent Sainte-Anne insistent sur la qualité de l’enseignement, autant en français qu’en anglais. Après 1925, les élèves du couvent participent régulièrement aux Concours de français de l’ACFC et nombreux sont ceux et celles qui brillent à ce concours. À compter de 1930, les élèves sont aussi encouragés à participer à des concours d’art oratoire.

Durant la grande dépression des années 1930, le nombre d’inscriptions au Couvent Sainte-Anne reste très élevé, surtout parce que les religieuses font de grands sacrifices pour assurer que même les plus démunis puissent encore placer leurs enfants comme pensionnaires au couvent. Les frais de séjour sont dérisoires, quelques dollars seulement par mois pour des familles de trois ou quatre enfants. Inversement, la plupart des parents ressentent une certaine fidélité envers les religieuses et ils contribuent autant qu’ils peuvent: beurre, lait, œufs, viande, farine, bois de chauffage et même de la main d’œuvre.

Pendant 45 ans, les Sœurs poursuivent leur travail d’enseignement à Wauchope. Cependant, avec la construction des écoles centralisées durant les années 1960 et le transport des élèves à ces écoles, le nombre de pensionnaires au Couvent Sainte-Anne commence à diminuer et le couvent ferme ses portes en 1963. En 1960, les Sœurs ont commencé à s’occuper à Wauchope d’enfants avec des handicaps

Le couvent Sainte-Anne à Wauchope
Photo: Université d'Ottawa
Le couvent Sainte-Anne à Wauchope, une oeuvre des Soeurs de Notre-Dame de la Croix. Collection Georges E. Michaud.


mentaux. Quand le couvent a fermé ses portes, une section de l’édifice, construite en 1954, a été déménagée à Redvers pour permettre aux Sœurs de Sainte-Anne de continuer leur travail auprès des enfants handicapés.

Santé
Du côté santé, les francophones de Wauchope ont bénéficié des services de médecins francophones dans la région jusque dans les années 1950. Parmi les médecins francophones, mentionnons les docteurs Grégoire, de Trémaudan, Léonard Morin, Caillé et Paul Martine. Il n’y a cependant jamais eu d’hôpital à Wauchope.

Conclusion
En s’impliquant dans leur communauté, les premiers pionniers francophones ont aidé à développer le plein potentiel économique, social et culturel de leur village.

Le 23 janvier 1925, le curé-fondateur de la paroisse Saint-François-Régis, l’abbé Jean-Isidore Gaire, est mort subitement après avoir chanté sa messe du dimanche. Sa mort mettait ainsi fin à plus de 35 ans de travail de colonisation dans le sud-est de la Saskatchewan.

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L'église Saint-François-Régis de Wauchope
Photo: Laurier Gareau
L'église Saint-François-Régis de Wauchope en 2001. Au fond, on aperçoit le presbytère.


Aujourd’hui, il ne reste plus grand-chose à Wauchope. Comme dans bien d’autres petits villages de la Saskatchewan, la plupart des commerces ont fermé leurs portes pour aller s’implanter dans de plus grands centres, comme Carlyle et Redvers. Même l’église de Wauchope a fermé ses portes, car il n’y a plus suffisamment de paroissiens

La plaque
Photo: Edgar Cruywels: Site WEB Wauchope
Cette plaque a été érigée par les résidents de Wauchope sur le site du couvent Sainte-Anne pour commémorer le travail de colonisation de l?abbé Gaire et le travail d?éducation des Soeurs de Notre-Dame de la Croix.


pour maintenir la présence d’un prêtre; il n’y a même plus suffisamment de prêtres pour maintenir des paroisses comme Saint-François-Régis.

Il y a toutefois encore dans la région de nombreux descendants des premiers colons francophones et les noms Quennelle, Sylvestre et Cruywels résonnent encore dans le village de Wauchope.

Notes et références
(1) Lapointe, Richard, «Jean-Isidore Gaire», 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988, p. 172.
(2) Frémont, Donatien, Les Français dans l’Ouest canadien, Saint-Boniface: Les éditions du blé, 1980, p. 77.
(3) Morrissette, Pierre, Essai sur l’abbé Jean-Isidore Gaire, Archives de la Saskatchewan, p. 15.
(4) Op. cit. Frémont, Donatien, p. 77.
(5) Op. cit. Morrissette, Pierre, p. 16.
(6) Precious memories of time: a salute to the pioneers of Wauchope and Park, Regina: Focus Pub., 1989.
(7) Ibid., p. 19.
(8) Henderson’s Manitoba and North West Territories Gazeteer and Directory, 1906, Archives de la Saskatchewan.
(9) Gaire, Jean-Isidore, Dix années de mission du grand Nord-Ouest canadien, Copie du manuscrit aux Archives de la Saskatchewan, p. 10-11.
(10) Le Patriote de l’Ouest, 3 avril 1913.





 
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