Revue historique: volume 16 numéro 3Un aperçu de la contribution des congrégations religieuses féminines catholiques en Saskatchewanpar Marc Masson Vol. 16 - no 3, mars 2006 par Marc Masson
Un bilan imposant À la veille de la seconde guerre mondiale, on compte 209 congrégations religieuses catholiques (dhommes et de femmes francophones et anglophones) au Canada.(1) De ce nombre, presque la moitié (103) sont des congrégations féminines spécialisées dans le domaine de léducation. Ce nombre demeure considérable car un siècle plus tôt, soit en 1839, il y avait à peine une douzaine de congrégations religieuses dhommes et de femmes au pays. Entre 1860 et 1929, 32 différentes congrégations de femmes ont pris racine en Saskatchewan. Depuis, dautres congrégations sont venues sétablir dans les diocèses de la Saskatchewan. En tout, 55 congrégations ont ouvert et géré 23 hôpitaux dans la province et elles ont apporté leur expertise dans 20 autres hôpitaux publics.(2) Elles ont ouvert dix centres hospitaliers au cours des années 1930, période où la crise financière et agricole a multiplié la misère et la pauvreté sur lensemble du territoire. Les religieuses formaient également le personnel infirmier de la Saskatchewan à lintérieur décoles spécialisées quelles avaient mises sur pied. De plus, elles ont ouvert et géré plusieurs orphelinats, foyers et hospices. Encore aujourdhui, elles assurent le fonctionnement dun bon nombre de paroisses et demeurent actives au sein de petites missions dans des centres autochtones en province. Toutefois, leur travail le plus imposant fut dans le
domaine de léducation. Elles ont opéré 43 pensionnats et enseigné dans plus de 250 différentes écoles publiques et séparées de la province.(3) Parmi les 22 congrégations de langue française qui se sont investies en Saskatchewan, quinze congrégations étaient spécialisées en enseignement. Pendant plusieurs décennies, et surtout de 1905 à 1964, les religieuses enseignantes ont exercé leur influence dans près de 70 écoles où les francophones étaient en forte proportion, sinon majoritaires. Limpact des enseignantes Pendant une bonne partie du XXe siècle, il était fort probable quune religieuse devienne la première institutrice des francophones. Elles enseignent la lecture et lécriture autant en anglais quen français. Puis, les deuxième et troisième générations de Fransaskoises et Fransaskois ont reçu lenseignement de la catéchèse et les classiques de la littérature. Les religieuses faisaient connaître
les chants patriotiques de la Bonne Chanson, glorifiaient les exploits héroïques des fondateurs de la Nouvelle-France. Il y a des cas où les enseignantes religieuses avaient passé assez dannées dans une même école quelles ont enseigné aux enfants de leurs propres élèves, témoins de leur permanence dans une communauté. La présence des religieuses francophones était très élevée si elle est comparée au poids démographique francophone. Afin de mieux comprendre la communauté fransaskoise, il est impératif de souligner leur travail en rapport à lensemble des initiatives qui ont supporté le fait français en Saskatchewan. Que serait devenue la communauté fransaskoise daujourdhui sans les religieuses
francophones sur place pour soutenir les initiatives jugées nécessaires à «la survivance»? La grande majorité des congrégations étaient spécialisées en enseignement et cétait exactement lenseignement en français que les chefs francophones privilégiaient. Si en 1929, on comptait 33 congrégations religieuses féminines à loeuvre en Saskatchewan,(4) plus de la moitié, soit 22 congrégations, fonctionnaient en français. Notons que leurs champs dintervention variaient considérablement et bien que les congrégations francophones étaient majoritairement vouées à lenseignement, leurs oeuvres étaient fort diversifiées selon leur mandat. Les missions auprès des autochtones, la bienfaisance, les soins de santé, la contemplation, le service au clergé et le ministère sacerdotal demeuraient des domaines dactivités qui ont occupé les congrégations. Parmi les congrégations enseignantes qui se sont établies dans les paroisses fransaskoises, douze ont été fondées en France, dont dix sont fondées pendant la restauration religieuse qui a suivi la période révolutionnaire au XIXe siècle. Trois congrégations denseignantes étaient dorigine canadienne. Assez rapidement, par compte, toutes les congrégations ont ouvert des noviciats et ont recruté, parmi la population locale, les postulantes qui ont assuré la relève de la congrégation en Saskatchewan.
À partir de 1880, les congrégations françaises sintéressaient de plus en plus à sétablir en Amérique. La France républicaine imposait de nombreuses lois dans le domaine de léducation limitant lautonomie des congrégations enseignantes. Limposition de ce programme laïc en France coïncidait avec le morcellement du Nord-Ouest canadien en vicariats, diocèses et
archidiocèses. Mgr Grandin, Évêque du diocèse de St-Albert et Mgr Pascal, Évêque du vicariat de la Saskatchewan (et depuis 1891 le diocèse de Prince Albert) nhésitaient pas à faire appel à leurs compatriotes de la France pour accueillir des religieuses. Ici en Saskatchewan, cest en 1930 que le gouvernement Anderson a banni le port de lhabit religieux et les symboles religieux dans les écoles. Pour les congrégations originaires de la France, limpact de ces modifications de la Loi scolaire étaient un «déjà vu». En France, ces lois avaient mené à la séparation de lÉglise et de lÉtat en 1905
Au service dune francophonie (en Saskatchewan) Entre 1905 et 1929, les francophones ont immigré dans la même foulée du peuplement massif qui a touché lOuest du Canada. Bien quils aient opéré des commerces et exercé des professions, la grande majorité des premiers immigrants francophones se sont établis dans des fermes dispersées autour de petits villages. Les francophones y vivaient plus ou moins de façon majoritaire. Les nouveaux arrivants dans les provinces de lOuest ont immédiatement encouragé léducation publique et ont profité des lois prévoyant la création et le maintien de districts scolaires. Tout comme lensemble de la société de lépoque, les francophones croyaient aux promesses de léducation publique et à lidéal du progrès. Ayant pour but dinstruire la population, les districts scolaires dans les centres francophones se sont multipliés. En 1927, vers la toute fin de la grande période dimmigration, les francophones étaient majoritaires dans environ 200 arrondissements scolaires en Saskatchewan.(5)
Bien que chaque famille ait ses propres raisons de choisir démigrer vers la Saskatchewan, les immigrants de langue française sont, pour la plupart, attirés et orientés par des prêtres missionnaires colonisateurs. La foi catholique était centrale à leur identité; la culture, les rites de passages, les croyances populaires et les Fêtes tournaient autour des traditions religieuses. Malgré les obstacles de toutes sortes quont dû affronter les immigrants au début du XXe siècle, comment explique-t-on que le groupe francophone ait gardé sa spécificité culturelle et perpétué sa langue aussi longtemps? Une partie de la réponse réside certainement dans limportance capitale que le clergé catholique donnait aux identités nationales. «Qui perd sa langue perd sa foi». Plusieurs règles de conduite ont longtemps résonné dans les églises francophones dun bout à lautre du pays. Les évêques, en qui réside la responsabilité dassurer linfluence de la doctrine chrétienne
et lautorité papale, ont employé les moyens à leur disposition pour réussir. Parmi ceux-ci, les congrégations religieuses font figures de proue. Pendant plus dun quart de siècle, le peuplement des paroisses francophones et la construction de couvents allaient de pair. Les religieuses réclamées par les paroisses se sont partagé un grand nombre décoles en apportant une direction basée sur les principes chrétiens et en laissant souvent une place prépondérante à la langue française. Déploiement sur le territoire(6) Larrivée des premières congrégations religieuses en Saskatchewan a précédé de quarante-cinq années la fondation de la province ainsi que la grande période où limmigration permettait létablissement des paroisses et des villages francophones en Saskatchewan. Létablissement des premières congrégations de surs est attribuable à Mgr Vital Grandin coadjuteur de lÉvêque de St-Boniface, Mgr Taché (depuis 1858) et nommé Évêque du diocèse de St-Albert en 1871. Une grande partie du centre et du nord de la Saskatchewan daujourdhui se trouvait dans ce diocèse. Au début de son mandat, Mgr Grandin le coadjuteur sétablit à la mission de Île-à-la-Crosse. Ce site était, avant tout, un centre de commerce important; les grandes compagnies de traite y avaient établi leurs postes. Les missionnaires oblats, Alexandre Taché et Louis-François Laflèche, y avaient fondé une mission catholique en1846 et depuis, cette mission était devenue le centre nerveux de lactivité missionnaire à lOuest de St-Boniface. Cest donc à Île-à-la-Crosse que Mgr Grandin dirigea les Surs Grises en 1860. Dorigine canadienne, les Surs Grises étaient établies à St-Boniface depuis 1844. Dès leur arrivée à Île-à-la-Crosse, elles fondent un hôpital et une école. Pendant 23 années, elles seront les seules religieuses dans ce grand territoire. Elles sétablirent plus loin dans le Grand Nord à Fort Providence en 1865 et à Fort Chipewayan en 1874. Les Soeurs Grises ouvriront aussi un couvent, plus au sud, à Lebret dix ans plus tard, en 1884. La deuxième congrégation féminine à sétablir en Saskatchewan, les Fidèles Compagnes de Jésus, a été fondée à Amiens, France en 1818. Ces religieuses avaient ouvert des couvents en Angleterre et cest de ce pays que quittent les missionnaires en destination des territoires du Nord-Ouest. En 1883, huit religieuses ont ouvert lAcadémie Ste-Anne à Prince Albert et ont pris à leur charge lécole existante à St-Laurent-de-Grandin. Au printemps de 1885, à Saint-Laurent-de-Grandin, les Fidèles Compagnes de Jésus sont impliquées, malgré elles, à la
résistance métisse et les troubles autour de Batoche. Elles ont passé les dernières semaines du conflit à lintérieur du presbytère de Batoche. Plus tard, les Fidèles Compagnes de Jésus soccuperont de lécole résidentielle pour autochtones à Duck Lake et enseigneront à lécole publique jusquen 1903. Elles seront remplacées cette même année à Duck Lake par les Soeurs de la Présentation de Marie.(7) En 1891, suite à une demande de Mgr Grandin, les Surs-de-lAssomption-de-la-Sainte-Vierge, une congrégation canadienne, sétablit à Onion Lake. Avec les années, dautres maisons denseignement primaire et secondaire souvriront sous leur gestion: lécole St-Vital à Battleford en 1893, une école résidentielle sur la réserve Thunderchild sous la demande du Père Delmas en 1901, lécole de St-Jean-Baptiste-de-la-Salle à Delmas en 1902. Larrivée des Filles de la Providence de Saint-Brieuc à St-Louis et Prince Albert en 1897 marquera le début dune nouvelle période où déferlera vers tous les coins de la Saskatchewan des éducatrices françaises chevronnées en Europe. Mais leurs compétences ne seront pas reconnues par les autorités territoriales. Afin de pouvoir faire la classe, les Filles de la Providence ont montré lexemple: elles se sont inscrites à lécole normale, elles ont appris la langue anglaise et ont obtenu leurs brevet denseignement. Les Filles de la Providence de Saint-Brieuc ont aussitôt
entrepris leur mission auprès des catholiques à St-Louis. Ce qui les caractérisait était leur capacité de sadapter et de répondre aux demandes. Ainsi, entre 1897 et 1964 des couvents ont été ouverts dans vingt différentes paroisses un peu partout à lintérieur du diocèse de Prince Albert et de Saskatoon. Mise à part le travail à lorphelinat de Prince Albert entre 1897 et 1906, les Filles de la Providence de Saint-Brieuc ont été, comme plusieurs autres congrégations déducatrices, porteuses du flambeau de la francophonie, fières et capable de transmettre ce sentiment. Les fondations subséquentes à lépoque territoriale ont été assurées par les Religieuses de Notre-Dame des Missions qui en 1898 se rendirent à Merival et ensuite à Lebret avant de fonder lAcadémie du Sacré Cur à Regina et un couvent à Wolseley. Les Soeurs de St-Joseph de St-Hyacinthe, une congrégation dorigine québécoise, ont remplacé les surs missionnaires à Merival et plus tard se sont rendues à Sturgeon Landing. Les dernières congrégations installées avant la création de la Saskatchewan seront les Surs de la Présentation de Marie, les Surs Notre-Dame de Sion, respectivement à Duck Lake (1903) et à Prince Albert (1904). Les Surs de Notre-Dame de la Croix se sont rendues à Forget en 1905 et les Filles de la Croix de Saint-André ont fondé un couvent à Bellegarde la même année. Ce sont en grande partie ces premières congrégations enseignantes qui ont formé la base du réseau informel de congrégations vouées à lenseignement de la langue française en Saskatchewan.
Dans une nouvelle province Entre 1906 et la Première Guerre mondiale, huit nouvelles congrégations se sont installées en Saskatchewan. Ces années sont marquées surtout par la fondation dimportants centres hospitaliers dans les villes. Plusieurs congrégations venues de lAllemange ou du Canada anglais et aussi du Canada français ont joint les Surs Grises pour fonder les premières institutions de soins de santé en Saskatchewan. Notons les Surs de la Providence qui se sont installées à Battleford en 1911 et les Surs de Notre-Dame de Chambriac arrivées à Ponteix en 1913. Un double mandat en éducation et envers les malades mènera ces dernières à ouvrir très rapidement un pensionnat à Ponteix et ensuite lhôpital Gabriel-Saint-Joseph. En 1952, elles seront responsables de lhôpital Notre-Dame à Zenon Park.
Entre 1906 et le début de la Première Guerre une seule congrégation enseignante française sest installée en Saskatchewan: les Surs de la Charité de Saint-Louis en provenance des États-Unis sest installée à Moose Jaw en 1913, à Radville en 1914 et à Wilcox en 1920. Quatre autres congrégations sont venues compléter le réseau de congrégations enseignantes francophones en Saskatchewan. Les Religieuses de Jésus-Marie (Gravelbourg 1915), les Surs de lEnfant Jésus du Puy (Prince Albert 1915), les Missionnaires Oblates du Sacré-Cur et de Marie-Immaculée (Gravelbourg 1918) et les Surs de la Charité de Notre-Dame dÉvron (Tisdale 1925). Parmi ses dernières, les Missionnaires Oblates sont de fondation manitobaines; les trois autres sont des congrégations de France ayant séjournées dans dautres provinces canadiennes avant de sétablir en Saskatchewan. Le mandat principal Entre 1905 et 1965, treize différentes communautés de femmes religieuses se sont partagées lenseignement de la jeunesse francophone de la Saskatchewan avec des enseignants laïcs. À partir des années 1930, elles se sont répandues dans plus de soixante-dix localités francophones, et ce, à la demande des paroisses et commissaires décoles. Elles ont enseigné et dirigé des écoles publiques, des écoles séparées et elles ont établi des écoles secondaires privées pour les filles. Plusieurs éléments définissent lécole menée par les religieuses. Le plus fondamental est peut-être la stabilité. Le roulement du personnel était réduit et les remplacements étaient prévus davance. Ces enseignantes dévouées travaillaient chacune de façon bénévole permettant aux écoles de faire beaucoup à peu de frais. Cela permettait aux soeurs de gagner plus de crédibilité et dobtenir la confiance des parents à long terme. Linvestissement nécessaire à la construction de linfrastructure ajoutait à la stabilité et donnait aux petits villages des institutions
impressionnantes. Avec la croissance de la population, de nouveaux édifices remplaçaient très rapidement les premiers couvents qui étaient devenus désuets. Les soeurs avaient la responsabilité dépauler lÉglise dans sa mission dévangéliser. Lécole demeurait loutil de choix où lesprit des jeunes pouvait être moulé. Les grands principes caractérisant alors lÉglise francophone au Canada se définissaient par le nationalisme canadien-français et la capacité de résister à lassimilation. Malgré le pluralisme omniprésent en Saskatchewan, cette idéologie se transmettait à lécole par le biais du clergé et des associations nationales. Avec les religieuses, lheure de français permis par la loi avait une place de choix à lintérieur du curriculum et recevait une attention privilégiée. Les standards académiques demeuraient très hauts, un prix récompensant les bons résultats des élèves. Lheure de français permettait denseigner lhistoire nationale, la grammaire, la diction, la composition et la littérature en français. Les religieuses misaient sur la fierté de la réussite et le sens de laccomplissement des élèves pour inspirer une ferveur de la langue française. La rigueur était de mise, certains élèves diront quelles étaient «strictes». Tous projets qui pouvaient aider aux enseignantes à réussir à léducation étaient mis en application. Bien sûr, les journées de prières et léveil aux possibilités dune vocation chez lélève faisaient partie des objectifs du programme mais il existait un souci particulier envers le développement chez lélève dune «mentalité française». Les religieuses incorporaient donc au programme régulier les Cercles du bon parler français, des débats oratoires, des représentations théâtrales, des journées patriotiques, des voyages ou encore la participation aux festivals de la chanson française, quelles aidaient à organiser. Les annales des congrégations parlent successivement de la journée de lACFC, de la fête de la Ste-Catherine, des concerts exceptionnels de la St-Jean Baptiste, du passage des visiteurs décole de lACFC, des prix de français, de la journée des examens de français. Toutes ces activités supplémentaires demandaient une coordination et une organisation. Les religieuses fournissaient cet effort de façon bénévole. En 1925, avec la mise en place du cours de français, lAssociation Catholique Franco-Canadienne de la Saskatchewan (ACFC) comptait sur lintérêt des enseignantes religieuses à lorganisation des concours à la fin dannée scolaire. Elles ont également participé à faire lévaluation des examens et à la compilation des résultats. Ces efforts ont permis à lACFC daméliorer le curriculum et de perpétuer lheure de français jusquau milieu des années 1960. Le couvent et les écoles des religieuses francophones possédaient une atmosphère française par le fait que cétait la langue utilisée par ces congrégations. À la recréation, pendant les activités parascolaires, à lheure du midi, le français dominait même si langlais était la langue denseignement cinq heures sur six.
Cétait la langue utilisée par ces congrégations. À la recréation, pendant les activités parascolaires, à lheure du midi, le français dominait, même si langlais était la langue denseignement cinq heures sur six. Elles ont aussi contribué à développer le réseau professionnel denseignants francophones au cours des années 1950, en simpliquant à fond dans lAssociation franco-catholique des Instituteurs de la Saskatchewan (AFCIS). Cette association permettait aux enseignants du français de se rencontrer, en journée pédagogique ou en colloque, pour se perfectionner et discuter de problèmes spécifiques à lenseignement de la langue française dans un contexte minoritaire. Ces enseignantes seront une source de stabilité dans un milieu scolaire où les enseignants sont presque des nomades changeant décole et de village à chaque année et à une époque où les femmes cessaient souvent leur carrière en se mariant. Il y avait alors une énorme pénurie denseignants qui devait être continuellement comblée afin de répondre à la demande de plus en plus criante surtout lorsque la première vague du «baby boom» arrivait à lâge scolaire et progressaient vers les niveaux secondaires.
Vers dautres lieux La modernisation qui frappa la société occidentale après la Seconde Guerre mondiale a bouleversé lordre établit. Ces changements ont forcé lÉglise catholique et son clergé à se remettre en question. Les congrégations ont accepté de prioriser leurs engagements selon leurs valeurs fondatrices. Les religieuses ont réorienté leurs actions, laissant un grand nombre de leurs institutions denseignement et de soins, aux laïcs. Un statisticien quantifiant aujourdhui le nombre de religieuses féminines catholiques en Saskatchewan pourrait difficilement se douter du rôle que celles-ci jouaient auprès de la population, il y a à peine une génération. Les chiffres daujourdhui démontrent que les religieuses sont en grande majorité à la retraite et que leur moyenne dâge dépasse les 75 ans. On compte seulement sept religieuses enseignantes actives dans les écoles de la Saskatchewan en 2005.(8) Ces statistiques ne révèlent très peu de la nature ni lampleur du travail qui se fait toujours aujourdhui par les religieuses en Asie, en Amérique latine ou bien en Afrique. Leurs congrégations y sont établies depuis le Concile de Vatican II et elles y exercent un rôle primordial
Photo: Archives de Bellevue Célébration du 25e anniversaire des Soeurs de la Présentation à Bellevue en 1979 - Simone Perret, Geneviève Jaspar, Aline Cyr, Zélie Dion, Estelle Croteau, Marie-Jeanne Dandurand, Viviane Gareau, Angèle Aubin, Aline Couture, Marie Vallée, Joséphine Ouellette; Gratienne Gaudet, Eugénie Cousin, Annette Labrecque, Louise-Anne Gaudet, Thérèse Marin, Alice Gervais, Lise Paquette, Rose Gareau, Gertrude Gareau (photo prise dans le parloir du couvent à Bellevue). Photo: Kaleidoscope: Many Cultures, One Faith Congrès de lAssociation Franco-Catholique des Instituteurs de la Saskatchewan (AFCIS) tenu à Prince Albert en 1957. auprès des plus démunis. Cest à lintérieur de ces pays de mission, au sein de cette population que la pérennité des diverses congrégations sera assurée. Les religieuses avaient assumé la formidable charge de travail quelles ont accomplie ici en Saskatchewan comme étant (en quelque sorte) la volonté de la divine providence. Cest avec sérénité quelles perçoivent aujourdhui le déclin de leurs effectifs en Saskatchewan et dans lensemble du pays. Pour ces congrégations, un mandat sachève dans un coin du monde et un nouveau service, devenu urgent, samorce ailleurs, avec dautres et pour dautres dans une uvre continue où la foi, la providence et le service envers autrui forment un tout homogène. Notes et références (1) Le Canada Écclésiastique 1939, Montréal, Beauchemin, 1939. (2) Prairie Messenger, (vol 83, numéro 11) 14 septembre 2005, St Peters Press Muenster, Canada. (3) Ibid. (4) Le Canada Écclésiastique 1929 Monréal, Beauchemin, 1929. (5) 15 ans de vie française en Saskatchewan, Congrès de 1ACFC 1927 - Rapport financier de lACEFC lors du congrès de lACFC de 1927 à Regina, p.131. (6) Selon les notes traitant des fondations canadiennes dans le Canada Écclésiastique 1934. (7) Lavigne, Solange. Kaleidoscope Many cultures one Faith,The Roman Catholic Diocese of Prince Albert 1891-1991, Diocèse de Prince Albert, Prince Albert, 1990. (8) Prairie Messenger, (vol 83, no 11) 14 septembre 2005, St Peters Press Muenster, Canada. N.d.l.r.: Marc Masson termine un mémoire de Maîtrise au sujet du rôle des religieuses dans lenseignement du français en Saskatchewan. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||