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Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 16 numéro 3

Un aperçu de la contribution des congrégations religieuses féminines catholiques en Saskatchewan

par Marc Masson
Vol. 16 - no 3, mars 2006
par Marc Masson

En 2005, les religieuses catholiques de la Saskatchewan ont célébré le centenaire de la Saskatchewan lors d’une rencontre exceptionnelle qui avait pour but de souligner leurs contributions dans la province. C’est l’association des religieuses du diocèse de Saskatoon qui a organisé Shaping a Gentle Province: Contribution of Catholic Sisters in Saskachewan, les 9 et 10 septembre dernier. Le succès de cet événement témoigne de l’attachement et des racines que les religieuses ont développés envers la province de la Saskatchewan. Trente-trois congrégations étaient représentées et près de trois cents religieuses se sont rendues. Elles sont venues de partout au pays et même de l’Europe pour célébrer et témoigner leur dévouement envers ce coin de planète devenu. depuis 1905, la province de la Saskatchewan.

Je vous encourage à consulter l’édition du 14 septembre 2005 du Prairie Messenger car on y présente un merveilleux résumé des accomplissements des congrégations et un compte rendu de la rencontre. En reconnaissance de 146 ans d’activité sur le territoire qui est actuellement la Saskatchewan, la Société historique de la Saskatchewan offre cet aperçu du rôle des congrégations religieuses au sein de la collectivité fransaskoise.


Un bilan imposant
À la veille de la seconde guerre mondiale, on compte 209 congrégations religieuses catholiques (d’hommes et de femmes francophones et anglophones) au Canada.(1) De ce nombre, presque la moitié (103) sont des congrégations féminines spécialisées dans le domaine de l’éducation. Ce nombre demeure considérable car un siècle plus tôt, soit en 1839, il y avait à peine une douzaine de congrégations religieuses d’hommes et de femmes au pays.

Entre 1860 et 1929, 32 différentes congrégations de femmes ont pris racine en Saskatchewan. Depuis, d’autres congrégations sont venues s’établir dans les diocèses de la Saskatchewan. En tout, 55 congrégations ont ouvert et géré 23 hôpitaux dans la province et elles ont apporté leur expertise dans 20 autres hôpitaux publics.(2) Elles ont ouvert dix centres hospitaliers au cours des années 1930, période où la crise financière et agricole a multiplié la misère et la pauvreté sur l’ensemble du territoire. Les religieuses formaient également le personnel infirmier de la Saskatchewan à l’intérieur d’écoles spécialisées qu’elles avaient mises sur pied. De plus, elles ont ouvert et géré plusieurs orphelinats, foyers et hospices. Encore aujourd’hui, elles assurent le fonctionnement d’un bon nombre de paroisses et demeurent actives au sein de petites missions dans des centres autochtones en province.

Toutefois, leur travail le plus imposant fut dans le
Les Soeurs de l?Assomption
Photo: Archives de la Saskatchewan
Les Soeurs de l?Assomption devant leur couvent à Battleford en 1898.

domaine de l’éducation. Elles ont opéré 43 pensionnats et enseigné dans plus de 250 différentes écoles publiques et séparées de la province.(3) Parmi les 22 congrégations de langue française qui se sont investies en Saskatchewan, quinze congrégations étaient spécialisées en enseignement. Pendant plusieurs décennies, et surtout de 1905 à 1964, les religieuses enseignantes ont exercé leur influence dans près de 70 écoles où les francophones étaient en forte proportion, sinon majoritaires.

L’impact des enseignantes
Pendant une bonne partie du XXe siècle, il était fort probable qu’une religieuse devienne la première institutrice des francophones. Elles enseignent la lecture et l’écriture autant en anglais qu’en français. Puis, les deuxième et troisième générations de Fransaskoises et Fransaskois ont reçu l’enseignement de la catéchèse et les classiques de la littérature. Les religieuses faisaient connaître
Les Fondatrices de la mission au Canada des Filles de la Providence
Photo: Filles de la Providence
Les Fondatrices de la mission au Canada des Filles de la Providence en 1892. Assises: Mère Marie-Berchmans et mère Marie du Rosaire. Debouts: Sr. St-Philippe, Sr. Marie-Madeleine, Mère St-Jean-Berchmans et Sr. Ste-Germaine.

les chants patriotiques de la Bonne Chanson, glorifiaient les exploits héroïques des fondateurs de la Nouvelle-France. Il y a des cas où les enseignantes religieuses avaient passé assez d’années dans une même école qu’elles ont enseigné aux enfants de leurs propres élèves, témoins de leur permanence dans une communauté.

La présence des religieuses francophones était très élevée si elle est comparée au poids démographique francophone. Afin de mieux comprendre la communauté fransaskoise, il est impératif de souligner leur travail en rapport à l’ensemble des initiatives qui ont supporté le fait français en Saskatchewan. Que serait devenue la communauté fransaskoise d’aujourd’hui sans les religieuses
Une religieuse des Filles de la Présentation de Marie
Photo: Archives provinciales de l?Alberta
Une religieuse des Filles de la Présentation de Marie avec un groupe d?élèves, probablement vers 1910.

francophones sur place pour soutenir les initiatives jugées nécessaires à «la survivance»? La grande majorité des congrégations étaient spécialisées en enseignement et c’était exactement l’enseignement en français que les chefs francophones privilégiaient. Si en 1929, on comptait 33 congrégations religieuses féminines à l’oeuvre en Saskatchewan,(4) plus de la moitié, soit 22 congrégations, fonctionnaient en français. Notons que leurs champs d’intervention variaient considérablement et bien que les congrégations francophones étaient majoritairement vouées à l’enseignement, leurs oeuvres étaient fort diversifiées selon leur mandat. Les missions auprès des autochtones, la bienfaisance, les soins de santé, la contemplation, le service au clergé et le ministère sacerdotal demeuraient des domaines d’activités qui ont occupé les congrégations.

Parmi les congrégations enseignantes qui se sont établies dans les paroisses fransaskoises, douze ont été fondées en France, dont dix sont fondées pendant la restauration religieuse qui a suivi la période révolutionnaire au XIXe siècle. Trois congrégations d’enseignantes étaient d’origine canadienne. Assez rapidement, par compte, toutes les congrégations ont ouvert des noviciats et ont recruté, parmi la population locale, les postulantes qui ont assuré la relève de la congrégation en Saskatchewan.

Les Soeurs Grises
Mission
Ile-à-la-Crosse, 1860
Fort Providence, 1865
Fort Chipewayan, 1874
École industrielle
Lebret, 1884
Beauval, 1910
Hôpital
Saskatoon, 1906 (St-Paul),
Regina, 1907 (Pasqua),
Biggar, 1923 (Ste-Margerite),
Gravelbourg, 1927 (St-Joseph),
Rosthern, 1927 (St-Jean),
Enseignement
Qu’Appelle, 1884,
Prince Albert, 1955
Albertville, 1960-1963,
Lestock, Montagne du Tondre 1897- 1932 (École),
Lisieux, 1958


À partir de 1880, les congrégations françaises s’intéressaient de plus en plus à s’établir en Amérique. La France républicaine imposait de nombreuses lois dans le domaine de l’éducation limitant l’autonomie des congrégations enseignantes. L’imposition de ce programme laïc en France coïncidait avec le morcellement du Nord-Ouest canadien en vicariats, diocèses et
Les Soeurs de Notre-Dame
Photo: Société historique de la Saskatchewan
Les Soeurs de Notre-Dame de Chambriac ont établi un couvent et un hôpital à Ponteix avant de se rendre desservir d?autres communautés francophones de la province.

archidiocèses. Mgr Grandin, Évêque du diocèse de St-Albert et Mgr Pascal, Évêque du vicariat de la Saskatchewan (et depuis 1891 le diocèse de Prince Albert) n’hésitaient pas à faire appel à leurs compatriotes de la France pour accueillir des religieuses. Ici en Saskatchewan, c’est en 1930 que le gouvernement Anderson a banni le port de l’habit religieux et les symboles religieux dans les écoles. Pour les congrégations originaires de la France, l’impact de ces modifications de la Loi scolaire étaient un «déjà vu». En France, ces lois avaient mené à la séparation de l’Église et de l’État en 1905

Soeurs de l’Assomption de la Sainte-Vierge
Onigon Lake, 1891
North Battleford, (école St- Vital) 1893,
Delmas, 1902
Biggar, 1924
Regina, 1927
Marquis, 1938
Val-Marie, 1939


Au service d’une francophonie (en Saskatchewan)
Entre 1905 et 1929, les francophones ont immigré dans la même foulée du peuplement massif qui a touché l’Ouest du Canada. Bien qu’ils aient opéré des commerces et exercé des professions, la grande majorité des premiers immigrants francophones se sont établis dans des fermes dispersées autour de petits villages. Les francophones y vivaient plus ou moins de façon majoritaire.
Les nouveaux arrivants dans les provinces de l’Ouest ont immédiatement encouragé l’éducation publique et ont profité des lois prévoyant la création et le maintien de districts scolaires. Tout comme l’ensemble de la société de l’époque, les francophones croyaient aux promesses de l’éducation publique et à l’idéal du progrès. Ayant pour but d’instruire la population, les districts scolaires dans les centres francophones se sont multipliés. En 1927, vers la toute fin de la grande période d’immigration, les francophones étaient majoritaires dans environ 200 arrondissements scolaires en Saskatchewan.(5)

Filles de la Providence de Saint-Brieuc
St-Louis, 1897-2000
Prince Albert, 1897-1914 et 1954-aujourd’hui
Domrémy, 1903-1916 et 1928-1979
Bonne Madone, 1905-1909
Prud’homme, 1905-1979
Muenster, 1906-1908
Vonda, 1923-1984
St-Brieux, 1924-2000
Viscount, 1924-1934
Périgord, 1935-1953 et 1960-1975
St-Front, 1933-1981
Léoville, 1937-1986
Whitefish, 1942-1972
Victoire, 1950-1974
Saskatoon, 1957-aujourd’hui
St-Denis, 1963-1973
Île-à-la-Crosse, 1971-1974 et 1975-1978


Bien que chaque famille ait ses propres raisons de choisir d’émigrer vers la Saskatchewan, les immigrants de langue française sont, pour la plupart, attirés et orientés par des prêtres missionnaires colonisateurs. La foi catholique était centrale à leur identité; la culture, les rites de passages, les croyances populaires et les Fêtes tournaient autour des traditions religieuses.
Malgré les obstacles de toutes sortes qu’ont dû affronter les immigrants au début du XXe siècle, comment explique-t-on que le groupe francophone ait gardé sa spécificité culturelle et perpétué sa langue aussi longtemps? Une partie de la réponse réside certainement dans l’importance capitale que le clergé catholique donnait aux identités nationales. «Qui perd sa langue perd sa foi». Plusieurs règles de conduite ont longtemps résonné dans les églises francophones d’un bout à l’autre du pays. Les évêques, en qui réside la responsabilité d’assurer l’influence de la doctrine chrétienne
Le couvent Sainte-Anne à Wauchope
Le couvent Sainte-Anne à Wauchope était opéré par les Soeurs de Notre-Dame de la Croix qui étaient aussi actives à forget.

Les Soeurs de Notre-Dame de Chambriac
Photo: Université d?Ottawa
Les Soeurs de Notre-Dame de Chambriac ont établi un couvent et un hôpital à Ponteix avant d?aller desservir d?autres communautés francophones de la province.

et l’autorité papale, ont employé les moyens à leur disposition pour réussir. Parmi ceux-ci, les congrégations religieuses font figures de proue.
Pendant plus d’un quart de siècle, le peuplement des paroisses francophones et la construction de couvents allaient de pair. Les religieuses réclamées par les paroisses se sont partagé un grand nombre d’écoles en apportant une direction basée sur les principes chrétiens et en laissant souvent une place prépondérante à la langue française.

Déploiement sur le territoire(6)
L’arrivée des premières congrégations religieuses en Saskatchewan a précédé de quarante-cinq années la fondation de la province ainsi que la grande période où l’immigration permettait l’établissement des paroisses et des villages francophones en Saskatchewan. L’établissement des premières congrégations de sœurs est attribuable à Mgr Vital Grandin coadjuteur de l’Évêque de St-Boniface, Mgr Taché (depuis 1858) et nommé Évêque du diocèse de St-Albert en 1871. Une grande partie du centre et du nord de la Saskatchewan d’aujourd’hui se trouvait dans ce diocèse. Au début de son mandat, Mgr Grandin le coadjuteur s’établit à la mission de Île-à-la-Crosse. Ce site était, avant tout, un centre de commerce important; les grandes compagnies de traite y avaient établi leurs postes. Les missionnaires oblats, Alexandre Taché et Louis-François Laflèche, y avaient fondé une mission catholique en1846 et depuis, cette mission était devenue le centre nerveux de l’activité missionnaire à l’Ouest de St-Boniface.

C’est donc à Île-à-la-Crosse que Mgr Grandin dirigea les Sœurs Grises en 1860. D’origine canadienne, les Sœurs Grises étaient établies à St-Boniface depuis 1844. Dès leur arrivée à Île-à-la-Crosse, elles fondent un hôpital et une école. Pendant 23 années, elles seront les seules religieuses dans ce grand territoire. Elles s’établirent plus loin dans le Grand Nord à Fort Providence en 1865 et à Fort Chipewayan en 1874. Les Soeurs Grises ouvriront aussi un couvent, plus au sud, à Lebret dix ans plus tard, en 1884.

La deuxième congrégation féminine à s’établir en Saskatchewan, les Fidèles Compagnes de Jésus, a été fondée à Amiens, France en 1818. Ces religieuses avaient ouvert des couvents en Angleterre et c’est de ce pays que quittent les missionnaires en destination des territoires du Nord-Ouest. En 1883, huit religieuses ont ouvert l’Académie Ste-Anne à Prince Albert et ont pris à leur charge l’école existante à St-Laurent-de-Grandin.

Au printemps de 1885, à Saint-Laurent-de-Grandin, les Fidèles Compagnes de Jésus sont impliquées, malgré elles, à la
La Révérende Soeur Supérieur des Missionaires
Photo: Archives de la Saskatchewan
La Révérende Soeur Supérieur des Missionaires oblates du Sacré-Coeur et de Marie Immaculée et une institutrice du Jardin de l?Enfance à Gravelbourg avec leurs élèves en 1927-1928.

Notre-Dame d’Auvergne, Notre-Dame de Chambriac
Ponteix, 1913
Gravelbourg, 1933-37
Lac Pelletier, 1937
Ferland, 1941-79
Frenchville, 1953 -67
Val Marie, 1946
Dollard, 1953-67
Meyronne, 1953-76
Zenon Park, 1952-72
Saskatoon, 1969


Missionaires oblates du Sacré-Coeur et de Marie Immaculée
St-Philipe, 1910 (École indienne)
Gravelbourg, 1918
Moose Jaw, 1914
Lestock, 1932
Prince Albert, 1956
Butte St-Pierre, 1958
Mankota, 1965
Assiniboia, 1956


résistance métisse et les troubles autour de Batoche. Elles ont passé les dernières semaines du conflit à l’intérieur du presbytère de Batoche. Plus tard, les Fidèles Compagnes de Jésus s’occuperont de l’école résidentielle pour autochtones à Duck Lake et enseigneront à l’école publique jusqu’en 1903. Elles seront remplacées cette même année à Duck Lake par les Soeurs de la Présentation de Marie.(7)

En 1891, suite à une demande de Mgr Grandin, les Sœurs-de-l’Assomption-de-la-Sainte-Vierge, une congrégation canadienne, s’établit à Onion Lake. Avec les années, d’autres maisons d’enseignement primaire et secondaire s’ouvriront sous leur gestion: l’école St-Vital à Battleford en 1893, une école résidentielle sur la réserve Thunderchild sous la demande du Père Delmas en 1901, l’école de St-Jean-Baptiste-de-la-Salle à Delmas en 1902.

L’arrivée des Filles de la Providence de Saint-Brieuc à St-Louis et Prince Albert en 1897 marquera le début d’une nouvelle période où déferlera vers tous les coins de la Saskatchewan des éducatrices françaises chevronnées en Europe. Mais leurs compétences ne seront pas reconnues par les autorités territoriales. Afin de pouvoir faire la classe, les Filles de la Providence ont montré l’exemple: elles se sont inscrites à l’école normale, elles ont appris la langue anglaise et ont obtenu leurs brevet d’enseignement.

Les Filles de la Providence de Saint-Brieuc ont aussitôt
Le couvent des Soeurs de Notre-Dame de la Croix à Montmartre
Photo: Université d?Ottawa
Le couvent des Soeurs de Notre-Dame de la Croix à Montmartre.
Le Collège Thévenet des Soeurs de Jésus-Marie à Gravelbourg
Photo: Laurier Gareau
Le Collège Thévenet des Soeurs de Jésus-Marie à Gravelbourg, construit en 1918, sert toujours d?école élémentaire publique.

entrepris leur mission auprès des catholiques à St-Louis. Ce qui les caractérisait était leur capacité de s’adapter et de répondre aux demandes. Ainsi, entre 1897 et 1964 des couvents ont été ouverts dans vingt différentes paroisses un peu partout à l’intérieur du diocèse de Prince Albert et de Saskatoon. Mise à part le travail à l’orphelinat de Prince Albert entre 1897 et 1906, les Filles de la Providence de Saint-Brieuc ont été, comme plusieurs autres congrégations d’éducatrices, porteuses du flambeau de la francophonie, fières et capable de transmettre ce sentiment.

Les fondations subséquentes à l’époque territoriale ont été assurées par les Religieuses de Notre-Dame des Missions qui en 1898 se rendirent à Merival et ensuite à Lebret avant de fonder l’Académie du Sacré Cœur à Regina et un couvent à Wolseley. Les Soeurs de St-Joseph de St-Hyacinthe, une congrégation d’origine québécoise, ont remplacé les sœurs missionnaires à Merival et plus tard se sont rendues à Sturgeon Landing.

Les dernières congrégations installées avant la création de la Saskatchewan seront les Sœurs de la Présentation de Marie, les Sœurs Notre-Dame de Sion, respectivement à Duck Lake (1903) et à Prince Albert (1904). Les Sœurs de Notre-Dame de la Croix se sont rendues à Forget en 1905 et les Filles de la Croix de Saint-André ont fondé un couvent à Bellegarde la même année.

Ce sont en grande partie ces premières congrégations enseignantes qui ont formé la base du réseau informel de congrégations vouées à l’enseignement de la langue française en Saskatchewan.

Soeurs de Notre-Dame de la Croix
Couvents:
Forget, 1905
Wauchope, 1917
Montmartre, 1919
Cantal, 1941
Foyers:
St-Hubert, 1917 Marcelin, 1944 Weyburn, 1953 Prince Albert, 1954



Religieuses de Jésus-Marie
Gravelbourg, 1915
Meyronne, 1932
St-Victor, 1934
Lisieux, 1939
Coderre, 1942
Ferland


Dans une nouvelle province
Entre 1906 et la Première Guerre mondiale, huit nouvelles congrégations se sont installées en Saskatchewan. Ces années sont marquées surtout par la fondation d’importants centres hospitaliers dans les villes. Plusieurs congrégations venues de l’Allemange ou du Canada anglais et aussi du Canada français ont joint les Sœurs Grises pour fonder les premières institutions de soins de santé en Saskatchewan. Notons les Sœurs de la Providence qui se sont installées à Battleford en 1911 et les Sœurs de Notre-Dame de Chambriac arrivées à Ponteix en 1913. Un double mandat en éducation et envers les malades mènera ces dernières à ouvrir très rapidement un pensionnat à Ponteix et ensuite l’hôpital Gabriel-Saint-Joseph. En 1952, elles seront responsables de l’hôpital Notre-Dame à Zenon Park.
Filles de la Croix de Saint-André

Le Père Napoléon Poirier demande des religieuses pour sa paroisse de St-Maurice de Bellegarde. Les Filles de la Croix de Saint-André, établit au Manitoba, accepte sa requête en 1905.

Bellegarde, 1905
Willow Bunch, 1914
Laflèche, 1915


Entre 1906 et le début de la Première Guerre une seule congrégation enseignante française s’est installée en Saskatchewan: les Sœurs de la Charité de Saint-Louis en provenance des États-Unis s’est installée à Moose Jaw en 1913, à Radville en 1914 et à Wilcox en 1920.

Quatre autres congrégations sont venues compléter le réseau de congrégations enseignantes francophones en Saskatchewan. Les Religieuses de Jésus-Marie (Gravelbourg 1915), les Sœurs de l’Enfant Jésus du Puy (Prince Albert 1915), les Missionnaires Oblates du Sacré-Cœur et de Marie-Immaculée (Gravelbourg 1918) et les Sœurs de la Charité de Notre-Dame d’Évron (Tisdale 1925). Parmi ses dernières, les Missionnaires Oblates sont de fondation manitobaines; les trois autres sont des congrégations de France ayant séjournées dans d’autres provinces canadiennes avant de s’établir en Saskatchewan.

Le mandat principal
Entre 1905 et 1965, treize différentes communautés de femmes religieuses se sont partagées l’enseignement de la jeunesse francophone de la Saskatchewan avec des enseignants laïcs. À partir des années 1930, elles se sont répandues dans plus de soixante-dix localités francophones, et ce, à la demande des paroisses et commissaires d’écoles. Elles ont enseigné et dirigé des écoles publiques, des écoles séparées et elles ont établi des écoles secondaires privées pour les filles.

Plusieurs éléments définissent l’école menée par les religieuses. Le plus fondamental est peut-être la stabilité. Le roulement du personnel était réduit et les remplacements étaient prévus d’avance. Ces enseignantes dévouées travaillaient chacune de façon bénévole permettant aux écoles de faire beaucoup à peu de frais. Cela permettait aux soeurs de gagner plus de crédibilité et d’obtenir la confiance des parents à long terme. L’investissement nécessaire à la construction de l’infrastructure ajoutait à la stabilité et donnait aux petits villages des institutions
Convention des instituteurs et des institutrices francophones
Photo: Société historiquede la Saskatchewan
Convention des instituteurs et des institutrices francophones de la Saskatchewan tenue en juillet 1927 à Gravelbourg.

impressionnantes. Avec la croissance de la population, de nouveaux édifices remplaçaient très rapidement les premiers couvents qui étaient devenus désuets.
Les soeurs avaient la responsabilité d’épauler l’Église dans sa mission d’évangéliser. L’école demeurait l’outil de choix où l’esprit des jeunes pouvait être moulé. Les grands principes caractérisant alors l’Église francophone au Canada se définissaient par le nationalisme canadien-français et la capacité de résister à l’assimilation. Malgré le pluralisme omniprésent en Saskatchewan, cette idéologie se transmettait à l’école par le biais du clergé et des associations nationales.

Avec les religieuses, l’heure de français permis par la loi avait une place de choix à l’intérieur du curriculum et recevait une attention privilégiée. Les standards académiques demeuraient très hauts, un prix récompensant les bons résultats des élèves.

L’heure de français permettait d’enseigner l’histoire nationale, la grammaire, la diction, la composition et la littérature en français. Les religieuses misaient sur la fierté de la réussite et le sens de l’accomplissement des élèves pour inspirer une ferveur de la langue française. La rigueur était de mise, certains élèves diront qu’elles étaient «strictes».

Tous projets qui pouvaient aider aux enseignantes à réussir à l’éducation étaient mis en application. Bien sûr, les journées de prières et l’éveil aux possibilités d’une vocation chez l’élève faisaient partie des objectifs du programme mais il existait un souci particulier envers le développement chez l’élève d’une «mentalité française». Les religieuses incorporaient donc au programme régulier les Cercles du bon parler français, des débats oratoires, des représentations théâtrales, des journées patriotiques, des voyages ou encore la participation aux festivals de la chanson française, qu’elles aidaient à organiser. Les annales des congrégations parlent successivement de la journée de l’ACFC, de la fête de la Ste-Catherine, des concerts exceptionnels de la St-Jean Baptiste, du passage des visiteurs d’école de l’ACFC, des prix de français, de la journée des examens de français. Toutes ces activités supplémentaires demandaient une coordination et une organisation. Les religieuses fournissaient cet effort de façon bénévole.

En 1925, avec la mise en place du cours de français, l’Association Catholique Franco-Canadienne de la Saskatchewan (ACFC) comptait sur l’intérêt des enseignantes religieuses à l’organisation des concours à la fin d’année scolaire. Elles ont également participé à faire l’évaluation des examens et à la compilation des résultats. Ces efforts ont permis à l’ACFC d’améliorer le curriculum et de perpétuer l’heure de français jusqu’au milieu des années 1960.

Le couvent et les écoles des religieuses francophones possédaient une atmosphère française par le fait que c’était la langue utilisée par ces congrégations. À la recréation, pendant les activités parascolaires, à l’heure du midi, le français dominait même si l’anglais était la langue d’enseignement cinq heures sur six.

Soeurs de l’Enfant Jésus
Venu de France pour s’établir à Vancouvcer en 1896, les Soeurs de l’Enfant Jésus s’établissent dans quatre communautés en Saskatchewan.

Prince Albert, 1915
Albertville, 1935-1975
Battleford, 1925
Jackfish, 1957


C’était la langue utilisée par ces congrégations. À la recréation, pendant les activités parascolaires, à l’heure du midi, le français dominait, même si l’anglais était la langue d’enseignement cinq heures sur six.

Elles ont aussi contribué à développer le réseau professionnel d’enseignants francophones au cours des années 1950, en s’impliquant à fond dans l’Association franco-catholique des Instituteurs de la Saskatchewan (AFCIS). Cette association permettait aux enseignants du français de se rencontrer, en journée pédagogique ou en colloque, pour se perfectionner et discuter de problèmes spécifiques à l’enseignement de la langue française dans un contexte minoritaire.

Ces enseignantes seront une source de stabilité dans un milieu scolaire où les enseignants sont presque des nomades changeant d’école et de village à chaque année et à une époque où les femmes cessaient souvent leur carrière en se mariant. Il y avait alors une énorme pénurie d’enseignants qui devait être continuellement comblée afin de répondre à la demande de plus en plus criante surtout lorsque la première vague du «baby boom» arrivait à l’âge scolaire et progressaient vers les niveaux secondaires.
Congrès de l?Association Franco-Catholique des Instituteurs
Photo: Kaleidoscope: Many Cultures, One Faith
Congrès de l?Association Franco-Catholique des Instituteurs de la Saskatchewan (AFCIS) tenu à Prince Albert en 1957.
Célébration du 25e anniversaire des Soeurs de la Présentation à Bellevue
Photo: Archives de Bellevue
Célébration du 25e anniversaire des Soeurs de la Présentation à Bellevue en 1979 - Simone Perret, Geneviève Jaspar, Aline Cyr, Zélie Dion, Estelle Croteau, Marie-Jeanne Dandurand, Viviane Gareau, Angèle Aubin, Aline Couture, Marie Vallée, Joséphine Ouellette; Gratienne Gaudet, Eugénie Cousin, Annette Labrecque, Louise-Anne Gaudet, Thérèse Marin, Alice Gervais, Lise Paquette, Rose Gareau, Gertrude Gareau (photo prise dans le parloir du couvent à Bellevue).


Vers d’autres lieux
La modernisation qui frappa la société occidentale après la Seconde Guerre mondiale a bouleversé l’ordre établit. Ces changements ont forcé l’Église catholique et son clergé à se remettre en question. Les congrégations ont accepté de prioriser leurs engagements selon leurs valeurs fondatrices. Les religieuses ont réorienté leurs actions, laissant un grand nombre de leurs institutions d’enseignement et de soins, aux laïcs.

Un statisticien quantifiant aujourd’hui le nombre de religieuses féminines catholiques en Saskatchewan pourrait difficilement se douter du rôle que celles-ci jouaient auprès de la population, il y a à peine une génération. Les chiffres d’aujourd’hui démontrent que les religieuses sont en grande majorité à la retraite et que leur moyenne d’âge dépasse les 75 ans. On compte seulement sept religieuses enseignantes actives dans les écoles de la Saskatchewan en 2005.(8)

Ces statistiques ne révèlent très peu de la nature ni l’ampleur du travail qui se fait toujours aujourd’hui par les religieuses en Asie, en Amérique latine ou bien en Afrique. Leurs congrégations y sont établies depuis le Concile de Vatican II et elles y exercent un rôle primordial

Soeurs de la présentation de Marie
Duck Lake, 1903
Marcelin, 1914 -1966
Prince Albert, 1923
Wakaw, 1927
Zenon Park, 1932-1935
Green Lake, 1940
Debden, 1942
Spiritwood, 1950
St-Isidore de Bellevue, 1954
Makwa, 1955
Vawn, 1955
Albertville, 1958-1959
North Battleford
Saskatoon



Photo: Archives de Bellevue
Célébration du 25e anniversaire des Soeurs de la Présentation à Bellevue en 1979 - Simone Perret, Geneviève Jaspar, Aline Cyr, Zélie Dion, Estelle Croteau, Marie-Jeanne Dandurand, Viviane Gareau, Angèle Aubin, Aline Couture, Marie Vallée, Joséphine Ouellette; Gratienne Gaudet, Eugénie Cousin, Annette Labrecque, Louise-Anne Gaudet, Thérèse Marin, Alice Gervais, Lise Paquette, Rose Gareau, Gertrude Gareau (photo prise dans le parloir du couvent à Bellevue).



Photo: Kaleidoscope: Many Cultures, One Faith
Congrès de l’Association Franco-Catholique des Instituteurs de la Saskatchewan (AFCIS) tenu à Prince Albert en 1957.

auprès des plus démunis. C’est à l’intérieur de ces pays de mission, au sein de cette population que la pérennité des diverses congrégations sera assurée.
Les religieuses avaient assumé la formidable charge de travail qu’elles ont accomplie ici en Saskatchewan comme étant (en quelque sorte) la volonté de la divine providence. C’est avec sérénité qu’elles perçoivent aujourd’hui le déclin de leurs effectifs en Saskatchewan et dans l’ensemble du pays. Pour ces congrégations, un mandat s’achève dans un coin du monde et un nouveau service, devenu urgent, s’amorce ailleurs, avec d’autres et pour d’autres dans une œuvre continue où la foi, la providence et le service envers autrui forment un tout homogène.

Notes et références
(1) Le Canada Écclésiastique 1939, Montréal, Beauchemin, 1939.
(2) Prairie Messenger, (vol 83, numéro 11) 14 septembre 2005, St Peters Press Muenster, Canada.
(3) Ibid.
(4) Le Canada Écclésiastique 1929 Monréal, Beauchemin, 1929.
(5) 15 ans de vie française en Saskatchewan, Congrès de 1’ACFC 1927 - Rapport financier de l’ACEFC lors du congrès de l’ACFC de 1927 à Regina, p.131.
(6) Selon les notes traitant des fondations canadiennes dans le Canada Écclésiastique 1934.
(7) Lavigne, Solange. Kaleidoscope Many cultures – one Faith,The Roman Catholic Diocese of Prince Albert 1891-1991, Diocèse de Prince Albert, Prince Albert, 1990.
(8) Prairie Messenger, (vol 83, no 11) 14 septembre 2005, St Peters Press Muenster, Canada.

N.d.l.r.: Marc Masson termine un mémoire de Maîtrise au sujet du rôle des religieuses dans l’enseignement du français en Saskatchewan.





 
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