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Des mots

Tîme

Dans la parlure fransaskoise, nous avons tendance à franciser l'orthographe de nombreux mots empruntés de l'anglais. Dans certains cas, cette orthographe vient du Québec, puisque rares sont les Fransaskois qui ont contribué à la littérature canadienne française. Toutefois, dans certains cas, une orthographe particulière semble être unique à la Saskatchewan française ou à l'Ouest canadien. Albert Dubé suggère certains de ces termes.

Le terme team est commun dans l'Est du pays comme il l'est dans l'Ouest. On utilise couramment ce mot pour décrire une équipe sportive, mais le terme était aussi utilisé par nos ancêtres pour parler de «l'équipage – deux chevaux ou deux boeufs attelés ensemble». Dans la plupart des dictionnaires de la langue québécoise, le terme est écrit à l'anglaise – team.

En Saskatchewan, dans les archives de nos ancêtres, on retrouve souvent l'épellation suivante – tîme au lieu de team.

Un autre terme que l'on semble avoir francisé, tant dans la prononciation que dans l'orthographe, c'est fanne (fan) – l'éventail. Bergeron mentionne «fan (prononcé fanne) n.m. ou f. pour décrire un admirateur ou un fervant d'un sport.»

Enfin, dans cette même ordre d'idée, Albert Dubé propose le mot phôner, (to phone) téléphoner. Ce terme ne m'est pas étranger. Je me souviens l'avoir entendu souvent durant ma jeunesse à Bellevue. Toutefois, si ma mémoire m'est fidèle, phôner était utilisé exclusivement par des Métis de la région. Étant originaire de Duck Lake, il est possible que monsieur Dubé ait emprunté ce terme aux Métis.

Il y a déjà plusieurs mois, j'ai consacré une chronique entière au parler Métis saskatchewannais. Chez les Métis, on avait souvent tendance à changer la prononciation de certains mots. Dans la liste que m'a soumise monsieur Dubé, je retrouve certaines de ces prononciations, comme parsonne (personne), harse (herse) et litte (lit). Malgré le fait que ces prononciations appartiennent aux Métis, il arrivait souvent qu'elles soient empruntées par des familles canadiennes-françaises vivant dans des régions où les Métis étaient prédominants, comme Duck Lake.

Encore d'autres mots étaient communs chez les francophones comme chez les Métis, tels que frette (froid) et toé pis moé (toi et moi).

En terminant, monsieur Dubé propose un mot qui ne semble plus être tellement commun dans le langage québécois mais qui est toujours utilisé couramment dans l'Ouest et en Acadie. Il s'agit du terme nique (nid).

Dans le Dictionnaire du bon langage, l'abbé Blanchard nous rappelle qu'au Québec du XIXe siècle, le mot nic était utilisé pour décrire l'habitation des guêpes et des frémilles. Le terme ne semble pas avoir été utilisé pour décrire le nid d'oiseau.

En Acadie, par contre, le mot avait un sens plus large. Éphrem Boudreau dans son Glossaire du vieux parler acadien nous propose la définition suivante: «Nic (nique), n.m. Nid. La chatte s'a fait un nic dans la grange, dans la cave. Les p'tits gibiers faisont leurs nics dans les âbres, dans les poummiers. (Les oiseaux font leurs nids dans les arbres, dans les pommiers.) Et il y a les nics de guêpres (guêpes), de mouches à miel, etc. Nic de arondelles. (Hirondelles).»

Dans la langue de Molière, nique a un autre sens, soit de faire un signe de tête à quelqu'un pour lui témoigner moquerie et mépris – faire la nique. Cette utilisation du mot est moins courante en Saskatchewan.





 
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