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Des mots

Support

Il y a des mots qui nous sont tellement familiers que nous ne pouvons pas croire qu'ils sont faux ou erronés. Certains nous viennent du vieux français, tandis que d'autres sont des anglicismes.

Un mot qui nous vient à la fois du vieux français et de l'anglais est le support, ou plutôt le cintre. Selon le Petit Robert, cintre est un nom masculin du XXe siècle. «Une barre courbée munie d'un crochet servant à suspendre les vêtements par les épaules. Voir porte-manteau.»

Léandre Bergeron, dans son Dictionnaire de la langue québécoise nous donne la définition suivante de «support: n.m. – Cintre. – Porte-serviettes. – Socle. – étai.» Le mot est courant surtout dans l'Ouest du pays. Bergeron l'a inclus dans son dictionnaire, mais rappelons qu'il est originaire du Manitoba et il a ajouté plusieurs mots de l'Ouest à son Dictionnaire de la langue québécoise. Je n'ai pas pu trouver aucune autre référence au mot support dans aucun des autres dictionnaires du français québécois.

Le mot vient peut-être de l'anglais «to support». Mais, le mot est tout de même un nom masculin français qui signifie «l'action de supporter ou d'aider». Dans le Dictionnaire Larousse de l'ancien français, j'ai trouvé le verbe suivant: «sospoier v. (début XIIe s. Voir poier, puier, appuyer). Appuyer, soutenir.» Le mot support est sans doute issu du verbe du Moyen Age, sospoier, en anglais et en français.

Les Canadiens français de l'Ouest ont peut-être inventé le mot support pour décrire le cintre, mais ils ne l'ont pas emprunté comme tel de l'anglais puisque dans la langue de Shakespeare on dit «hanger».

Par contre, nous utilisons couramment le verbe supporter dans le sens de «supporter (une proposition ou un candidat)», ou dans le sens de «faire vivre une personne». Selon l'abbé Étienne Blanchard, dans son Dictionnaire du bon langage, c'est un anglicisme dans ces deux sens. Selon lui, il faut dire «appuyer une proposition ou un candidat». Dans le cas de être supporté par son père, il faudrait plutôt dire «être au croc ou au crochet de son père».

Il y a par ailleurs, l'expression supposé être qui nous vient directement de l'anglais «supposed to». Nous disons couramment «je suis supposé être à la messe» au lieu de dire «je suis censé être...».

David Rogers, dans son Dictionnaire de la langue québécoise rurale, a relevé une utilisation de l'expression supposé être dans la littérature du Québec. «L'était supposé prendre un méchame de nuit à trente-cinq piastres par semaine.» Trente arpents de Philippe Ringuet, page 319.

En terminant, Rolland Pinsonneault me demande depuis plusieurs semaines de parler du mot plotte. Ce mot était assez courant dans le vocabulaire des jeunes hommes il y a une ou deux générations. Je ne crois pas qu'il soit tellement utilisé de nos jours.

Selon Léandre Bergeron, plotte ou pelotte est un nom féminin utilisé pour parler d'une femme en termes sexuels, ou pour parler de l'organe sexuel féminin.

Pelote est un mot pour décrire une boule formée de fils ou de cordes roulés sur eux-mêmes. Ceux qui ont eu la chance de visiter le Sud-Ouest de la France ont peut-être eu l'occasion d'assister à un match de pelote basque. Or, durant ma jeunesse, dans le Bon parler français de l'A.C.F.C. on apprenait qu'il ne fallait pas dire «aller jouer à la balle», mais qu'il fallait plutôt dire «aller jouer à la pelote». Bien sûr, les jeunes gars de la 5e et de la 6e année avaient bien du plaisir avec cette expression puisque le mot pelote ne représentait pas balle dans leur vocabulaire.





 
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