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Des gens

Sr Maria Gareau

À une époque, une forte appréciation de la langue française était transmise aux jeunes franco-canadiens de la Saskatchewan dans les couvents de la province, des couvents dirigés par des religieuses comme les Filles de la Providence, les Sœurs de la Présentation de Marie, Les Sœurs Jésus-Marie ou les Filles de la Croix. Si les Concours de français de l’ACFC ont connu un si grand succès, c’est à cause de l’enthousiasme des religieuses enseignantes pour le programme et leur amour de la langue de Molière.
Cette chronique aurait pu raconter l’histoire d’une centaine de ces religieuses. J’en ai choisi une que j’ai bien connue : Sœur Maria Gareau. Elle est née Alexandrine Gareau le 12 novembre 1921, sur la ferme paternelle à Bellevue. Son père était Camille Gareau, fils d’Azarie le patriarche de Bellevue et sa mère Eugénie Rock, fille de Samuel Rock, un Canadien français arrivé à Bellevue en 1903 de Lambert au Minnesota.

Elle a fait ses études primaires à l'école Gaudet, quelques kilomètres au nord-ouest de Bellevue, à une époque où il était encore possible de faire toutes ses études en français, et au diable le Ku Klux Klan et les ordonnances du gouvernement Anderson. À Bellevue, tout le monde était français et Soeur Maria se souvient qu’elle a même appris l'anglais en français!

À l’âge de 18 ans, elle est entrée au noviciat des Filles de la Providence à Prud'homme où elle a complété ses études secondaires. Puis, après avoir fait sa profession de foi en 1942, elle est allée à l'École Normale à Saskatoon, mais puisqu’il y avait un urgent besoin pour des enseignants, à cause de la guerre, elle a obtenu son certificat d'enseignement après seulement six semaines. C’était le début d’une carrière de 40 ans d’enseignement à Saint-Louis, Prud'homme, Vonda, Victoire, Saint Brieux et Longueil (Québec).

Comme bien d’autres religieuses de l’époque, le français était important pour Sr Maria. Elle y consacrait donc de longues heures à le rendre intéressant pour ses élèves, à bien les préparer pour les examens de l’ACFC. Puis, puisque l’ACFC n’avait pas les moyens de payer des correcteurs, Sr Maria s’est jointe à maintes reprises pendant l’été à d’autres religieuses pour aider dans la correction des examens préparés par Antonio de Margerie.

À la fin des années 1970, lorsque le gouvernement provincial accordait la permission aux Fransaskois de la Trinité de bâtir une école Type A à Vonda, l’école Providence, c’est vers Sr Maria que les gens de la région se sont tournés pour diriger cette nouvelle école. Elle y est restée jusqu’à sa retraite en 1983. Depuis, elle a passé plusieurs années à aider les communautés rurales du diocèse de Prince Albert dans l'enseignement de la catéchèse ou encore pour servir les missions de Milden et de Beechy dans le diocèse de Saskatoon.

La communauté fransaskoise aurait-elle pu survivre sans la contribution de religieuses comme Sr Maria ? Elles se sont données cœur et âme pour assurer un enseignement du français de qualité, malgré des politiques gouvernementales qui limitaient à une heure par jour l’enseignement du français. Sr Maria dit avoir «beaucoup aimé ces années d'enseignement, chacune de ces minutes qui semblaient plus belles les unes que les autres!» La communauté fransaskoise a donc longtemps bénéficié du dévouement des religieuses dans nos écoles. Souhaitons qu’on publiera bientôt un récit de leurs contributions à la survivance française en Saskatchewan.





 
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