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Saskatoon - Paroisse des Saints-Martyrs-Canadiens

La fondation d'un cercle de l'A.C.F.C. à Saskatoon couronne l'heureuse campagne d'organisation du R.P. Libert. Sur le chemin de retour, le R.P. Libert, délégué de l'A.C.F.C. devait s'arrêter à Saskatoon la ville à la réputation mondiale. Le R.P. Lacoste, O.M.I., avait à plusieurs reprises mis ses gens au courant du mouvement de notre Association, aussi un certain nombre s'étaient rendus à son invitation. Merci à tous au nom de l'A.C.F.C.

Le Patriote de l'Ouest
le 26 février 1914
Les francophones ont beaucoup oeuvré à l'établissement de l'église catholique à Saskatoon et leur dévouement a été couronné, en 1929, par l'obtention de leur propre paroisse française, la paroisse des Saints-Martyrs-Canadiens.

Comme il a déjà été mentionné dans cette chronique, la ville de Saskatoon a été fondée en 1882 comme colonie de tempérance. Cette année-là, John Neilson Lake de la Temperance Colonization Society arrive dans l'Ouest avec un groupe d'arpenteurs pour choisir le site de la future colonie de tempérance. Le groupe se rend de Clark's Crossing à la réserve du chef White Cap, située dans la région de Dundern, et lors de son retour, ils s'arrêtent pour la nuit sur les bords de la rivière Saskatchewan-Sud dans la région de la future avenue Broadway. C'est cet endroit qu'on choisit comme site de la colonie. Le groupe installe son campement à cet endroit et donne un nom à la colonie. «Le nom “Minnetonka” avait été suggéré mais le 20 août, un membre du groupe apporte une branche couverte de baies rouges. Lake, apprenant que les Indiens appellent ces baies saskatoons, (Mis-sask-quah-too-min ) un tapis de fleurs, choisit immédiatement “Saskatoon” comme nom de la colonie.»(1)

Des missionnaires oblats ont probablement déjà célébré la messe à cet endroit car les Métis de la Prairie Ronde (Dundern), de la Petite Ville (Saint-Laurent) et des Montagnes Touchwood voyagent souvent dans la région sont souvent accompagnés par des missionnaires. L'un d'eux aurait possiblement chanté une messe sur les bords de la rivière Saskatchewan-Sud avant l'arrivée de la Temperance Colonization Society.

La plupart des premiers colons de Saskatoon sont des méthodistes. Karl Kusch, un fermier d'origine polonaise, est le seul catholique dans le deuxième groupe qui arrive à Saskatoon en 1883. Deux ans plus tard, d'autres catholiques viennent s'établir à Saskatoon, entre autres une famille française, les Gougeon. «Selon un témoignage, la première messe a été célébrée dans la colonie en 1885 dans la maison des Gougeon.»(2)

Les catholiques de Saskatoon doivent se contenter de quelques rares visites des missionnaires de Prince Albert; les pères oblats Moïse Blais, Pierre Lecoq et Hercule Émard chantent la messe dans les maisons des catholiques: chez les Gougeon et chez les Kusch ou dans la salle Dulmage sur la 1re Avenue.

La famille Kusch fait don au père Émard d'une parcelle de terre dans le village de Saskatoon vers 1900. Une petite église doit être construite sur ce terrain. En 1902, le père Paul M. Guérin, o.m.i., est nommé curé de la paroisse Saint-Paul de Saskatoon. Il prélève des fonds et en 1903, Frank Kusch et deux frères oblats construisent la première église de Saskatoon. Cette petite église de bois était située entre le presbytère et l'actuelle cathédrale Saint-Paul.

Entre 1903 et 1906, plusieurs missionnaires oblats français et allemands desservent les missions dans la région de Saskatoon. Les curés de la paroisse Saint-Paul, entre 1906 et 1916 sont des Oblats: Joseph Paillé (1905-1907), J. Arthur Lajeunesse (1905-1912), Charles Caron (1907-1910), Alphonse Jan (1916-1926) et Henri Lacoste (1912-1916). Ce dernier est responsable de l'établissement du premier cercle de l'A.C.F.C. dans la ville en 1914.

À cette époque, les francophones de la ville sont très impliqués dans les affaires de la paroisse Saint-Paul. C'est peut-être à cause de la présence d'oblats de langue française, comme les pères Vachon, Paillé, Lacoste et Jan. Mais, les anglophones se plaignent de la piètre qualité de l'anglais des curés. Ils demandent alors à l'évêque de Prince Albert, Mgr Joseph Prud'homme, de leur envoyer un curé de langue anglaise. Devant cette requête des anglophones, et craignant perdre leur pasteur français, les Canadiens français demandent la création d'une paroisse canadienne-française dans la ville des ponts. Ce voeu se concrétisera en 1929 lorsque la paroisse de l'Immaculée-Conception sera fondée par Rome. Elle devient la paroisse des Saints-Martyrs-Canadiens en 1931.



Devant la demande des anglophones pour un prêtre de langue anglaise, les Canadiens français de Saskatoon demandent, dès le début des années 1920, la création d'une paroisse canadienne-française. En 1919 et en 1920, deux nouvelles paroisses avaient été créées dans la ville, Saint Mary dans Riversdale et Saint Joseph dans Nutana.

Le rêve des Canadiens français, d'avoir leur propre paroisse, se réalise en 1929 avec la création de la paroisse de l'Immaculée-Conception. Leur paroisse est différente des trois autres paroisses de Saskatoon; elle n'a pas de frontière et elle regroupe les francophones de toute la ville et, alors que les autres paroisses ont été créées par l'évêque du diocèse de Prince Albert, la paroisse de l'Immaculée-Conception a été créée par un décret de Rome. «Le document papal datant du 29 décembre 1928 fait état d'une décision prise à Rome le 17 novembre d'ériger une telle paroisse. Un document diocésain établissant la paroisse sous le nom de L'Immaculée-Conception est daté le 4 juin 1929.»(3) Le nom de la paroisse est changé de l'Immaculée-Conception à Saints-Martyrs-Canadiens en 1931.

Le premier curé de la paroisse est le père Louis Simard, o.m.i. Pendant les premières années, la paroisse française est logée dans le sous-sol de l'église Saint-Paul, mais puisque le nombre de paroissiens est élevé, la paroisse est transférée dans le sous-sol de l'église Saint-Mary sur l'Avenue O Sud vers 1931. Toutefois cette église n'est pas centrale et, à cette époque, les déplacements en ville se font difficilement. Petit à petit, les Canadiens français commencent à délaisser leur paroisse française pour assister à la messe en anglais à Saint-Paul.

En 1933, l'abbé Lucien Demers devient curé de la paroisse des Saints-Martyrs-Canadiens. Il procède à une réorganisation de la paroisse. Il se rend au Québec, en 1935, pour prélever des fonds pour la construction d'une église. Les Canadiens français achètent une église située en face de l'Hôtel Bessborough sur le croissant Spadina. La paroisse devient le centre du culte à la mémoire des Saints-Martyrs-Canadiens en 1936. Une grotte est construite en 1939 dans la petite église et jusqu'en 1954, les paroissiens organisent un pèlerinage annuel à cette grotte. Aujourd'hui, on trouve l'Hôtel Sheraton à la place de cette première église des Saints-Martyrs-Canadiens à Saskatoon.

L'arrivée de l'abbé Lucien Demers en 1934, comme curé de la paroisse, donne un regain de vie à la communauté franco-canadienne de Saskatoon. On y voit la création de groupes comme les Dames de Sainte-Anne et le Club Canadien qui organisent des activités sociales pour les francophones de la ville tout en prélevant des fonds pour éliminer la dette de l'église. Le Club Canadien devient ensuite le Club Alouette durant les années 1960, l'Association canadienne-française de Saskatoon (ACFS) durant les années 1970 et la Fédération des francophones de Saskatoon durant les années 1980.

L'abbé Demers est aussi responsable de l'établissement de la Caisse populaire française de Saskatoon en 1942. La petite caisse de Saskatoon est une caisse paroissiale jusqu'au début des années 1980, date à laquelle elle devient La Fransaskoise.

La croissance de la paroisse et l'amélioration des moyens de transport mènent, en 1959, au départ de la paroisse du centre ville de Saskatoon. Les Franco-Catholiques achètent une propriété sur la rue Windsor et construisent une nouvelle église Saints-Martyrs-Canadiens.

Références

(1) Delainey, William P. et Sarjeant, A.S., Saskatoon, The Growth of a City, Part 1: The Formative Years 1882-1960, Saskatoon: The Saskatoon Environmental Society, 1975. p. 2. (Traduction)
(2) Maxwell, J.H. Grant, The Diocese of Saskatoon, An Historical Sketch of its Beginnings and Development, Saskatoon: Diocese of Saskatoon, p. 17. (Traduction)

(3) Robertson, D.F., The Sword of Saint Paul, A History of the Diocese of Saskatoon, 1933-1983, Saskatoon: The Episcopal Corporation of Saskatoon, 1982, p. 149 (Traduction)

Sources

Un bout d'histoire... 128

Delainey, William P. et Sarjeant, A.S., Saskatoon, The Growth of a City, Part 1: The Formative Years 1882-1960, Saskatoon: The Saskatoon Environmental Society, 1975.

Maxwell, J.H. Grant, The Diocese of Saskatoon, An Historical Sketch of its Beginnings and Development, Saskatoon: Diocese of Saskatoon, (?).

Robertson, D.F., The Sword of Saint Paul, A History of the Diocese of Saskatoon, 1933-1983, Saskatoon: The Episcopal Corporation of Saskatoon, 1982





 
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