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Des mots

Saskatchewan

Les vacances approchent; Grant Devine a fermé les portes de l'Assemblée législative afin de permettre à l'opposition de se calmer les nerfs. Les jeunes flot se tiennent dans les rues et, gare aux chauffeurs, les écoles sont fermées pour deux mois. L'Eau vive ne sera pas publiée pendant les trois prochaines semaines, question de donner aux employés un repos bien mérité.

L'arrivée des vacances des employés de l'Eau vive ne représente pas seulement un repos pour ce chroniqueur, puisque c'est ma dernière chronique. Depuis deux ans et demi, je suis fidèle à l'appel et chaque semaine, depuis octobre 1988, vous avez pu lire la Parlure fransaskoise. Mais, après 127 chroniques, il est temps de ranger les bagages et de passer à autres choses.

Au cours des deux dernières années, je n'ai certainement pas abordé tous les mots et toutes les expressions qui rendent la parlure fransaskoise plus riche et plus vivante. Ce que j'ai voulu faire c'est montrer aux Fransaskois que notre langage est chargé de beaux termes et de belles expressions. La majorité de ces mots nous ont été transmis par nos ancêtres venus du Québec, de l'Acadie et de la France. D'autres sont entrés dans le langage fransaskois en Saskatchewan; il s'agit parfois de mots anglais francisés comme «bluff», «combine» et «gopher». Dans d'autres cas, le terme faisait partie du parlé métchif et a été emprunté par les Fransaskois. Enfin, il y a quelques exemples de mots et d'expressions véritablement fransaskois.

Peu importe l'origine de ces termes et de ces expressions, ils aident à préciser la nature de la culture fransaskoise. Nous sommes un peuple distinct, comme les Québécois, avec notre culture propre, notre langage et nos moeurs. Comme les Québécois et les Français, nous avons emprunté des éléments de notre culture et de notre langage des autres. Les Français doivent-ils avoir honte d'avoir emprunté des milliers de mots du latin? Et combien de l'anglais?

En Saskatchewan, l'évolution de notre culture a été grandement influencée par le fait que nous devons vivre avec les Anglais, les Ukrainiens, les Allemands, etc. Devons-nous avoir honte d'avoir adopté et intégré dans notre culture et notre parler des éléments culturels de ces groupes ethniques?

En écrivant fidèlement la Parlure fransaskoise depuis deux ans, je voulais renforcer l'élément de fierté des Fransaskois. Nous ne devons pas avoir honte de parler notre langage. Même s'il est important d'apprendre un bon français, il est également important de connaître et d'utiliser avec fierté la parlure fransaskoise, car elle fait partie de notre patrimoine. Nous disons gopher (un mot anglais) au lieu de spermophile, mais reconnaissons que si le gopher était aussi une petite bête rongeuse au Québec et en France, la langue française aurait un terme plus populaire que spermophile.

En terminant, c'est nous qui vivons en Saskatchewan. C'est nous qui parlons notre langage. Devons-nous céder à la pression des experts de la langue française et enterrer une habitude qui date de l'arrivée des premiers explorateurs français sur notre territoire? Par ici, nous parlons de la Saskatchewan. La règle en français est que le nom d'un fleuve, d'une rivière ou d'un pays qui se termine avec une consonne est au masculin.

Selon Dagenais, «il ne faut pas dire le premier ministre [de la] Saskatchewan, mais le premier ministre du Saskatchewan. En dépit de la mauvaise habitude acquise, il faudrait dire le Saskatchewan est une grande rivière qui prend sa source dans les Rocheuses, non [la] Saskatchewan est une grande rivière.»

Les règles sont les règles, mais la plupart ont été faites pour être brisées. Les gens de la Saskatchewan devraient continuer de dire avec fierté «Je suis Fransaskois et je viens [de la] Saskatchewan.»

Bonnes vacances et bon parler fransaskois.





 
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