Revue historique: volume 3 numéro 3Saskatchewan étudiante voyageRecherche et rédaction des textes Alice M. Gaudet, Stella Gentil-Perret, Rita Gareau et Laurier Gareau Vol.3 - No.3, mars 1993 Recherche et rédaction des textes Alice M. Gaudet, Stella Gentil-Perret, Rita Gareau et Laurier Gareau
Bien sûr, si le premier voyage SEV a lieu durant l'été 1968, l'idée d'un tel projet mijotait, depuis au moins un an, dans la tête du père Mercure et de l'abbé Arthur Marchildon, curé de la paroisse Saint-André de North Battleford. En 1967, c'était le centenaire de la Confédération canadienne. Nombreux étaient ceux qui se rendaient à Montréal pour la grande foire internationale - EXPO 67! Comme tout le monde le faisait cette année-là, l'abbé Marchildon et le père Mercure discutaient notre beau et grand pays - le CANADA! Mais, ils parlaient aussi de ce pays bilingue où les jeunes francophones de la Saskatchewan manquaient de fierté. Comment pouvaient-ils assurer une relève si les jeunes n'étaient pas fiers d'être Franco-Canadiens de la Saskatchewan? « Si on prenait cette jeunesse - les mettait dans un autobus - et qu'on les envoyait se baigner - se saucer dans un atmosphère français. Qu'ils voient des gens qui... parlent... vivent... s'amusent... gagnent leur vie... chantent et prient... en français. Eh bien, ces jeunes reviendraient fiers! Ils pourraient dire: J'appartiens à un grand peuple - pas besoin d'avoir peur de parler le français. » Voilà le rêve des deux curés. Voilà ce qui est devenu le RÊVE de plus de 400 jeunes Fransaskois. En allant à EXPO 67, l'abbé Marchildon rétablit des contacts avec des connaissances personnelles et des amis du père Mercure (parenté et confrères religieux). Il explore toutes les possibilités de financer une telle aventure. Enfin, en octobre 1967, le voyage est né! Le choix des voyageurs SEV, �Saskatchewan �tudiante voyage� �tait un voyage interpro-vincial de cinq � six semaines, mais les 30 � 35 jeunes choisis chaque ann�e ne faisaient pas un simple voyage touristique. Avant tout, les
voyages SEV �taient, pour les jeunes participants, un �veil � la culture fran�aise. Tout en aidant � former la REL�VE FRANCO-CANADIENNE DE LA SASKATCHEWAN, SEV avait pour but de faire conna�tre le caract�re de la jeunesse canadienne, la richesse du pays, tant naturelle que culturelle, et permettre aux jeunes francophones de la Saskatchewan de vivre une vie en �quipe, comme fr�res et soeurs, dans la joie, le partage et la fraternit�.
�Sur 150 jeunes qui avaient demand� de participer au voyage de �SEV �68', seuls 31 ont �t� choisis. Les autres pourront se reprendre l�ann�e prochaine, car l�on pr�voit faire de �Saskatchewan �tudiante voyage� un projet annuel.� Seulement 31 jeunes sont choisis pour le premier voyage, peut-�tre 35 la deuxi�me ann�e et ainsi de suite. Mais comment sont-ils choisis? Quels crit�res utilise-t-on pour choisir entre Jean-Baptiste de Meyronne et Jeannette de Victoire? D�abord, les participants viennent des institutions d��ducation comme le Coll�ge Mathieu de Gravelbourg, le Coll�ge Notre-Dame de Saint-Louis et les nombreux couvents de la province. Il y a aussi des jeunes choisis des cercles r�gionaux de l�ACFC et des camps d��t�. Enfin, les premi�res ann�es, les gagnants du Concours oratoire de CFNS sont encourag�s � d�penser leur prix pour payer leur passage sur le voyage SEV. Tout �l�ve, gar�on et fille, de la Xe, XIe et XIIe, parlant convenablement le fran�ais, peut soumettre une demande. Mais avant d��tre choisi, un candidat doit faire remplir un formulaire d��valuation � son professeur de fran�ais, son directeur d��cole, son cur� et un officier du cercle local de l�ACFC. L��valuation cherche � savoir si le jeune parle convenablement le fran�ais, s�il est fid�le � ses devoirs religieux, s�il manifeste un int�r�t � la culture fran�aise, s�il boit, etc., etc. Toutefois, les organisateurs connaissent assez bien la province pour savoir qu�ils ne peuvent pas exiger que tous les voyageurs aient suivi le cours de fran�ais de l�ACFC �parce que cette distinction excluerait un certain nombre de bons candidats qui n�ont pas le fran�ais de l�ACFC chez eux.� Bien s�r, un candidat ayant suivi le cours de fran�ais de l�ACFC a un avantage sur celui qui n�a pas eu cette occasion. Un jeune de la XIe ann�e est g�n�ralement choisi avant un confr�re de la XIIe ann�e �parce que ce jeune peut retourner dans son �cole pour partager son exp�rience�. La pr�f�rence est parfois donn�e au gar�on dans l��cole, non pas parce que les organisateurs sont sexistes, mais �pour avoir un nombre suffisant qui, chaque ann�e d�ailleurs, est inf�rieur � celui des filles�. Avant tout, les jeunes qui sont choisis doivent s�assurer d��tre de dignes repr�sentants de la Saskatchewan fran�aise. Malgr� tout, le Comit� SEV se r�serve le choix final des participants. Comme bien des anciens voyageurs disent: �Si Merc t�aimait...�. L�organisation des voyages Afin de s�assurer que chaque voyage se d�roulera sans probl�mes majeurs, un Comit� SEV avait �t� mis sur pied d�s 1968. �Le Comit� SEV �tait responsable des voyages SEV, SEVI et Dr. Hamelin, ainsi que le journal La S�ve et le Camp FEU, et les r�unions � No�l, le tirage annuel, les archives, les soupers de rencontres SEV et SEVI, et les jours de pr�parations.� Prenons le temps de repasser certains des sigles ci-hauts mentionn�s. SEV �tait �Saskatchewan �tudiante Voyage� tandis que SEVI �tait le voyage international g�n�ralement sous la direction de l�abb� Arthur Marchildon. Dr. Hamelin �tait un voyage �change pour des jeunes de North Battleford. Les Camps FEU (Fran�ais �tudiants Unis) �taient des camps d��t� � Victoire, commenc�s pour les jeunes (16 � 20) qui n�avaient pas �t� choisis pour le voyage SEV. Plus tard, ces camps serviront comme outil pr�paratoire au voyage pour des jeunes de 14 � 15 ans. En ce qui concerne ces camps, certains se posent encore aujourd�hui la question: �Est-ce que c��tait un �test� pour savoir qui ferait un bon voyageur?� Enfin, il ne faut pas oublier les voyages ESS (�change Saguenay Saskatchewan) o� un groupe de jeunes de la r�gion de Chicoutimi venait passer deux semaines dans les provinces de l�Ouest (� la fin ao�t), apr�s avoir accueilli chez eux les voyageurs de SEV. Le Comit� SEV �tait responsable d�assurer la bonne marche de chacun de ces projets. Pour aider avec le travail, on avait �tabli l�Amicale �La S�ve� qui regroupait les amis et les anciens voyageurs de SEV et de SEVI et les participants des Camps FEU et des voyages Dr. Hamelin et ESS. Toutefois, le gros du travail reposait g�n�ralement sur les �paules du p�re Andr� Mercure, de l�abb�
Arthur Mar-childon, de Soeur Marguerite Bourgeois et de Mlle Cathe-rine Dupont de la paroisse Saint-Andr� de North Bat-tleford. �Les gens de North Battleford se rappellent certainement du petit coin bien rempli de filli�res. Chaque ann�e, des centaines de lettres dict�es par les p�res faisaient leur chemin autour du monde. Mlle Catherine Dupont et Sr. Marguerite Bourgeois et toutes les autres secr�taires �travaillent jour et nuit sur ce travail �norme� sans compter leurs heures.� Le Comit� SEV est compos� d�un �x�cutif et de directeurs, soit des amis de SEV, des anciens voyageurs de la r�gion de North Battleford et le pr�sident de l�ACFC locale. SEV, bien s�r, est organis� par le Comit� SEV sous le patronage de l�ACFC de North Battleford et de l�ACFC provinciale. Le p�re Mercure accepte de relever beaucoup des responsabilit�s du programme SEV. Il n�est donc pas surprenant que pendant les ann�es qu�il est cur� de paroisse � Edmonton, les anciens voyageurs qui se trouvent dans la r�gion de la capitale albertaine sont appel�s � venir aider � remplir des enveloppes. Le financement des voyages �Le voyage SEV n�est pas organis� par l�ACFC provinciale, mais elle lui donne son encouragement et son appui moral aupr�s du Secr�tariat d��tat d�Ottawa.�
Entre 1968 et 1975, le Comit� SEV re�oit des subventions substantielles du Secr�tariat d��tat du Canada pour lui permettre de r�aliser ses projets, principalement les voyages SEV et SEVI. Mais le Comit� re�oit aussi un appui financier de nombreuses organisations provinciales, nationales et internationales (comme la Soci�t� Saint-Jean-Baptiste de Montr�al et France-Canada), de nombreuses paroisses canadiennes-fran�aises et d�individus � travers le pays. Cependant, les emb�tements financiers s�amplifient vers 1974. D�autres groupes, comme l�ACFC provinciale, s��taient lanc�s dans les voyages-�changes. En 1974, l�octroi du Secr�tariat d��tat est coup� de deux-tiers comparativement � l�ann�e pr�c�dente. Les organisateurs doivent choisir entre deux solutions: annuler le voyage ou solliciter de l�aide ailleurs. Les amis et anciens de SEV et Radio-Prairie-Nord Lt�e viennent au secours du voyage. M�me l�ACFC provinciale contribue envers la r�ussite du voyage 1974. Le Gouvernement du Qu�bec est une autre source de financement; il aide au niveau de l�accueil des jeunes dans la province de Qu�bec, comme � Chicoutimi. La contribution du voyageur doit �tre pay�e par le comit� local de l�ACFC. Mais il arrive parfois que les parents sont oblig�s de payer eux-m�mes la note. Cette contribution augmente d�ann�e en ann�e; en 1968, la contribution est de 75 $ par voyageur, mais bient�t, cette somme d�passe 250$. � part de cette contribution, les voyageurs, aid�s des anciens et des amis de SEV, vendent pour des milliers de dollars de billets �Pay What You Pull� chaque ann�e. Comme derni�re ressource, des anciens et des amis acceptent de d�frayer, de leur poche, des d�penses suppl�mentaires du voyage.
M�me si le voyage SEV ne remplit plus les crit�res d�admissibilit� du Secr�tariat d��tat et donc n�est plus �ligible pour des subventions, il est au cr�dit des organisateurs qu�ils n�aient pas accept� de se plier aux exigences du gouvernement et de changer le caract�re du voyage. Le soutien de la paroisse St-Andr� de North Battleford devient de plus en plus pr�cieux et les jeunes (et leurs parents) acceptant de d�bourser une plus grande partie des co�ts. Les voyages Le financement �tant en place et la plupart des jeunes ayant �t� choisis, les organisateurs convoquent les jeunes � des journ�es de pr�paration. Les premi�res ann�es, cette pr�paration se fait les trois jours avant le d�part. Plus tard, elle aura lieu � North Battleford au printemps. �Une cinquantaine de jeunes de 15 � 18 ans prenaient des cours: le secret du charme et les bonnes mani�res. Ils recevaient aussi de l�information sur l�histoire des francophones de la Saskatchewan, de la politique et de l��conomie de la province. �Tu ne peux pas repr�senter ta province si tu ne la connais pas� leur disait le p�re Mercure.� Mais pour bien des jeunes, le traditionnel �party� chez Louis Bandet de North Battleford est plus important que les renseignements concernant le voyage. C�est lors de cette rencontre que le comit� fait son choix final sur les 35 � 45 jeunes qui feront le trajet. �Si un jeune ne s��tait pas bien comport� pendant les pr�parations, il �tait notifi� et remplac� par un substitut.� La veille du d�part, les jeunes se r�unissent pour choisir le gouvernement du voyage. On choisit un ex�cutif avec un(e) pr�sident(e), un(e) vice-pr�sident(e) et plusieurs secr�taires (un pour le journal du voyage, un autre pour remercier les h�tes, etc.). Il y a aussi plusieurs ministres de choisis parmi les voyageurs (finances, alimentation, etc.).
Le ministre des transports, par exemple, est charg� d�organiser une cha�ne humaine de 35 jeunes pour lever les valises sur les �tag�res au dessus des bancs et en ranger d�autres sous les bancs et toujours assurer que l�autobus soit charg� dans quelques minutes. Le ministre de l�alimentation doit voir � ce que les repas soient pr�par�s, m�me s�il doit se lever � 4 h 30. �Le �peanut butter� et �jam� ou les �beans� faisaient l�affaire mais avec �Maman� Topping, un bon repas de dinde et garnitures �tait tout � fait possible.� Edgar Topping de Bellevue est le conducteur officiel des voyages SEV pendant de nombreuses ann�es et son �pouse, Donalda, (�Maman� Topping) l�accompagne et devient conseill�re des jeunes. Les derni�res ann�es, M. et Mme Topping ne font plus le voyage et il y a plusieurs personnes qui agissent comme conducteurs de l�autobus et comme conseillers. Puis avant de monter dans la �Pitoune�, l�autobus officiel du voyage, le p�re Mercure fait un dernier sermon aux jeunes dans lequel il partage son exp�rience de �voyageologie�. Voici quelques-uns des derniers conseils offerts aux voyageurs: �Pas d�mariage en voyage! Jamais seul, rarement deux, souvent quatre ou cinq! D�constipez-vous, c�est-�-dire, d�g�nez-vous! Pas de cliques! M�me si nos pieds sont fatigu�s, on ne se plaint pas!� Puis, pour finir son message de d�part, il r�it�re g�n�ralement sa philosophie de voyage: �Je veux vous saucer dans le Lac St-Jean afin que vous ayez vraiment la chance de vous d�velopper et de vous exprimer dans une ambiance totalement fran�aise.� Puis, on est pr�t � partir pour...Saskatoon... Regina... St-Norbert... St-Boniface... North Bay... Sudbury... Ottawa... Montr�al... Qu�bec... Chicoutimi... Baie St-Paul... Caraquet... Mont Carmel (�-P-�), Louisbourg, St-Jean (Terre-Neuve),
Halifax, Lewiston (Maine), Chicago, Detroit et Duluth (Minn). Il s�agit ici de seulement quelques-uns des endroits visit�s au cours des ann�es. Au d�but, certains groupes passent m�mes quelques jours � visiter la Saskatchewan avant de rentrer chez eux � la fin du voyage. Entre 1968 et 1979, plus de 400 jeunes font le voyage SEV, soit environ 35 par ann�e. Chacun garde de doux souvenirs personnels de son exp�rience sur SEV. Mais, la plupart vivent des exp�riences semblables. �Avant de s�habituer, on se cognait souvent la t�te sur l��tag�re au-dessus des bancs de l�autobus.� �On couchait sur des planchers durs sans oreillers. C��tait pas trop confortable.� �Les maires nous pr�sentaient avec les clefs de la ville. Nous �tions int�ress�s, surtout que la c�r�monie serait suivi d�un banquet, souvent le meilleur repas de la semaine.� Combien d�anciens voyageurs se souviennent du fameux club des �pipeux�? Le club est fond� sur le voyage SEV �69. �Daniel LeBlanc, Roland Beauchesne, Omer DeGagn�, Aubin Gaudet, Martin Laforge, Maurice Laventure, Richard Marcotte et Roland Roy faisaient partie du club. M�me M. Topping, qui ne fumait pas, a pris part dans un concours que Maurice Laventure a
gagn�. Il fallait nettoyer, bourrer, allumer et fumer sa pipe en lisant le journal en trois minutes.� Comme les temps ont chang� au cours des ans. Alors qu�au d�but des voyages, il �tait strictement interdit de porter des �jeans� et des espadrilles en voyage, il �tait tout � fait permis de fumer dans la Pitoune. Aujourd�hui, la cigarette se voit interdite partout, mais � cette �poque, �Merc avait toujours son cigar � la bouche.� En 1971, le groupe SEV rencontre le premier ministre du Canada, l�Honorable Pierre Elliot Trudeau. C�est � ce m�me M. Trudeau qu�on attribue le slogan: �Les voyages forment la jeunesse.� Ces m�mes voyageurs de 1971 ont l�occasion de visiter la compagnie Playtex Bra. �On s�pare les gars des filles. Bien s�r, les gars sont les derniers � revenir � l�autobus.� Les voyageurs de SEV �72 vivent un �pisode moins plaisant: �Accident de L�o Konanz. Il est frapp� par une automobile et reste � l�h�pital G�n�ral d�Ottawa pour trois semaines. Il rejoint le groupe pour une journ�e avant de retourner chez lui.� �Suzanne Grimard manque l�autobus de Montr�al � Valleyfield.� Cette voyageuse de SEV �74 d�couvre que l�avertissement du p�re Mercure, qu�on n�attend pas pour ceux qui sont en retard, est bel et bien vrai. Mlle Grimard doit trouver ses propres moyens pour se rendre � Valleyfield. Chaque ann�e du voyage SEV, les jeunes reviennent avec une multitude d�histoires � conter � leurs parents et amis. Gustave Gaudet (SEV �70) raconte les souvenirs suivants: �Nous sommes all�s � la p�che � Caraquet, N.B. Louise Gaudet a noy� son poisson en essayant de l�entrer. C��tait durant une temp�te o� chaque vague remplissait le bateau. On a tellement �t� bascul� que plusieurs eurent le mal de mer. SEV �70, c��tait l�ann�e des 11 crevaisons � la Pitoune. On avait un syst�me bien organis� pour assurer que la Pitoune reprenne le chemin en moins de trois minutes. Guy Bissonnette, le plus gros du groupe, enlevait les tarreaux, Georges Lavoie et Raymond Ouellette levaient la Pitoune avec le
�jack� et moi je me glissais sous l�autobus pour sortir le �spare�. On est all� voir un match des Expos contre les Cubs de Chicago au vieux Jarry Park. Les Expos ont gagn�.� Il arrivait parfois que les choses ne tournaient pas rond. Stella Gareau (SEV �74) se souvient d�une journ�e en particulier de son voyage. �Malgr� toute l�organisation, nous avons eu bien des probl�mes le 17 juillet 1974. Le matin, on quitte St-Bruno pour se rendre � Rimouski. On a une journ�e bien remplie d�activit�s: la traverse du fleuve St-Laurent � St-Sim�on, visite du centre des loisirs de Rivi�re-du-Loup, d�ner champ�tre et arriv�e � Rimouski � 16 h 00 pour une r�ception officielle � l�h�tel de ville suivie d�une tourn�e de la ville, d�un souper offert par la ville et une soir�e avec les jeunes de la place. Le coucher �tait pr�vu � la polyvalente Paul-Hubert. On arrive � l�h�tel de ville � 16 h 00. Pas de maire! Personne nous attend! Pas de r�ception, pas de souper, pas de soir�e ni m�me de lieu pour se coucher. Cependant, le p�re Mercure et Mme Topping r�ussissent � trouver
notre personne contact � Rimouski. Elle nous trouve un endroit � coucher dans une b�tisse qui doit devenir foyer d��ge d�or. Pour le souper, c�est au Buffet �clair aux frais de SEV. Et tout retourne � la normale.� Nombreux sont les anciens qui ont laiss� des souvenirs de leur voyage. Julien Poulin et Luc April (SEV 72) �crivent: �Nous avons appris que la chose la plus importante pour un voyage comme tel, c�est de rendre service aux autres et d�essayer de se comprendre mieux les uns les autres. Aussi, gr�ce au P�re, nous avons appris un tas de bonnes choses qui nous aideront �norm�ment dans chacune de nos vies. Merci � P�re Mercure pour son courage, � M. Topping pour sa patience et � Mme Topping pour son aide.� Une autre des membres de SEV �72, Ren�e Verville, �crivait dans le Journal �La S�ve�: �Il faut en faire l�exp�rience pour d�couvrir l�intensit� des liens de fraternit� qui s��tablissent et grandissent entre les jeunes durant un mois et demi. Nous devenons une famille, l�amiti� grandit, et nous nous enrichissons au contact des personnes que nous rencontrons tout au long du chemin qui nous accueillent avec tant de chaleur humaine.� Rita Magnin (SEV 76) �crit: �Je me souviens qu�on chantait tout le temps. C��tait l�ann�e que les �tats-Unis c�l�braient leurs bicentenaire. Nous avons �t� invit�s de participer au d�fil� de Lewiston (Maine). Nous chantions tout en marchant, suivit de la Pitoune. Et apr�s, nous avons donn� un concert dans le parc. On nous a pr�sent� comme les �Canadian Singers�.� En 1977, on ajoute des nouvelles couleurs au voyage. Lisette Jeanneau (SEV 77) �crivait � l�occasion: �Nous c�l�brons notre dixi�me anniversaire... nous sommes embarqu� dans �La Pitoune� (Notre autobus) qui a �t� peintur� d�un frappant vert et jaune en imitation du drapeau de la Saskatchewan. Non seulement la Pitoune a rev�tu un beau manteau neuf, mais chacun de nous a re�u un blouson vert avec l��cusson de SEV.� Enfin, les jeunes �crivent dans leurs journaux: �On �tait excit�. On avait peur. On s�ennuyait parfois. On se trouvait � peau blanche sur les plages. Jamais n�aurions-nous devin� les larmes qui couleraient lorsqu�on se diraient au revoir apr�s les six semaines.� Apr�s les voyages D�s le d�but, le p�re Mercure et l�abb� Marchildon organisent des rencontres d�amiti�s et d��valuation. Les anciens se rencontrent chaque ann�e � No�l � North Battleford. Il y a aussi des rencontres d�universitaires, anciens de SEV, des soupers dans les paroisses des voyageurs comme � Regina, Saskatoon et Edmonton. En 1972, � l�occasion du 25e anniversaire de mariage de M. et Mme Topping, il y a une grande rencontre de SEV � Bellevue. En 1969, le Comit� SEV met sur pied �L�Amicale �La S�ve�� dont le but est d�entretenir des liens entre ses membres par des rencontres et des reportages et autres documents. Apr�s la mort du p�re Mercure en 1986, l�Amicale �La S�ve� cesse d�exister et c�est seulement au cours de la derni�re ann�e que des anciens ont entrepris de la faire rena�tre. Le journal �La S�ve� est aussi fond� en 1969. Tout en payant leur cotisation � l�Amicale �La S�ve�, les anciens s�assurent un abonnement au journal. Le journal est publi� quatre fois par ann�e par le p�re Mercure et l�abb� Marchildon et continue � para�tre jusqu�au printemps 1981. Vers le milieu des ann�es 1970, le caract�re m�me de SEV commence � �voluer. On commence � permettre aux gars le port des �jeans� et des �t-shirts� et aux filles celui des �halter dresses�. Alors que les premiers gars � faire le voyage en 1968, 1969, 1970, etc. �taient strictement interdits d�avoir les cheveux longs, ce r�glement n�existe plus en 1978. Cette ann�e-l�, Daniel Poulin est directeur du groupe et lui-m�me porte les cheveux jusqu�aux �paules. Le groupe de SEV �79 passe trois jours au festival historique �On s�garroche � Batoche� avant d�entreprendre ce qui sera le dernier voyage. Quelques mois plus tard, une �poque prend fin. �La r�union
de No�l �tait un vrai fiasco car tout le monde n�avait pas re�u une lettre d�invitation. Une vingtaine se trouvent � North Battleford et sont d��us.� Le voyage SEV cesse d�exister. Toutefois, entre 1968 et 1979, SEV aura permis � plus de 400 jeunes Fransaskois de vivre une exp�rience inoubliable. Le p�re Andr� Mercure, OMI et l�abb� Arthur Marchildon avaient caress�, en 1967, un r�ve. Celui d�organiser des voyages qui pourraient servir de formation pour une rel�ve franco-canadienne en Saskatchewan. Des voyages qui pourraient servir � reb�tir la fiert� des jeunes pour leur h�ritage francophone. Des voyages qui permettraient de baigner la jeunesse de la Saskatchewan dans un atmosph�re fran�ais. Ces buts furent-ils atteints au cours des ann�es? Une personne n�a pas � chercher loin pour trouver des anciens voyageurs. Ils sont impliqu�s dans les organisations fransaskoises provinciales, r�gionales et locales. On les trouve dans les groupes de parents fransaskois, parmi les syndics et les comit�s de la pastorale. Mais avant tout, la plupart continuent d��tre fiers de leurs racines fran�aises. Sa vocation, celle de b�tir une rel�ve fransaskoise, Saskatchewan �tudiante voyage l�a bien remplie. Merci! Un ancien, Armand Poirier (SEV 72), �crivait r�cemment: �SEV, c�est une exp�rience
qui m�a beaucoup touch�. Ayant grandi dans une famille pauvre, je n�aurais jamais eu une telle chance. �a m�a fait beaucoup grandir. Lors du voyage de SEV j�ai vu une croix au Qu�bec sur laquelle fit inscrit: �Canadien fran�ais - garde ta langue, aime ta foi et conserve tes traditions�. SEV m�a certainement aid� � cet �gard.� En 1991, lors d�une discussion entre des anciens voyageurs et l�abb� Arthur Marchildon, il a �t� convenu d�organiser un mini-colloque qui a eu lieu cette ann�e-l�. L�ann�e suivante, on a pr�par� un vid�o intitul� �Reflets sur S.E.V.� qui a �t� pr�sent� � la F�te fransaskoise � Z�non Park. Apr�s une �tude aupr�s des anciens, on d�cide de f�ter le 25e anniversaire de �La S�ve� en 1993. Cette r�union de famille aura lieu les 16, 17 et 18 juillet 1993 � la Ferme Champ�tre � St-Denis. Plusieurs anciens voyageurs ont d�j� indiqu� qu�ils y seraient. Tous sont invit�s... anciens voyageurs et amis de �La S�ve�. Dit donc! � cette date, les 16, 17 et 18 juillet 1968, le premier groupe SEV �tait rendu � quel endroit ... * * * * * En 1991, l�abb� Arthur Marchildon commence � s�inqui�ter des archives de SEV qui sont entrepos�es dans son garage. Il demande alors � quelques anciens de faire le m�nage dans les bo�tes de documents et de les pr�parer pour qu�ils soient d�pos�s et pr�serv�s aux Archives de la Saskatchewan. D�j�, certains documents ont �t� d�truits par accident et l�abb� Marchildon veut s�assurer que le m�me
sort ne soit pas r�serv� aux documents encore dans sa possession. Il manque toutefois certains documents, comme des �journaux de voyage�. Des anciens ont peut-�tre des copies de ces documents. Si c�est le cas, il serait possible de les photocopier avant de d�poser les documents aux Archives de la Saskatchewan. L�original serait retourn� � son propri�taire. Donc, si vous �tes un ancien et que vous avez encore le journal de voyage de votre ann�e, communiquez avec Alice (Gobeil) Gaudet au 423-5349. (L�information pour cet article a �t� puis�e ici et l� dans les archives de �La S�ve�.) La messe avait une place importante dans le quotidien des voyages SEV. Sur cette photo de SEV 77, on aper�oit Michel Pouliot, Colette Blanchette, Michelle Hudon et Ronald Labrecque autour du p�re Mercure. Les deux enfants sont inconnus. Photo: La S�VE |
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