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Sainte Colette et le district scolaire Lacadia

Ste-Colette est l'une des missions desservies par Radville chaque mois. C'est un spectacle édifiant de voir les catholiques venir de fort loin pour assister à la messe; c'est parfois toute une famille qui arrive en voiture trainée par des boeufs.

Le Patriote de l'Ouest
le 9 décembre 1915
En 1906, l'abbé Thomas Jacquet, un Français, s'était réservé un homestead dans le district de Lacadia, environ 25 kilomètres au sud-ouest de Radville.«Il bâti avec son père une hutte en tourbe et célébrait la messe tous les dimanches jusqu'à l'année 1908 où l'église a été commencée et finie en 1909 et a été dédiée à la patronne Sainte-Colette.»(1) L'archévêque de Saint-Boniface avait donné sa permission, en 1908, de bâtir une église dans le district de Lacadia et l'abbé Jacquet avait décidé de la construire dans le coin nord-est de son carreau. Dans les récits du coin, on dit que le curé aurait planté sa canne sur une hauteur au coin de sa terre et aurait crié: «Ici Seigneur je bâtirai votre temple.»(2) L'abbé Jacquet a quitté le Canada pour la Lousianne en 1911. Il a été le seul curé-résident à Sainte-Colette. Après son départ, la paroisse a été desservie par le curé de Radville jusqu'à sa fermeture en 1972.

En 1933, la petite église construite en 1908-1909 n'était plus au centre de la communauté catholique et une nouvelle église a été bâtie au centre de la paroisse. Léon Carle, père, a donné 10 acres pour la nouvelle église. L'église construite par l'abbé Jacquet a donc été démolie et le bois a été utilisé dans la nouvelle église.

En 1911, les colons du district de Lacadia ont commencé les démarches pour une école pour les enfants de la région. Cette année-là, il y avait 21 enfants âgés de 5 à 16 ans.Une réunion a eu lieu le 10 juin 1911 dans la maison de Sylva Bourassa et il a été décidé de fonder le district scolaire de Lacadia #290. Deux francophones (Victor Bourassa et Octave Dufresne) et un anglophone (Victor Yingst) ont été élus commissaires. Une taxe scolaire de 5 cents l'acre a été imposée pour la construction d'une école 20 pieds par 34. Gilbert Audette a transporté les matériaux de construction et Léon Martin de Radville a été embauché pour bâtir l'école. La première enseignante, en 1912, a été Mademoiselle Charlotte Cahill. L'année suivante elle a été remplacée par Mademoiselle Corinne Boiteau. «Le 9 avril 1913, les commissaires ont embauché Mademoiselle Corinne Boiteau comme institutrice pour l'année scolaire à un salaire de $65.00 par mois et pour enseigner le français après 3 h 00 de l'après-midi, l'anglais devant être enseigné et parlé par l'institutrice avant 3 h 00.»(3) Il est important à noter qu'en 1913, l'enseignement du français était permis dans les écoles de la Saskatchewan pour plus d'une heure par jour et pouvait être enseigné à n'importe quel moment de la journée.

Toutefois, la question de l'enseignement du français semble avoir été une question délicate dans le district scolaire de Lacadia, même si la majorité des contribuables étaient francophones. En 1911, un seul commissaire anglophone avait été élu dans le district scolaire. C'était à nouveau le cas en 1915. Malgré cela, le commissaire anglophone s'opposait à l'enseignement du français, ce qui avait motivé le correspondant du Patriote de l'Ouest à écrire le 9 décembre 1915: «Notre école fait d'excellents progrès sous la direction de M. McLellan qui enseigne l'anglais, le français, et aussi le catéchisme. Le printemps dernier, le commissaire de langue anglaise s'opposa à l'engagement d'un instituteur bilingue, mais il est maintenant en faveur de garder notre instituteur pour un second terme. Ce qui montre qu'un instituteur peut enseigner les deux langues à la satisfaction de tous dans une école commune.»(4)

À cette époque, plusieurs écoles fermaient pendant les mois d'hiver. C'était le cas de l'école de Lacadia. «Comme l'école sera fermée durant l'hiver, un certain nombre d'élèves suivront les classes du nouveau et magnifique couvent de Radville.»(5)

En 1944, la grande unité scolaire de Radville a été formée et dix ans plus tard, le 30 juin 1955, l'école a fermé ses portes pour la dernière fois, Dorénavant, les enfants du district seraient transportés à Radville.

Pourquoi le choix de Lacadia. «L'assemblée avait suggéré plusieurs noms pour le nouveau district: Lakeside, Bellevue, Victoria et Lacadie. Le choix final en revenait toutefois aux autorités du ministère de l'Instruction publique... Les documents nécessaires furent expédiés au ministère et le nom de Lacadia (le commis aux écritures avait peut-être tout simplement mal lu un formulaire et pris le «e» pour un «a») fut retenu.»(6)


Comme dans bien d'autres région de la Saskatchewan, Sainte-Colette a surtout été colonisée par des francophones, même si certains ont souvent essayé de limiter l'enseignement du français à l'école Lacadia. Les braves colons de Sainte-Colette venaient du Québec, des États-Unis, de Belgique et, en grand nombre, de France.

Jean-Marie Porte, Jean Creusot, les frères Joseph et Albert Viguie, Ernest Rabin, Pierre Barbarin, Thomas Jacquet, prêtre, Eugène Bourgeois, Fernand Pichard, Henri Rivière et les frères Henri, Albert et Louis Mazenc ne sont que quelques-uns des colons venus de France.

Un nom bien connu dans la communauté fransaskoise est celui de la famille Rivière puisque le fils d'Henri Rivière, Paul, a longtemps été impliqué dans les mouvements coopératifs de la Saskatchewan. Henri était né à Regardet (Aveyron) France vers 1890. En 1906, à l'âge de 17 ans, il avait quitté la France pour l'Ouest canadien en compagnie des trois frères Mazenc, Henri, Albert et Louis. Les quatre s'étaient premièrement rendus à Wauchope, dans le sud-est de la province, où ils ont travaillé comme manoeuvres saisonniers dans des fermes de la région. Pendant l'été, les quatre se sont rendus au bureau des Terres du Dominion à Weyburn et se sont inscrits pour des homesteads dans la région de Radville. Ils n'avaient même jamais vu le terrain. Ils avaient pris les quatre carreaux de la section 2-5-19-W2.

Durant la Première Guerre Mondiale, Henri Rivière et Louis Mazenc s'étaient rendus en France pour s'enrôler dans l'armée française. À la fin des hostilités en 1918, les deux jeunes hommes s'étaient mariés avant de revenir au Canada. Henri Rivière avait donc épousé Angèle Malet en 1919 et de cette union sont nés cinq enfants, trois fils et deux filles.

Un deuxième groupe important de francophones dans la paroisse Sainte-Colette venait du Québec, quoiqu'un nombre important avait séjourné aux États-Unis avant d'arriver dans le sud de la Saskatchewan. Parmi francophones d'origine québécoise à Sainte-Colette mentionnons les Canadiens-français, Octave Dufresne, Joe Fradette, Alfred Labbée et Raoul Marceau et les Franco-Américains, Victor, Joseph, Émile, Sylva et Romuald Bourassa et Gilbert Audette.

Comme dans le cas de la famille Rivière, le nom Audette est bien connu dans la communauté fransaskoise. Gilbert Audette était né à Saint-Jean, Québec, en 1881. En 1905, à l'âge de 24 ans, il s'était dirigé vers l'ouest en compagnie d'Alfred Bourassa qui vivait alors au Dakota-Sud. Audette avait aidé avec les travaux des moissons, puis avait ensuite passé l'hiver à s'occuper du bétail et de la forge d'un des fils d'Alfred Bourassa. Là, il avait fait la connaissance de la fille de Pierre Bourassa qu'il avait épousé en 1907.

En 1908, ses beaux-frères avaient décidé de déménager au Canada et Gilbert Audette les avait suivi jusqu'à Sainte-Colette où il avait pris un homestead. Les premières années, il avait gagné sa vie à transporter du charbon des mines de Gladmar pour les habitants de Radville et Sainte-Colette.

Une fois qu'il a eu obtenu ses lettres patentes pour son homestead, Gilbert Audette a déménagé sa famille à Radville où il a travaillé comme garçon de bar à l'hôtel Empire et comme commis au magasin Eby. En 1921, il avait déménagé à nouveau, cette fois à Laflèche où il a été propriétaire d'un magasin. En 1929, il a déménagé une dernière fois, à Regina, où il a continué à gérer un magasin. Gilbert Audette était le père de six enfants, trois fils et trois filles. Le mieux connu est Julien qui a été pendant de nombreuses années pilote pour les services d'ambulance aérienne du gouvernement de la Saskatchewan. Il est intronisé au Temple des sports de la Saskatchewan comme détenteur de plusieurs records canadiens de vol à voile.

Plusieurs familles belges se sont établies à Sainte-Colette au début du siècle dont les Van De Heade, Verbeugt et Delanoy. Il y a aussi eu trois familles françaises d'Afrique, soit les Carle, Imbert et Breton.

Si la paroisse Sainte-Colette et l'école Lacadia n'existent plus, les descendants des colons ci-haut mentionnés ont raison d'être fiers de leur héritage francophone et de la contribution qu'ont fait leurs ancêtres au développement de la Saskatchewan et de sa communauté fransaskoise.

références

(1) Our First 50 - A History of the Town of Radville, Saskatchewan, 1910-1960, Radville: 1960, p. 54 (Traduction).
(2) Ibid., p. 54.
(3) History Committee of R.M. of the Gap #39, Builders of a Great Land, History of the R.M. of The Gap No. 39 Ceylon and Hardy, Ceylon: History Committee of R.M. of the Gap #39, 1980, p. 545 (Traduction).
(4) «Ste Colette (Daleview) Sask.», Le Patriote de l'Ouest, le 9 décembre 1915.
(5) Ibid.
(6) Lapointe, Richard et Tessier, Lucille, Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan, Regina: Société Historique de la Saskatchewan, 1986, p. 260.

Sources

Un bout d'histoire... 215 et 216

History Committee of R.M. of the Gap #39, Builders of a Great Land, History of the R.M. of The Gap No. 39 Ceylon and Hardy, Ceylon: History Committee of R.M. of the Gap #39, 1980.

Lapointe, Richard et Tessier, Lucille, Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan, Regina: Société Historique de la Saskatchewan, 1986.

Our First 50 - A History of the Town of Radville, Saskatchewan, 1910-1960, Radville: 1960.

«Ste Colette (Daleview) Sask.», Le Patriote de l'Ouest, le 9 décembre 1915.

Lapointe, Richard 100 NOMS, Regina: Société Historique de la Saskatchewan, 1988.





 
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