Revue historique: volume 12 numéro 4Saint-Isidore de Bellevue 1902 2002par Laurier Gareau Vol. 12 - no 4, juin 2002
Les premières heures de Saint-Isidore de Bellevue Lydia Gaudet a décrit la région de Bellevue comme suit dans une introduction au chapitre de la paroisse St-Isidore dans le nouveau livre d'histoire: Souvenirs 1902-2002, St. Isidore de Bellevue: «Si vous étiez venus faire un tour à Bellevue avant les années 1880, vous auriez trouvé beaucoup de grands arbres, un peu de prairie, des petits animaux sauvages, et quelques familles de Métis installées dans les environs. Et à l'ouest, vous seriez arrivés sur la petite colonie de Batoche.» En 1882, un jeune Canadien français du Québec, Azarie Gareau, est arrivé dans la région. Il venait de passer douze ans de sa vie dans les villes manufac-turières de l'état du Massachu-setts et cherchait une meilleure vie pour sa jeune famille. Son jeune frère, Ludger, était déjà installé à Batoche depuis 1878 où il gagnait une bonne vie comme menuisier. Entre autres, Ludger avait construit la maison et le magasin de Monsieur Batoche, le traiteur métis Xavier Letendre dit Batoche. Toutefois, Azarie n'était pas intéressé à devenir menuisier; il était plutôt venu à la recherche des bonnes terres agricoles qui étaient disponibles dans la région. Il a trouvé un lopin de terre à son goût immédiatement à l'est et au nord de la réserve indienne One Arrow. C'était le carreau
En 1883, Azarie a fait venir sa femme et ses trois enfants qui étaient restés chez Antoine Gareau, le père d'Azarie, à St-Jacques de l'Achigan (Québec). Sa femme, Julie Beauchemin, attendait un bébé (Wilfrid) né en 1882. L'histoire populaire veut que le jeune frère d'Azarie, Napoléon, soit venu dans l'Ouest avec Ludger en 1878. Il est peu probable que ce soit le cas car il n'aurait eu que 12 ans. Il est beaucoup plus probable qu'il soit arrivé avec Julie et les enfants en 1883 alors qu'il avait 17 ans. Napoléon s'est associé à son frère Ludger pour la construction de l'église et du presbytère de Batoche, deux édifices qui ont survécu à Batoche depuis plus de 100 ans. Installé à Bellevue, Azarie s'est préoccupé très tôt de l'éducation des enfants car son plus vieux, Napoléon, né en 1876, était d'âge scolaire. Quelques mois seulement avant la bataille de Batoche en 1885,
Selon Mme Julie Gareau, dans le nouveau livre d'histoire de Bellevue: «Grand-père (Azarie Gareau) avec les quelques Métis, squatteurs des environs, bâ-tirent une petite école en «logs» en
Toujours selon le livre d'histoire de Bellevue, «il n'y a pas d'enseignants enregistrés pour quelques-unes des années suivantes. C'est possible que l'école était fermée et que les jeunes recevaient de l'instruction à la maison. Alex Fisher enseigna en 1896 aux familles Gariépie, Smith, Parenteau et Fisher.» En 1890, Azarie Gareau a fait venir sa s'ur, Rosanna, pour voir à l'éducation de ses propres enfants. Deux ans plus tard, en 1892, Rosanna a épousé un vétéran de la résistance de 1885, Philippe Chamberland, qui était établi sur un homestead environ un kilomètre à l'ouest d'Azarie. Sa carrière d'enseignante était ainsi terminée. Après 1897, Azarie Gareau a envoyé ses enfants à l'école de Batoche. Ils étaient pensionnaires au presbytère et recevaient leur éducation de mademoiselle
De nouveaux colons canadiens-français et français sont venus se joindre à Azarie Gareau et Philippe Chamberland durant les années subséquentes. En 1892, la compagnie de chemin de fer du Canadien Pacifique a envoyé Azarie Gareau dans l'Est du pays pour y faire du recrutement de colons pour l'Ouest. Il s'est rendu dans son village natal de St-Jacques de l'Achigan et a réussi à convaincre des cousins à venir s'établir dans l'Ouest: Camille et Edmond Gaudet en 1894 et Ulric Grenier en 1895. Toujours en 1895, la famille Bourdon est arrivée de Chateauguay (Québec) et deux familles sont arrivées de France: les Guigon et les Savidan. Ils allaient chercher leur courrier au bureau de poste de Batoche. Puisque Batoche était tout de même éloigné, Azarie Gareau a demandé à Ottawa la permission en 1897 d'ouvrir un bureau de poste dans sa maison. L'abbé Roland Gaudet a raconté les débuts du premier bureau de poste de Bellevue comme suit: «Depuis que Azarie Gareau avait un bureau de poste (1897), on appelait les lieux du nom de Garonne. Lorsque Azarie avait fait la demande d'un bureau de poste, il aurait demandé le nom de Gareau; mais lorsque l'étampe arriva, le nom imprimé était celui de Garonne: était-ce confusion linguistique' Ottawa n'aurait pas compris l'écriture de Azarie' Le nom y est resté.» (Gaudet-1977). Azarie Gareau a été le premier maître de poste, comme il avait été le premier maître d'école. En 1915, la gestion du bureau de poste Garonne a été assurée par madame Delvina Gaudet épouse d'Edmond Gaudet. Le bureau de Garonne a donc déménagé dans le magasin des Gaudet situé sur le carreau NE12-44-28 W2, endroit qu'il occupera jusqu'en 1926. L'arrivée de l'abbé Pierre-Elzéar Myre Au début du 20e siècle, une vingtaine de familles étaient établies dans la région de Bellevue. Elles faisaient parties de la paroisse St-Antoine de Padoue à Batoche, mais les gens rêvaient d'avoir un prêtre et une église plus près. En 1902, l'évêque de Prince Albert, Mgr Albert Pascal, omi., a envoyé l'abbé Pierre-Elzéar Myre pour fonder une nouvelle paroisse. Le nouveau curé a baptisé sa nouvelle paroisse St-Isidore de Bellevue. Saint Isidore est le patron des cultivateurs et puisque tous les paroissiens étaient cultivateurs, le choix de nom était idéal. Carol Léonard, dans Mémoire des noms, ajoute un autre petit détail au choix du curé: «Selon certaines sources, l'abbé Myre à sa toute première arrivée s'installa chez Isidore
L'abbé Myre s'est installé chez Isidore Dumas et a pris un homestead, le carreau SE 2-44-28. Sur ce terrain, il y avait la vieille école construite en 1885 et une petite maison. «On n'était pas difficile : l'école de la région scolaire Bellevue, après avoir été rebousillée et blanchie à la chaux, deviendrait l'église, et la maison serait le presbytère.» (Livre d'histoire de Bellevue) À son arrivée en 1902, l'abbé Myre a été engagé comme instituteur. Il a rouvert l'école de Bellevue et les noms de familles Dumas, Gaudet et Gareau étaient sur la liste d'élèves. Selon l'histoire populaire, «Philippe Chamberland protesta du début que cette école était trop loin de chez lui.» (Livre d'histoire de Bellevue) En 1902 et 1903, de nouvelles familles sont arrivées à Bellevue, certaines du Québec: les Houle en 1902 et Ernest Gaudet en 1903; certaines des
Et les années passent ! En 1907 l'abbé Myre a vendu son terrain à Honoré Beaulieu qui a ouvert le premier magasin de Bellevue dans sa maison. Honoré Beaulieu a aussi pris le bureau de poste chez lui. Mais le curé a oublié de réserver le coin de terre où étaient bâtis l'église et le presbytère. La guerre a éclaté entre le curé et le commerçant. Le tout s'est réglé quand les paroissiens ont menacé de construire une nouvelle église plus au nord. Honoré Beaulieu a alors été obligé de céder un lopin de terre à la paroisse s'il voulait que l'église soit située près de son magasin. La menace de construire ailleurs était surtout réelle puisque la vieille école de «logs» ne répondait vraiment plus aux besoins de la paroisse. Il fallait à tout prix construire une nouvelle église et un nouveau presbytère. Entre 1907 et 1910 on a mené des campagnes de prélèvement de fonds pour la construction. En 1910 et 1911, la nouvelle église a été érigée.
La construction a coïncidé avec l'arrivée d'un nouveau curé, l'abbé Henri Chauvin, un français venu de la France, un homme pacifique qui aurait tout fait pour atténuer la mésentente. Les paroissiens ont commencé avec la construction d'un nouveau presbytère près de la vieille église. Cet édifice a été rasé par les flammes en 1912. «Enfin les travaux de notre église s'achèvent. Le presbytère est complètement terminé. Le curé est installé depuis huit jours déjà. Il remercie ses paroissiens de leur bonne volonté et de leur bon esprit. C'est si bon d'être chez soi.» (Patriote de l'Ouest-5 octobre 1910) L'année suivante la nouvelle église était prête à accueillir les paroissiens. «Samedi dernier, toute la contrée de Bellevue était en liesse. M. l'abbé Chauvin, le dévoué curé de cette mission, avait fait pour son église l'acquisition d'une cloche, et Mgr l'évêque était arrivé de Prince Albert pour la bénir... La jolie église, qui domine les environs comme une reine, semblait plus fière encore que de coutume.»
À cette époque, le seul tracé du chemin de fer dans la région était celui de Saskatoon-Duck Lake-Prince Albert. En 1910, il y avait toutefois des rumeurs qui circulaient qu'une nouvelle ligne serait construite à l'est de la rivière. À Bellevue, les gens attendaient impatiemment l'arrivée de cette ligne. «Le chemin de fer va passer prochainement à Bellevue, il n'en est plus qu'à 25 milles. Il va traverser la contrée, et la station d'après tous les renseignements, va être placée à environ 2 milles et demi de l'église.» (Patriote de l'Ouest-5 octobre 1910) Ce serait à cause d'un nommé McKenzie de St-Louis que le chemin de fer n'est jamais passé par Bellevue. Puisque McKenzie refusait de vendre son terrain au Grand Tronc Pacifique, la compagnie ferroviaire a décidé de bâtir la ligne Watrous-Prince Albert plus à l'est. Le chemin de fer a donc traversé les villages de Wakaw, Domrémy et Hoey. Les gens de St-Louis ont déménagé le village plus vers l'est pour se rapprocher du chemin de fer. Quant à la paroisse St-Isidore de Bellevue, elle sera à tout jamais considérée comme un «Inland Post Office». Crise dans la paroisse Après la création de la paroisse en 1902, d'autres familles canadiennes-françaises et françaises sont venues se joindre au groupe déjà en place à Bellevue. Les Gauthier sont arrivés vers 1905, deux familles Dupuis, une en 1909 et l'autre en 1916, les Roy et les St-Hilaire après 1910, les Tessier en 1912, les Théoret et les Duval en 1913, Émile Topping en 1915, les Leblanc avant 1916, les Pelletier en 1916, les Cousin et Moïse Topping en 1918, une deuxième famille Éthier en 1919 et les Langlois en 1924. La plupart des nouveaux venus se sont établis au nord et à l'est de l'église. Au dé-but des années 1920, la plupart des familles mé-tisses ont quitté la région pour aller s'établir ailleurs. La fa-mille de Joseph Jobin est une des rares familles métisses qui est restée dans la région. Si au début la plupart des services étaient près de l'église (magasin, bureau de poste et école), ce n'était plus le cas en 1925. Vers 1915, Adrien-A. Gaudet avait ouvert un magasin dans la maison de sa mère. «Adrien A. Gaudet partit lui aussi un magasin dans la demeure de sa mère, sur le homestead que son père Edmond avait pris en 1894. Il était situé presque au milieu du carreau. Comme la municipalité avait fait creuser des puits au long des grandes routes, et un tout près de chez Adrien, le site devint «à la pompe». (Livre d'histoire de Bellevue) Au même moment, sa mère avait repris la charge du bureau de poste Garonne d'Azarie Gareau. Vers la même année, un autre magasin avait ouvert ses portes environ deux kilomètres à l'est de celui d'Adrien-A. Gaudet. «Wilfrid St-Hilaire et son frère Arthur avaient un magasin à un mille à l'est du village. Ça ne dura que quelques temps. Le bâtiment,
En 1916, après la mort d'Honoré Beaulieu, Henri LeBlanc avait acheté les approvisionnements de Beaulieu et avait déménagé le magasin sur son terrain au sud de l'église. Il était aussi devenu le nouveau maître de poste du bureau St-Isidore de Bellevue. D'autres écoles avaient aussi été ouvertes dans la région. Celle du District scolaire Éthier No 1834 avait été construite immédiatement à l'est de la montagne Minichinas, environ 7 kilomètres à l'est et trois kilomètres au nord de l'église de Bellevue. Même si cette école serait plus tard rattachée à Domrémy, elle faisait d'abord partie des écoles de Bellevue à cause de la présence des familles suivantes parmi les élèves: Éthier, Rock, Houle, Gaudet et Bourdon, tous de la paroisse de St-Isidore de Bellevue. En 1912, une autre école avait ouvert ses portes dans la paroisse, soit celle du District scolaire Gaudet No. 742. Elle était située environ 6,5 kilomètres au nord de l'école Bellevue. (L'école Gaudet a été la der-nière école de campagne de Bellevue à fermer ses portes au début des années 1960.) L'église construite en 1910 était donc devenue trop petite. Avant même le départ de l'abbé Chauvin en 1925, les paroissiens parlaient de bâtir une nouvelle église. Pour la plupart, l'em-placement de l'église était trop loin. Le territoire au sud de l'église avait été pris par des «Galiciens» (Ukrainiens). Les Leblanc étaient les seuls à s'être fixés dans cette région au sud de l'église. Un kilomètre à l'ouest de l'église c'était la réserve One Arrow et les Indiens ne relevaient pas de la paroisse. Il était alors question de bâtir la nouvelle église ailleurs. La pa-roisse s'est frag-menté en trois groupes sur cette question. Les Le-blanc insistaient que l'église soit reconstruite au même endroit, les Gareau et plusieurs des Gaudet voulaient que la nouvelle église soit construite sur le terrain de Rosario Gareau, environ trois kilomètres au nord et un peu à l'est de la première, un troisième groupe voulait absolument que la construction soit sur le terrain de Rémi Éthier, trois kilomètres au nord et deux kilomètres à l'est. Étant un homme pacifique, l'abbé Chauvin a demandé d'être remplacé. Le nouveau curé, l'abbé Léon Bernard, s'est enligné avec le troisième groupe et il a réussi à convaincre l'évêque que la nouvelle église soit construite sur le terrain de Rémi Éthier. Il y avait toutefois un problème avec cet emplacement: «c'était dans un bas-fond où l'eau se ramassait tous les printemps!» «Vous pouvez vous imaginer la chicane dans la paroisse' Les familles étaient presque toutes parentes entre elles, on tirait chacun sur son côté, car en voiture, un mille, c'est loin! Ce fut
Les LeBlanc n'acceptant pas la décision, ont cessé de faire partie de la paroisse St-Isidore de Bellevue. Le déménagement de l'église a aussi entraîné une certaine restructuration des institutions de la région. D'abord, il a été décidé que le bureau de poste St-Isidore de Bellevue suivrait l'église. En 1926, Henri LeBlanc s'est retrouvé avec le bureau de poste Garonne dans la région de la vieille église tandis que le bureau de poste St-Isidore de Bellevue a été déménagé dans le magasin d'Adrien-A. Gaudet «à la pompe». L'année suivante, le bureau de poste Garonne a fermé ses portes et a été remplacé par le bureau de poste Middleton Hill situé environ trois kilomètres plus au sud sur le terrain d'un Galicien. Adrien-A. Gaudet a décidé de rapprocher son magasin et le bureau de poste de la nouvelle église. «En 1932, Adrien démé-nagea son magasin au coin nord-est de son terrain, en coin avec la nouvelle église. Ça n'a pas été facile. La bâtisse était en grande partie de bois rond et très lourde. À l'aide d'instruments pour arracher les souches (des chevaux tournaient autour d'un poteau ancré à la terre, ce qui enroulait un câble qui tirait sur le bâtiment) on parvint en deux semaines seulement à déplacer le magasin sur son site actuel. La
En 1930, un quatrième district scolaire a vu le jour dans la paroisse, soit le District scolaire St-Isidore No. 4832. La nouvelle école se trouvait à seulement un kilomètre à l'est de la nouvelle église. La crise des années 1930 La grande dépression a sévi sur l'ensemble de l'Ouest canadien entre 1929 et 1939. Non seulement y avait-il une crise économique à travers le monde, la sécheresse donnait aussi un coup dur aux agriculteurs des prairies. «Le prix du grain est tombé à 16 cents le minot. Pendant un an, plusieurs agriculteurs ont perdu leurs machines agricoles et même leur terrain et ils ont dû retourner à cultiver avec les chevaux. Ensuite il y a eu la sécheresse des années 1937-38. Dans la région de Bellevue, plusieurs fermiers n'ont pas récolté le grain qu'ils avaient mis en terre au printemps. C'était décourageant.» (Livre d'histoire de Bellevue) Comme ailleurs dans l'Ouest, le développement de St-Isidore de Bellevue a cessé durant la crise. Le sens d'entraide a permis aux gens de la région de survivre. Abraham Beaulac était curé de la paroisse entre 1934 et 1938. Homme d'affaires, il a organisé un «beef ring» pour subvenir aux besoins des paroissiens. «Comme il n'y avait pas d'électricité à Bellevue, la viande fraîche était très rare. Une trentaine de fermiers fournissaient chacun un b'uf. Armand Gareau faisait la boucherie chaque samedi matin et chacun allait chercher son morceau de b'uf (un morceau différent chaque semaine). C'était une excellente idée pour briser la monotonie de lard salé ou de viande en conserve. Aussi, l'abbé Beaulac achetait des petits poulets (mâles) qu'il amenait deux par deux chez les fermiers. L'automne, il ramassait un coq pour sa viande et laissait un coq au fermier. Comme ces coqs étaient des volailles de race, c'était une manière d'améliorer la qualité des poulaillers de la paroisse.» (Livre d'histoire de Bellevue) Nouvel élan pour le village de Bellevue Le développement du village de Bellevue a repris durant la Deuxième guerre mondiale. Un ans plus tôt, en septembre 1938, l'abbé Beaulac avait quitté la paroisse et avait été remplacé par l'abbé Abraham Lebel. »Durant son séjour à Albertville, il avait fondé la première Caisse populaire de la Saskatchewan. Durant l'hiver, il planifie des sessions sur les caisses et en juin 1944 la Caisse populaire de Bellevue voit le jour, grâce à ses renseignements et son encou-ragement.» (Livre d'his-toire de Bellevue) L'abbé Lebel a aussi été responsable de la fondation des Dames de Ste-Anne à Belle-vue. En 1947, Aubin Grenier a ouvert les portes d'un deuxième magasin général immédiatement en face de l'église et à quelques pas seulement de celui d'Adrien-A. Gaudet. L'année suivante, Roger Gaudet a ouvert son premier garage à Bellevue. Il était situé dans le bâtiment qui abrite aujourd'hui le bureau de poste. Enfin, une dernière école de campagne a ouvert ses portes en 1951. Il s'agissait de l'école du District scolaire St-Gérard No. 5240. Elle a existé seulement trois ans. Il y avait aussi une cinquième école dans le nord-est de la paroisse, soit l'école du District scolaire Argonne No. 2495. Cette école, ouverte durant les années 1920, servait aussi les élèves du sud-ouest de Hoey. Durant les années 1950, la création des grandes unités scolaires et la centralisation des écoles battait son plein à travers la province. Les petites écoles de campagne commençaient à fermer leurs portes pour être remplacées par de plus grandes écoles centralisées. C'était le cas à Bellevue. En 1946, l'abbé
Pour administrer cette nouvelle école et y enseigner, on a invité les S'urs de la Présentation de Marie à venir s'installer à Bellevue. Le curé du village a cédé son presbytère pour abriter les religieuses et il s'est fait bâtir un nouveau presbytère. Le vieux presbytère a été agrandi et il sert toujours de couvent aux religieuses. Les S'urs de la Présentation de Marie ne sont plus aussi nombreuses à enseigner à l'école St-Isidore mais elles sont toujours présentes dans l'école et dans la communauté. Une quatrième église pour St-Isidore La fin des an-nées 1950 et le début des années 1960 ont vu naître d'autres dévelop-pements dans le village de Bellevue. En 1957, le magasin d'Aubin Grenier ayant fermé ses portes, Édouard et Bernadette Éthier ont ouvert un nouveau magasin dans une petite maison directement à l'ouest du magasin d'Adrien-A. Gaudet. En 1958, Noël Gaudet, le fils d'Adrien-A. Gaudet a cédé la caisse populaire à Lydia Gaudet qui l'a opérée de sa maison jusqu'en 1980 lorsqu'un nouvel édifice a été construit immédiatement en face du magasin d'Adrien-A. Gaudet. À cette époque, durant les années 1960, une salle de curling et une salle commu-nautaire ont aussi été cons-truites à l'ouest du village.
En 1962, Roger Gaudet s'est fait construire un nouveau garage un peu plus à l'est du premier. Il a vendu l'autre édifice à Édouard Éthier qui a déménagé son magasin dans l'ancien garage. En 1973, Marcel et Marie-Ange Gaudet ont acheté le commerce du fils d'Édouard Éthier, Marius. Ils ont opéré le magasin jusqu'en 1978. Pendant quelques années, ils ont même ajouté un tout petit restaurant et une boucherie dans cet édifice. Le bureau de poste St-Isidore de Bellevue était également situé dans le magasin. C'est la seule partie du commerce de Marcel et Marie-Ange Gaudet qui existe encore aujourd'hui. Il y avait toutefois un problème sérieux avec l'église de briques construite en 1926. Elle avait été bâtie dans un bas-fond et chaque printemps, il y avait un problème d'eau dans la cour et dans la cave de l'église. L'abbé Robert avait fait creuser un fossé qui longeait la cour de l'église à l'est, et qui sert encore aujourd'hui à égoutter tout le village. Toutefois, l'eau avait déjà nuit au «solage», à la fondation de l'église et les paroissiens n'avaient pas d'autres choix que de la démolir. En 1958, l'abbé Alexandre Paradis a remplacé l'abbé Robert comme curé et il aurait dit, pointant l'église du doigt: «Vous la voyez cette église de briques' Vous pouvez être certains que je ne la déménagerai pas! Il avait dû déménager une église dans une paroisse précédente.» (Livre d'histoire de Bellevue) Il n'a pas dû la déménager, mais il a dû la démolir brique par brique! «On se souvient très affectueusement du «Père Paradis» avec ses dizaines de chapelet de quinze «Je vous salue Marie,» sa soutane noire, (car c'est le dernier curé de la paroisse à la porter tous les jours), ses «mes frères » répétés souvent dans ses sermons.» (Livre d'histoire de Bellevue) C'est durant son ministère à Bellevue que les curés ont commencé à dire la messe en français et face au peuple. En 1961, les paroissiens ont accepté de démolir la vieille église de briques et d'en construire une nouvelle ' plus petite et en bois. Pendant les travaux de construction, les bancs de l'église ont été installés dehors entre le couvent et le presbytère, un autel a été aménagé dans le garage (le curé n'avait pas de voiture alors le garage était libre) et la messe du dimanche était chantée au gré
Depuis, le visage du village de Bellevue a quelque peu changé. Quelques petites industries, comme Belle Pulses, se sont installées à Bellevue. Il y a eu en 1986, la construction du centre culturel «Le Rendez-Vous», l'aménagement d'un parc (un terrain de jeu de balle, une cantine, espaces de camping etc.) et le développement de la piste de la légende fransaskoise comme attrait touristique. Le vieux curling est disparu, mais on travaille d'arrache-pied à mettre en place le
Conclusion Le village de St-Isidore de Bellevue fait partie de la municipalité de St-Louis et est reconnu comme hameau depuis seulement 1979. En janvier 2002, le hameau de Bellevue comptait 112 personnes et 67 habitations. Mais, quand on parle de Bellevue, on parle plutôt de toute la paroisse avec ses citadins et ses fermiers, soit une population d'environ 300 personnes. Et, il ne faut pas oublier tous ceux qui sont issus de cette merveilleuse petite communauté francophone et qui la voient toujours comme un deuxième chez nous. Dans cet article, j'aurais pu vous raconter bien d'autres choses au sujet de Bellevue, comme son amour pour les beaux arts. Mais il y a un nouveau livre d'histoire locale qui paraîtra à la fin du mois. C'est dans ce livre qu'on trouvera la substance même de la communauté et de ces habitants. La communauté et la paroisse St-Isidore de Bellevue fêtent cette année 100 ans d'existence, mais son histoire avait commencé longtemps avant lorsque les chasseurs indiens venaient dans la région à la recherche du gibier, lorsque les «fretteurs» métis ont tracé les premières grandes routes dans la région et lorsque de jeunes aventuriers canadiens-français sont venus voir la qualité du sol. Depuis, Bellevue est, en honneur de son saint patron, Saint Isidore, le pays des cultivateurs.
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