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Royal Gagnon

Royal Gagnon
Royal Gagnon, agent de la Gendarmerie Royale du Canada (Archives de la Saskatchewan)
Dans le présent volume, nous avons tenu à parler surtout de ceux et celles qui ont vécu dans notre province pendant plusieurs décennies et qui ont contribué d'une façon ou d'une autre à la vie de la communauté de langue française. Néanmoins, il est important de se rappeler que plusieurs fils et filles de la Saskatchewan ont fait une brillante carrière dans d'autres régions du pays ou à l'étranger. Parmi ceux-là, Royal Gagnon se distingue. Il a rendu d'insignes services dans le secteur de la protection publique et il a accédé au poste de sous-commissaire de la Gendarmerie Royale du Canada.
On a beaucoup écrit sur la «Grande Marche» de la Police à cheval du Nord-Ouest au printemps de 1874, alors que l'important détachement qui s'est entraîné tout l'hiver à Fort Dufferin, au Manitoba, se lance dans les plaines pour rejoindre Fort Walsh, dans le sud de l'Alberta, et d'autres postes de l'Ouest. Sévère Gagnon, natif de la province de Québec, en fait partie. La légende veut que lorsqu'il est en patrouille, les Métis refusent d'aller à la chasse et de laisser leurs femmes seules, de peur qu'elles soient séduites par son charme et sa prestance! Ce n'est probablement guère plus que des on-dit perpétués et embellis au fil des ans. Le jeune policier a tout de même assez de charme pour attirer l'oeil d'Emma Royal, fille du troisième lieutenant-gouverneur des Territoires du Nord-Ouest. Henri-Albert-Royal Gagnon naît aux baraquements de la Police à cheval, à Régina, le 20 février 1893.

Il demeure en Saskatchewan avec ses parents, qui ont déménagé à Prince-Albert où Sévère Gagnon est maintenant surintendant, jusqu'à son départ pour un collège de Montréal où il termine ses études. En 1911, il reçoit son brevet de lieutenant du Régiment Royal de Québec. Dès l'ouverture des hostilités en 1914, il se porte volontaire pour le Corps Expéditionnaire Canadien. Promu major, il sert 18 mois en France et en Belgique, où il est blessé. Démobilisé à la fin de 1919, il réalise un rêve longtemps entretenu, celui de se joindre au prestigieux corps de police dont a fait partie son père.

Lorsque la Royale Gendarmerie Royale à cheval du Canada est officiellement formée le 1er février 1920, il est nommé inspecteur. Pendant les 27 années qui vont suivre, il servira dans à peu près tous les coins du pays, d'abord à Ottawa, puis en Colombie-Canadienne et, à partir de l'automne 1927, dans le district du Grand Lac de l'Ours, près du Cercle polaire arctique, à 1500 kilomètres au nord d'Edmonton. Pendant cinq ans, il connaît la vie dure mais libre du Grand Nord.

Après quelques années à la tête des sous-divisions de Québec puis de Montréal, il est promu surintendant et prêté à l'administration de la ville de Québec, afin de l'aider à réorganiser son service de police. Il est ensuite nommé surintendant de la division C, qui couvre l'ensemble du territoire québécois avant d'être nommé assistant commissaire et affecté à la division F, celle de sa province natale de la Saskatchewan, en 1943. Deux ans plus tard, il est muté à Ottawa et devient directeur général des enquêtes criminelles au Canada. Il s'illustre tout particulièrement lorsqu'éclate l'affaire Gouzenko, alors que les renseignements fournis par ce défecteur, ex-employé de l'ambassade russe, permettent de démanteler un important réseau d'espionnage. Royal Gagnon reçoit en récompense la médaille de Commandeur de l'Empire britannique et est nommé aide-de-camp du gouverneur général.

Le 11 mars 1947, il accède au poste de sous-commissionnaire; il ne fait aucun doute qu'il était appelé à devenir commissaire, le plus haut poste de la Gendarmerie, mais il meurt après une très brève maladie le 19 novembre 1947. On ne peut que conjecturer sur les nouvelles directions qu'il aurait imprimées à ce corps policier, mais il est certain que sa formation et sa longue expérience le rendaient à même d'en comprendre les moindres rouages.

(renseignements: RCMP Quarterly, vol. 13, pp. 196-198; Leader-Post, 19 novembre 1947, pp. 1 et 16)





 
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