Des histoiresRoi des bleuetsLes premiers colons blancs de la région de Meadow Lake se livrent tous à la cueillette des baies sauvages. Ils les consomment fraîches à la belle saison ou sous forme de confitures et de conserves en hiver. Ils cueillent surtout des bleuets et des atocas, mais aussi des fraises, des framboises, des cerises à grappes, des merises et des poirettes ou «saskatoons». Les gadelles noires ainsi qu'une variété d'atocas poussant sur de grands arbustes, le «bois d'orignal», sont plus rares.
Pour protéger les fruits délicats, les scieries de la région se mettent à produire des contenants de bois. Cette activité, jointe à la cueillette et au transport par camion vers les marchés du sud, permet à bon nombre de familles de gagner quelques dollars pour acheter un peu de nourriture, de la machinerie agricole, une paire de bas ou de souliers et d'autres articles de première nécessité. Quelques familles prennent même l'habitude d'aller camper dans les bleuetières; les bonnes années, elles se font en quelques semaines un revenu intéressant. On expédie les bleuets et les atocas aux entrepôts de Meadow Lake depuis cent milles à la ronde. Tous les marchands ou presque de Meadow Lake se livrent à ce commerce. Mais de temps à autre, en fin de saison, ils sont bien forcés de céder pour trois fois rien des caisses entières de fruits trop mûrs, ce qui n'est pas sans faire le bonheur des amateurs de vin maison. Le plus important marchand de bleuets s'appelle Louis Bédard. Il possède un camion et son propre entrepôt. Il achète les baies directement des cueilleurs, à son entrepôt ou encore chez les autres marchands du village et de la campagne environnante. Il les expédie ensuite par camion ou par chemin de fer jusqu'aux villes du sud. Louis Bédard est véritablement le «roi des bleuets» de Meadow Lake durant les années 1930. Des centaines de milliers de livres de bleuets sont ainsi expédiées entre 1930 et 1945. Avec l'expansion de l'agriculture et de l'élevage, à cause aussi des feux de forêt et des conditions climatiques défavorables, la récolte de baies sauvages a beaucoup diminué depuis cette époque. Elle n'a plus de nos jours qu'une très faible valeur commerciale. (adapté de Heritage Memories, Meadow Lake Diamond Jubilée Heritage Group, North Battleford, 1981, p. 29) |
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