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Des gens

Régis de la Gorgendière

Chronique locale: M. Régis de la Gorgendière, qui fut blessé à la bataille d’Yprès il y a quelques mois, a maintenant rejoint son bataillon.
Le Patriote de l’Ouest
le 7 octobre 1915
Nombreux ont été les pionniers de souche française qui ont contribué de façon remarquable au développement politique, social et économique de la Saskatchewan. Plusieurs d’entre eux avaient percé dans la prairie saskatchewannaise longtemps avant la venue des locomotives des compagnies de chemin de fer. Certains étaient venus au temps de la traite des fourrures et d’autres sont arrivés avec la création d’un mécanisme de gouvernement pour les Territoires du Nord-Ouest, en 1876. Certains d’entre eux ont même joué un rôle dans l’évolution politique des Territoires, comme le juge Rouleau de Battleford; Amédée Forget, secrétaire du lieutenant gouverneur et éventuellement lieutenant gouverneur lui-même et Benjamin Prince, député et sénateur.

Un autre nom que l’on pourrait ajouter à cette liste impressionnante est celui de Choiseul de la Gorgendière. L’histoire de la famille de la Gorgendière n’a pas encore été écrite et peut-être qu’un jour un des descendants de Choiseul en Saskatchewan croira bon de fournir plus de détails au sujet de ce bâtisseur.

Voici les détails que nous connaissons à son sujet. Originaire de Saint-Joseph de Beauce dans la province de Québec, Charles-Elzéar de la Gorgendière était descendant d’une famille de seigneurs du comté de Portneuf. «Le jeune homme adopte bientôt le nom de son grand-oncle, Choiseul. Il semble qu’il ait eu la chance d’acquérir une bonne éducation, car la Chambre des Notaires du Québec lui confère le privilège d’entreprendre des études en droits en février 1865. En même temps, il obtient un certificat de seconde classe pour avoir suivi un cours à une école militaire; il fait alors partie de la milice sédentaire du Bas-Canada.»(1)

En 1874, le gouvernement canadien avait établi une force policière pour maintenir la paix dans les territoires de l’ouest. Quelques années plus tard, le 5 juin 1877, le jeune notaire du Québec se joint à cette force policière. Choiseul de la Gorgendière est envoyé au lointain poste de la Police montée au Fort Saskatchewan, quelques kilomètres au nord-est d’Edmonton. Il reste trois ans avec la Police montée puis il obtient sa licence pour pratiquer le droit dans les Territoires du Nord-Ouest. Il s’établit alors à Saint-Albert, quelques kilomètres au nord d’Edmonton et y établit sa famille.

Dix ans après son arrivée dans l’Ouest canadien, il est nommé greffier de la Cour suprême des Territoires du Nord-Ouest. Cette nomination nécessite un déménagement à Prince Albert, siège de la Cour suprême. Le seul moyen de transport est par radeau sur la rivière Saskatchewan-Nord. Choiseul est alors marié et père de trois enfants. «Son beau-père construit un grand radeau, au centre duquel il érige un abri de planches. Choiseul de la Gorgendière arrime les malles sur le radeau, y fait monter son épouse et ses trois enfants; la famille se laisse ensuite porter par le courant de la rivière.»(2) Il occupe le poste de greffier de la Cour suprême jusqu’en 1908.

Comme bien d’autres Canadiens français, Choiseul en la Gorgendière et les autres membres de sa famille s’impliquent activement dans le développement social et religieux de leur ville d’adoption. Ils font partie de la paroisse Sacré-Coeur de Prince Albert et participent à son développement. «Durant les premières années de la paroisse catholique de Prince Albert, un groupe culturel très actif s’était formé sous la personnalité de Madame Morrier, (née Gravel), une musicienne de renom et une femme exceptionnelle, à ce qu’on raconte. Elle était aussi une artiste. Un petit groupe élite s’était donc formé sous son patronage. Ce groupe comprenait plusieurs artistes tels le Docteur Montreuil, les DeLagorgendière, les Gravel, les Jutras, les Turgeon, Madame Carrier, les Casgrain, etc. On organisait à la salle de la cathédrale des concerts, des tableaux, des pièces de théâtre, des séances de musique et le tout en français.»(3)

Choiseul de la Gorgendière prend même une certaine renommée à Prince Albert lorsque Léopold, roi des Belges lui confère, en juin 1906, le titre d’agent consulaire de Belgique, poste qu’il détenait encore à sa mort en 1915.

Charles-Elzéar de la Gorgendière est décédé le 16 novembre 1915 à Prince Albert. Il était alors père de huit enfants, soit deux filles: Mme A.J. Hanson, autrefois baronne Huysmans de Deftal et Alvine; et six garçons: Joseph, Régis, Robert, Alexandre, Ernest et Hubert. Plusieurs de ses descendants habitent encore la Saskatchewan.

(1) Lapointe, Richard, 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988, p. 190.
(2) Ibid., p. 190.
(3) Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures - One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891-1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990, p. 63.

Sources
Lapointe, Richard, 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988.

Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures - One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891-1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990.





 
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