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Regina - Ville épiscopale, puis archiépiscopale

En annonçant l'érection du nouveau diocèse en date du 4 mars 1910, le Vatican faisait donc de Regina une ville épiscopale; mais encore fallait-il désigner le titulaire du nouveau siège, à qui serait confié l'organisation du nouveau diocèse, délimité géographiquement par tout le territoire situé d'est en ouest entre les limites territoriales du Manitoba et de l'Alberta; au sud, par la frontière des États-Unis; et au nord par une ligne reliant les «townships» 30 et 31, soit environ la moitié de la province de la Saskatchewan. La population du nouveau diocè-se comprenait approximativement 50,000 catholiques, placé sous la responsabilité spirituelle de 30 prêtres séculiers et de 43 religieux. A ce moment aussi, 72 religieuses étaient déjà au service de la population dans ce territoire, soit dans des hôpitaux, soit dans l'enseignement. (1)
Le Primat de l'Eglise catholique dans l'Ouest canadien était bien résolu à ce que le premier évêque de Regina soit un Canadien français; mais les catholiques allemands et irlandais avaient déjà présenté des candidats. Ces derniers se désistèrent toutefois bientôt en faveur du candidat allemand, le père WOODCUTTER de Moose Jaw; (2) vraisemblablement ce geste avait pour but de réduire les chances de succès du candidat francophone qui ne tarderait pas à entrer en lice. Des rumeurs commencèrent en effet, à circuler, selon lesquelles «la nomination éventuelle d'un candidat francophone n'aiderait pas à améliorer

la situation qui prévalait dans le nouveau siège épiscopal.» (3) L'énergique archevêque de Saint-Boniface déclencha alors dans les coulisses une véritable offensive stratégique au cours de laquelle il obtint facilement l'appui de l'Hon. Alphonse TURGEON, Procureur Général de la Saskatchewan; ce dernier affirma en effet dans une lettre à S. Exc. Mgr LANGEVIN, qui lui avait demandé d'exprimer son opinion en la matière, «que les intérêts catholiques et français étaient étroitement liées au sein du nouveau siège épiscopal.» (4) Mais, en raison d'une indiscrétion, des informations confidentielles relatives aux démarches de l'Archevêque parvinrent à la presse, et une dépêche spéciale en provenance de Regina fut publiée dans le quotidien montréalais «La Presse» relatant l'opposition qui se manifestait à la nomination d'un évêque canadien-français. (5) «Il y était aussi question d'un mémorandum adressé conjointement à Rome par Mgr LANGEVIN et Messieurs TURGEON et FORGET.» (6) «Le Vatican réagit en suspendant la nomination du nouveau prélat, dans l'attente de plus amples informations, et en ordonnant un recensement ecclésiastique immédiat dans le nouveau diocèse. Au Canada, le 'Montreal Tribune', pro-irlandais, mettait en doute l'authenticité du recensement original déjà effectué, et prétendait que les catholiques anglophones étaient en majorité dans le diocèse. Le nouveau recense-ment, qui fut terminé le 19 avril 1911, révéla qu'en fait le Canadiens français constituaient -le groupe national catholique le plus nombreux. En date du 23 juin 1911, (7) la Congrégation Consistoriale (aujourd'hui la Congrégation pour les Evêques), nommait le recteur de l'université Laval, l'abbé Olivier-Elzéar MATHIEU, un Canadien français, premier évêque de Regina. Pour les catholiques de langue française ce choix était idéal en raison des qualités de Mgr MATHIEU, qui lui valurent l'admiration et le respect de tous. (8) Sacré Evêque à Québec le 11 novembre 1911, S. Exc. Mgr MATHIEU fut officiellement intronisé au Siège épiscopal de

Regina le 23 novembre suivant par Mgr LANGEVIN, à l'église Sainte-Marie, en présence de Mgr Émile LEGAL, Évêque de Saint Albert, en Alberta, et du futur cardinal Mgr D. BEGIN, alors Évêque de Québec; le mois suivant, Mgr MATHIEU chantait sa première messe pontificale, à la messe de minuit à Noël.

Deux années après l'arrivée de Mgr MATHIEU les catholiques de la capital de la Saskatchewan se réjouissaient de la bénédiction de la cathédrale du Saint-Rosaire. Mais l'expansion de l'Église catholique en Saskatchewan devint

si rapide, que Sa Sainteté le Pape BENOIT XV éleva le Siège épiscopal de Regina, en date du 4 décembre 1915, à la dignité d'Archidiocèse, créant ainsi la Province ecclésiastique de Regina, et lui assignant un diocèse suffragant, celui de Prince Albert. Par la même occasion Mgr MATHIEU devenait aussi le premier archevêque de Regina. Un deuxième diocèse suffragant lui fut assigné en 1921, par l'érection de l'Abbaye de Munster en «Abbaye Nullius». Plus tard, en 1930, le Saint-Père assigna un nouveau diocèse suffragant à l'Archidiocèse de Regina, celui de Gravelbourg, et, trois ans plus tard, un quatrième diocèse suffragant fut créé par Rome, soit celui de Saskatoon. C'est ainsi qu'au cours d'une courte période de 25 ans la province ecclésiastique de Regina devint la plus populeuse de la province; son territoire fut bientôt agrandi aux limites territoriales de la province civile de la Saskatchewan.

(1) Golden Jubilee, Archdiocese of Regina – 1911-1961, pp. 36-38.
(2) «L'Association Catholique Franco-Canadienne de la Saskatchewan: un rempart contre l'assimilation culturelle 1912-1934», R.J.A. Huel, Trad. R. Rottiers, p. 6.
(3) Ibidem, p. 6.
(4) Ibidem, p. 8.
(5) Ibidem, p. 8.
(6) Ibidem, p. 8.
(7) Golden Jubilee, Archdiocese of Regina – 1911-1961, Ibidem. p. 38. Il est ici mention de la date du 21 juillet 1911 comme étant celle de la nomination de Mgr MATHIEU au Siège épiscopal de Regina.
(8) R.J.A. Huel, Trad. R. Rottiers, p. 8.
(9) Golden Jubilee, Archdiocese of Regina – 1911-1961, Ibidem. pp. 38, 39 et 112.





 
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