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Regina - Premières communautés religieuses féminines

Les débuts de l'Eglise catholique dans l'Ouest canadien avaient été difficiles. Certes, depuis son arrivée au lieu de son futur évêché, le 16 juillet 1818, l'abbé Joseph-Norbert PROVENCHER n'avait pas perdu son temps; mais le recrutement de son clergé n'avait pas été sans mal.
Il est vrai que plusieurs prêtres étaient venus tenter honnêtement l'expérience d'un apostolat missionnaire dans l'Ouest, mais seulement une demi-douzaine d'entre eux avaient persévéré; Mgr PROVENCHER avait cherché, en vain, à obtenir la venue de Jésuites; il avait toutefois été vite frappé par le travail et les succès d'un Ordre religieux, encore jeune à l'époque, déjà établi sur les rives du Saint-Laurent; puis il rencontra leur fondateur, Mgr MAZENOD, lors d'un voyage à Rome, et le 25 août 1845, un canot amenait à St-Boniface le premier Oblat de Marie Immaculée. Le père Pierre AUBERT était accompagné «d'un jeune homme à la mine presque enfantine, et apparemment à peine sorti de l'adolescence.» «Quoi! s'écria, l'évêque à cette vue, j'avais demandé des hommes, et voilà qu'on m'envoie un enfant.» (1) Cet 'enfant' n'était autre que son futur successeur, le frère Alexandre-Antonin TACHE, encore simple novice dans sa Congrégation... Bien vite ce fut toute une armée de ces Oblats de Marie Immaculée, aussi intrépides qu'héroïque, qui essaimèrent dans tout l'Ouest canadien, et auxquels se joignirent par la suite, en cours de route, un certain nombre de prêtres séculiers dont plusieurs d'entre eux furent très actifs en tant que missionnaires colonisateurs.

Avant même l'arrivée des Oblats, cependant, une communauté religieuse féminine était déjà présente, et à pied d'oeuvre, à St-Boniface: les Soeurs Grises de Montréal, fondée par Mère Marguerire d'Youville en 1737; elles furent aussi la première communauté religieuse féminine à s'établir en Saskatchewan, où elles ouvrirent une école et un hôpital à l'Île-à-la-Crosse en 1860; en 1884 elles ouvrirent l'école industrielle indienne à Lebret puis, à l'appel du père SUFFA, O.M.I., elles vinrent en 1907 ouvrir un hôpital à Regina, après avoir mis sur pied l'hôpital St-Paul à Saskatoon. L'Hôpital des Soeurs Grises, comme on l'a connu durant de très nombreuses années à Regina, est rapidement devenu l'un des plus modernes de la province, et s'est acquitté admirablement de la vocation humanitaire que ces religieuses lui ont toujours donnée, dans le respect des principes énoncés et définis par l'autorité pontificale. C'est ainsi que le code moral de l'hôpital prévoyait notamment que «opérations involving destruction of vital Life are unethical and not to be performed.»(2) En vertu de ce code moral, 14 types d'opérations étaient interdits à l'hôpital des Soeurs Grises. En 1972, cependant, la Communauté aux prises, semble-t-il, avec certaines difficultés, vendit l'hôpital au gouvernement de la Saskatchewan.

Le contrat de vente stipulait que le code moral de l'Association des hôpitaux catholiques du Canada serait observé aussi longtemps que l'hôpital serait dirigé par les religieuses, mais la Communauté ne pouvait imposer sa morale, ni ses politiques, en vendant l'hôpital. Le contrat de vente stipulait aussi que les Soeurs Grises continueraient à diriger l'hôpital sur une base provisoire pour une période se terminant au plus tard le 31 décembre 1972. Les soeurs y restèrent trois années encore, période pendant laquelle leurs activités se limitaient à visiter les malades de l'hôpital. La dernière religieuse en poste à l'hôpital des Soeurs Grises fut Soeur Bernadette PITRE, qui quitta l'hôpital en décembre 1975.

Toutefois, si les Soeurs Grises avaient été les premières religieuses à s'établir en Saskatchewan, la première Communauté religieuse féminine à s'installer à Regina fut celle des Soeurs de Notre-Dame des Missions. Fondée à Lyon (France) en 1861, cette Communauté a pour vocation de s'occuper de l'éducation et de l'enseignement des jeunes; elle vint au Canada en 1898 à l'invitation de Mgr LANGEVIN. OMI, et après avoir fondé des postes au Lac Croche (Crooked) puis à Lebret et à Wolselcy, des soeurs de cette communauté vinrent en 1905 fonder leur première maison à Regina, qui devint au fil des ans l'Académie du Sacré-Coeur, institution qui compta jusqu'à environ 265 élèves. Ces religieuses y enseignèrent, ainsi que dans d'autres écoles de la ville, les Beaux-Arts, la musique et même, à l'Académie, un cours commercial spécial. Entre 1926 et 1952, le College du Sacré-Coeur se vit attribuer le statut de «Junior College» par l'université de la Saskatchewan, puis devint collège affilié à l'université d'Ottawa, ce qui lui permettait d'attribuer des baccalauréats ès arts. En 1952, des cours universitaires furent donnés au Collège CAMPIQN, dès son inauguration, et le Collège du Sacré-Coeur redevint une école secondaire. Trois ans plus tard, en 1955 les soeurs de Notre-Dame des Mission inauguraient l'école MARIAN HIGH, qu'elles administrèrent jusqu'en 1975, alors que cette école fut intégrée à la Commission scolaire des Écoles séparées de Regina, mais tout en continuant à y prodiguer leur enseignement. Une autre activité majeure des Soeurs Notre-Dame des Missions fut aussi de s'occuper de l'enfance handicapée. De 1971 à 1978, cette communauté religieuse prit soin des enfants handicapés à son Collège du Sacré-Coeur, voisin de l'école MARIAN. Depuis lors, elle poursuit ses activités à l'école Jean VANIER, situé à l'angle de la 15e avenue et de la rue Lindsay à Regina. Et comme si leur générosité était inépuisable, ces religieuses si méritoires dirigent, par surcroît, à leur propre résidence, une maison spéciale pour handicapés, «GARITY HOME», qui, depuis 1978, abrite en permanence six handicapés, sous leur protection.

(1) L'Église dans l'Ouest canadien, R.P. Morice, O.M.I., Tome 1, p. 309.
(2) Archives des Soeurs Grises de Montréal, St-Boniface, Manitoba.





 
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