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Regina - Première tentative de fonder une paroisse française

Les plus anciens documents trouves aux archives de l'Archevêché de Regina, relativement à la fondation d'une paroisse de langue française à Regina remontent à 1929. Une lettre daté du 20 juillet de cette année, adressée par le père J. MAGNAN O.M.I., Provincial des Oblats, à S. Exc. Mgr MATHIEU, demandait à ce dernier l'autorisation pour les Oblats d'éta-blir à Regina «une simple maison de missionnai-res, et leur donner en même temps l'assurance qu'ils seront chargés d'organiser une paroisse française à Regina, dès que la chose vous paraîtra possible» Un autre passage de cette lettre permet de conclure qu'il s'agissait assurément d'un rappel adressé à l'Archevêque, de démarches précédentes déjà faites en ce sens. Une semaine plus tard, soit le 26 juillet 1929, Mgr MATHIEU répondait au père MAGNAN une lettre par laquelle il accédait à la demande des Oblats en ces termes: «...c'est avec le plus grand plaisir que Nous nous rendons à votre désir, et permettons l'établissement canonique d'une résidence à Regina pour les Pères Oblats de votre Province. Nous irons même plus loin. Bien souvent, Nous avons songé à organiser, à Regina, une paroisse qui grouperait Nos catholiques de langue française. Jusqu'ici, ils ont été desservis par le clergé de Notre Cathédrale, et à Notre Cathédrale même qu'ils partageaient avec Nos catholiques de langue anglaise, bien qu'en petite minorité. Mais leur nombre a augmenté tous les ans et le temps n'est pas loin; il Nous semble, où il faudra leur donner un clocher à eux tout comme a ceux des autres groupes ethniques. Nous ne pouvons mieux faire, il Nous semble, et c'est bien Notre intention de confier alors aux Pères de votre Province la garde de cette partie de Notre troupeau. Nous voulons donc espérer que lorsque vous aurez, installé définitivement Vos Père à Regina qu'ils voudront bien, quand le temps sera venu, se charger du bien spirituel de la population française de la capitale de la Saskatchewan.

Ils nous rendront ainsi un grand service pour lequel, comme pour tous les immenses services qu'ils Nous ont rendus et Nous rendent encore, Nous leur garderons une éternelle reconnaissance.»
Et l'Archevêque ajoute: «Nous sommes heureux d'ajouter que tous les membres de Notre Conseil diocésain partagent entièrement les vues et les désirs exprimés dans les présentes.» Cette lettre, signée par Mgr MATHIEU, est contresignée par l'abbé CHAREST, Chancelier.

Le décès de Mgr O.-E. MATHIEU, survenu le 26 octobre 1929, devait toutefois tout remettre en question: mais entre-temps, les pères Oblats, se prévalent de l'autorisation qui leur avait été accordée par l'Archevêque, avaient acheté un terrain non loin de la cathédrale Holy Rosary, sur lequel ils comptaient bâtir la résidence projetée, laquelle ils considéraient déjà comme la pierre angulaire de la future paroisse française dont Mgr. MATHIEU avait envisagé de leur confier la fondation, et la charge.

Certains membres anglophones du clergé voyaient toutefois un tel projet d'un mauvais œil; le curé de la paroisse cathédrale; par exemple, l'abbé J.J. O'NEIL, (1) dans un mémo adressé à Mgr James Charles McGUIGAN, et daté du 4 mars 1931; s'objecte fortement à l'établissement d'une paroisse française; je cite quelques extraits de ce document «... the letter given them by the late Archbishop was not done with the idea that they would move so quickly in the matter.»; «The-property pur-chased is so situated that any English speaking Catholics living' in the district would be tempted to attend services at such Church. This would be detrimental to the welfare of the Cathedral Parish. The Cathedral is heavily burdened with debt and needs all assistance possible to keep it going. The erection of a French Parish would remove some of our best -supporters.»; «The French and the English Catholics form a homogeneous group.»; «The conditions placed by the Oblate Fathers, that all French Catholics must belong to the new parish will work a hardship both on the French speaking people and the Pastors of the different Parishes in the city. Pew rent and stole fees will be a continuous source of ill feeling. They will insist that every family bearing a French name who are now members of the Cathedral be inscribed as members of their Parish.»; «No, advantage will accrue to the French-speaking Catholics. They are scattered all over the city and few own cars. No streetcar service on Sunday mornings. Cathedral is well provided with French-speaking clergy. French sermons were discontinued some years ago, for the reason that those understanding that language attended other Masses as much as they did the one with French sermons. It placed a burden on English speaking people, by listening to a language they did not understand. Very few of the children of French speaking parents speak French with fluency, but all speak English well, as it is the language of the schools. For this reason we feel that a French Church, without English cannot be a success. A request will be forth coming to be allowed the use of English at some of the Masses.»; «The City of Regina must share with the balance of the Archdiocese the burden of the debts of the Archdiocese. The money must come from the faithful and any multiplication of their obligations is a step backward.», etc. Comme on le voit le curé de la paroisse cathédrale ne manquait pas d'arguments pour s'opposer à l'érection d'une paroisse française à Regina.

(1) À ne pas confondre avec le futur Archevêque de Regina, S. Exc. Mgr Michael Cornelius O'Neil.





 
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