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Regina - Ouverture d'un séminaire par les franciscains

Tout en s'étant réjouis et sentis réconfortés et honorés de la présence d'un des leurs à la tête du diocèse, puis de l'archidiocèse de Regina, les Canadiens français de la capitale provinciale n'en restaient pas moins dépourvus d'une paroisse, ou même simplement de prêtres de langue française. Certes, il y avait eu des exceptions, telle que l'arrivée du père J.M. FILLION chez les Jésuites, venus s'établir à Regina en 1918; il était, semble-t-il, le premier prêtre de langue française établi à Regina depuis l'arrivée, en 1900, des pères Jacob BRESSON et 'A VAN HEERTUM, de l'Ordre des Prémontrés. En 1914, Mgr MATHIEU avait demandé au Supérieur des Rédemptoristes de la province de Baltimore de lui envoyer deux ou trois de ses pères, dont l'un, si possible, parlerait français; c'est ainsi que le premier curé de la paroisse cathédrale de Regina fut un Rédemptoriste, le père John DERLING, mais rien ne nous dit qu'il parlait français, ce qui aurait pu être le cas, toutefois, de son successeur, le père George DALY, en 1915. La situation n'était d'ailleurs guère meilleure pour les catholiques anglophones puisque Mgr MATHIEU écrivait en 1914 que dans tout son diocèse il ne se trouvait qu'un seul prêtre de langue anglaise, alors qu'on y dénombrait plus de 2,000 catholiques anglopho-nes, et environ 400 francophones. (1)
Plusieurs années s'écoulèrent ensuite sans apporter grand espoir aux francophones de Regina de pouvoir se regrouper sur base paroissiale. Puis, brusquement, sans doute affaibli par des activités qui ne lui laissaient aucun répit, Mgr MATHIEU fut terrassé lors d'une tournée de confirmations, au cours de l'été 1927, par un refroidissement duquel il ne devait pas se remettre. Conscient toutefois de la solitude spirituelle des catholiques de langue française de Regina et alors qu'il reposait déjà sur son lit de mort, exactement trois mois avant son décès survenu le 26 octobre 1929, l'Archevêque de Regina proposait lui-même au R.P. J. Magnan, Provincial des Oblats de Marie Immaculée, à St-Boniface, de fonder une paroisse qui regrouperait les Canadiens français de la capitale de la Saskatchewan. (2)

Le décès de Mgr MATHIEU donna toutefois une autre orientation au projet qu'il venait d'ébaucher, et qui ne put se matérialiser à l'époque. Le successeur de Mgr MATHIEU, S. Exc. J.C. McGUIGAN, laissant dans l'ombre la proposition de son prédécesseur, invita les Franciscains en 1930 à ouvrir une maison à Regina. Pour faciliter leur établissement, dans la capitale provinciale, il leur vendit même son propre palais archiépiscopal, à l'angle de la 13e Avenue et de la rue McIntyre. On pourrait peut-être se demander ici pour quelles raisons l'Archevêque de Regina avait décidé de conclure cette transaction avec les fils spirituels de St-François d'Assise. Il est évident que le prélat voulait en premier lieu remédier à la pénurie de prêtres anglophones surtout dans son diocèse, en demandant aux Franciscains d'y ouvrir un séminaire.

Par ailleurs, la situation. financière précaire dans laquelle se débattait alors la Corporation Archiépiscopale de Regina avait probablement motivé aussi la décision de l'Archevêque, à qui il était possible de cette façon d'atteindre un double objectif: former de nouveaux prêtres, et apporter une détente au moins temporaire, à ses soucis matériels de l'époque. Cette sage solution permettait d'ailleurs aussi à Mgr McGUIGAN de continuer à résider dans le futur séminaire, tout en en étant le recteur. Les Franciscains ne tardèrent pas à transformer l'édifice en monastère que l'Archevêque bénit et inaugura officiellement le 6 septembre 1931. Les fondateurs dé ce monastère des moines de l'Ordre de St-François d'Assise, dont les premiers membres au Canada vinrent avec CHAMPLAIN en 1608, furent quatre francophones, les pères Célestin Joseph DEMERS et William LAVALLEE, et les frères Joseph RHEAUME et Eusèbe BOUSQUET.

L'année suivante le monastère devint le «Regina Cleri Seminary», avec comme recteur l'Archevêque de Regina lui-même; comme supérieur et directeur spirituel le père Célestin DEMERS; et comme professeurs le père Adrien MALO et trois prêtres diocésains. Mgr McGUIGAN continua à résider au séminaire jusqu'à ce qu'il achète une résidence plus petite en 1941. La présence de Franciscains de langue française à Regina avait eu pour effet de stimuler les francophones de la capitale provinciale; bien que l'impact de cette nouvelle situation ait été difficile à vérifier il semble bien que plusieurs d'entre eux purent dès lors participer, à l'occasion, à certains exercices religieux dans leur langue à la chapelle du séminaire; puis la participation des francophones à ces exercices aurait augmenté peu à peu, et spécialement après 1941; ce ne fut toutefois que plusieurs années plus tard que l'Archevêque leur accorda une messe dominicale au séminaire. En ce qui a trait à la formation de nouveaux prêtres, les résultats atteints par le séminaire furent malgré tout assez modestes; entre 1932 et 1954, le séminaire de Regina donna 56 prêtres à l'archidiocèse, et notamment le futur évêque de Saskatoon, puis de Calgary, S. Exc. Mgr Francis J. KLEIN. Par ailleurs, l'un des anciens professeurs du «Regina Cleri Seminary», le père Jean Capistran CAYER, O.F.M., accéda à la dignité épiscopale en tant que Vicaire apostolique d'Alexandrie, en Égypte. (3)

(1) Golden Jubilee, Archdiocese of Regina – 1911-1961, pp. 80-83.
(2) Lettre de Mgr. O.-E. Mathieu au T.R. père J. Magnan, O.M.I. le 26 juillet 1929. Archives de la Saskatchewan.
(3) Golden Jubilee, Archdiocese of Regina – 1911-1961, Ibidem. pp. 54,55.





 
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