Contact
Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Des lieux

Regina - Organisation de la paroisse St-Jean-Baptiste

Noël 1953 n'avait pas seulement été le point de départ de la paroisse nationale St-Jean--Baptiste de Regina; cette date marquait en fait le naissance d'une vie paroissiale et d'activités sociales et autres, en langue française, dans la capitale de la Saskatchewan. Les débuts furent toutefois très modestes, puisque seulement une trentaine de familles, soit environ 150 âmes, fréquentaient la nouvelle paroisse dans ses débuts. C'était fort peu si l'on considère qu'au recensement fédéral de 1951, 2565 citoyens s'étaient déclarés d'origine ethnique française, à Regina, dont 1928, de foi catholique, soit 450 familles catholiques, sur 600 familles de langue française. Sans se laisser décourager par ce succès mitigé des débuts de sa paroisse, le père Sylvestre BEAUDET, O.F.M., entreprit sans délai le travail d'organisation de la paroisse. Dès le 10 janvier 1954, le premier curé de la paroisse St-Jean-Baptiste présida à une première réunion officielle de ses paroissiens à l'occasion du passage à Regina du père Alphonse-Claude LABOSSIÈRE, qui, dès le début de la présence des Franciscains à Regina en 1932, et pendant de nombreuses années, s'était mis généreusement déjà au service des francophones de Regina, en leur prodiguant des offices religieux en français. Entre-temps, le père LABOSSIÈRE avait été promu à la fonction de Commissaire provincial des Fran-ciscains de l'Ouest et résidait à Cochrane, en Alberta; il était donc très heureux de venir s'associer à la joie des paroissiens de la nouvelle paroisse nationale érigée à Regina. celle des Canadiens français, dont les efforts persévé-rants avaient enfin été couronnés de succès. Le père BEAUDET avait aussi tenu, en invitant le père LABOSSIÈRE à sa nouvelle paroisse, à mettre à profit l'expérience de ce dernier dans l'organisation de paroisses nationales. (1)
La rencontre fut très profitable, puisqu'elle permit de sensibiliser les paroissiens à l'impor-tance pour eux de mettre sur pied des activités propres à cimenter l'esprit paroissial et national des Canadiens français de Regina. L'un des premiers résultats de cette soirée fut la fondation d'une société féminine, 'Les Dames de l'Autel', regroupant les femmes et jeunes filles de la paroisse, sous la présidence de madame Paul BOUTHILLIER. Cet organisme mit sur pied de nombreuses soirées sociales, et notamment des parties de cartes, dans le but de constituer une réserve financière en vue des travaux de réparation, d'aménagement de la salle, ainsi que des travaux futurs de construc-tion. Les activités des 'Dames de l'Autel' permirent au comité paroissial d'embaucher le concierge de l'église, M. Gaston LALONDE, pour accomplir des travaux de menuiserie qui donnèrent bientôt au bâtiment une apparence plus conforme à sa vocation d'église. (2)

Le curé de St-Jean-Baptiste était occupé à assurer l'essor de la paroisse française, et il avait obtenu l'aide, à tour de rôle, des pères Lucien KEMBLE, Sigismond LAJOIE, et Ray-nier CHABOT. (3) Ce dernier s'occupa plus particulièrement des jeunes de la paroisse, qui fondèrent le 'Club des Jeunes' dont le but premier était, non seulement d'inculquer aux jeunes paroissiens une meilleure connaissance de leur religion, mais aussi de leur permettre de se rencontrer et de mieux se connaître (4) Bientôt, cependant, d'autres jeunes Canadiens français de Regina, attirés par les activités du club, prenaient part à ses activités, mais sans être paroissiens de St-Jean-Baptiste, condition qui semblait alors nécessaire. C'est ainsi que pour répondre aux désirs du Club des Jeunes, le père CHABOT se fit leur interprète auprès de Son Excellence pour soumettre à ce dernier une triple requête:

1) Que le comité soit autorisé à accepter et à à inviter comme spectateurs aux réunions et activités sociales du club les jeunes Cana-diens-français de la ville, même s'ils ne fréquentent pas en ce moment la paroisse St-Jean-Baptiste;

2) Que le comité soit autorisé à inscrire comme membres du club ceux qui le désirent (il s'agissait aussi probablement des francopho-nes dont il est question en 1), sans exiger d'eux comme condition à leur inscription, de devenir membres de ladite paroisse:

3) Que le club, en ce qui a trait à ses activités sociales et sportives, soit considéré comme un club urbain extra-paroissial, tout en étant placé sous la direction morale et spirituelle du curé de ladite paroisse, ou de son délégué, (5)

Les deux premières demandes du club des jeunes furent acceptées, mais la troisième fut 'deferred indefinitely' (6) Sans doute peut-on s'étonner de nos jours de constater avec quelle rigueur un club de jeunes Canadiens français de cette époque réglementait l'accès des autres francophones de la ville à ses activités, du moins en ce qui touchait à ses règlements originaux; mais encore faudrait-Il savoir si ces règlements avaient été rédigés par eux-mêmes, ou s'ils découlaient, peut-être, d'exigences canoniques imposées à cette époque à des organismes paroissiaux de ce genre. Entre-temps, le comité paroissial étudiait diverses propositions pour la reconstruction de la salle et le creusage d'une salle souterraine, qui puisse servir de salle paroissiale. (7)

René Rottiers
Tous droits réservés

(1) Récit historique... Léo Lirette, 1968, p. 28-30. A.A.R.
(2) Ibid., p. 28-30.
(3) Golden Jubilee, Archdiocese of Regina 1911-1961, p. 124.
(4) Lettre du père Raynier Chabot, OFM, to the Most Reverend Michael C. O'Neil, D.D., Arshbishop of Regina, January 28, 1955. (Traduction libre)
(5) Ibid.
6. Ibid.
7. Op. cit. Récit historique... Léo Lirette, 1968, pp. 28-30.





 
(e0)