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Regina - L'organisation religieuse

L'abbé LARCHE était alors l'un dès quelques prêtres séculiers faisant du ministère en Saskatchewan. Durant sa première année à Regina il célébrait le Saint Sacrifice de la messe dans le haut d'une forge appartenant à un catholique convaincu et dévoué, Charles McCUSKER.
Celui-ci et Pascal BONNEAU avaient réussi entre-temps à réunir une somme de plus de mille dollars en vue de l'objectif de cinq mille dollars fixé pour la construction d'une église. L'hebdomadaire manitobain francophone «Le Manitoba» nous parle de ce projet dans un article daté de Regina le 14 juin 1884:

«M. P. Bonneau. qui a obtenu le contrat pour la construction de notre église catholique poursuit ses travaux avec la plus grande activité. Une fois terminée l'église aura une dimension de 24x40 pieds et un clocher de 60 pieds s'élèvera au dessus de la toiture. L'église est située au coin de la rue Cornwall et de la 12e avenue. Le Rév. M. Larche mérite beaucoup d'éloges pour le zèle et l'activité qu'il a déployés pour assurer le succès de son entreprise. Notre église sera consacrée le 29 courant et nous nous attendons d'être honorés de la visite distinguée de Mgr l'Archevêque de Saint-Boniface, qui devra présider la cérémonie.»

En raison d'un retard, la cérémonie dut être reportée au 3 août. S. Exc. Mgr Alexandre TACHÉ vint alors à cette date consacrer et dédier à la Vierge la première église catholique de Regina, l'église Ste-Marie; elle pouvait s'enorgueillir aussi de posséder une cloche de 300 livres, la première à Regina. L'église Ste-Marie fut aussi, avec l'église anglicane St. Paul, l'une des deux premières bâties à Regina et pouvant être qualifiées d'églises, en ce sens qu'elles dépassaient la notion de chapelle improvisée, et étaient habituellement réservées à l'exercice du culte. Il est vrai que les Méthodistes, après avoir inauguré leurs services religieux dans une «Gospel tent», le 27 août 1882, réussirent à bâtir en dix jours ce que certains ont appelé la première église bâtie à Regina, terminée le 17 novembre 1882; mais peut-on sérieusement qualifier d'église un bâtiment qui pendant de nombreuses années servit en même temps, sinon davantage, de tribunal, d'école, de secrétariat municipal et de public lecture hall?» L'historien Earl DRAKE nous dit aussi que les premiers services religieux presbytériens à Regina fu-rent célébrés une semaine après ceux inaugurés par les Méthodistes, par un pasteur, venu de Winnipeg, et qu'ils eurent lieu dans un genre de petite chapelle, qui s'avéra, trop petite dès le printemps de 1883; ils louèrent alors un bâtiment pour y tenir les exercices du culte; leur première église, la Knox Presbyterian Church, ne fut terminée qu'en 1885. En ce qui a trait à l'église anglicane St. Paul, sa construction fut entreprise plusieurs mois après l'arrivée du premier pasteur résident, le Rev. Alfred OSBORNE, au printemps 1883; elle fut consacrée en juin 1884 par le premier évêque du Diocèse d'Assiniboia, devenu ensuite le Diocèse anglican de Qu'Appelle, le Rev. Adel-bert ANSON. Or, c'était aussi en juin 1884 que devait avoir lieu la consécration de l'église Ste-Marie, reportée au 3 août suivant. Laquelle de ces deux églises servit la première aux services du culte? C'est bien difficile à dire. On relève toutefois la date du 3 décembre 1883 dans les registres de la paroisse Ste-Marie, mentionnant les deux premiers baptêmes inscrits à cette paroisse.

L'abbé LARCHE resta à la paroisse Ste-Ma-rie jusqu'en février 1885. Le père Joseph McCARTHY, O.M.I., lui succéda jusqu'à l'année suivante, puis ce fut un autre prêtre séculier canadien français, l'abbé Damien GRATTON, qui devint desservant de la paroisse jusqu'à sa mort tragique au début de mars 1891. Le 7 mars, revenant en traîneau de la Montagne de Bois, qui était l'une des succursales de sa paroisse, il se trouva aux prises avec une épaisse couche de neige sur son chemin et ses chevaux, à bout de fatigue, finirent par s'épuiser. L'abbé GRATTON, qui voulait obsti-nément être au service de ses paroissiens de Regina pour la messe dominicale du lendemain, décida de faire en raquettes les 25 milles qui le séparaient encore de son but; hélas, il fut bien vite victime lui aussi d'épuisement, et succom-ba, gelé, à sa mésaventure; son corps ne fut retrouvé que quelques jours plus tard, et il fut enterré à l'ombre de sa petite église. Durant son ministère à l'église Ste-Marie l'abbé GRAT-TON avait béni solennellement, le 29 novembre 1888, un mariage qui avait constitué un événement social important dans la capitale, celui du Surintendant de la Northwest Mounted Police, Sévère GAGNON et d'Emma Blanche ROYAL, fille du Lieutenant gouver-neur des Territoires du Nord-Ouest, Joseph ROYAL. Un autre prêtre canadien français, l'abbé Joseph CARON, qui était arrivé dans l'Ouest peu après le décès tragique de l'abbé GRATTON, fut appelé à lui succéder le 25 août 1891. Il devait rester trois ans à la tête des catholiques de Regina.

(1) Histoire de Willow Bunch, Rév. Clovis Rondeau, Rév. Adrien Chabot, p. 117. (Contrairement à ce qu'écrit le Dr W.A. Riddell dans son livre Regina from Pile o'Bones to Queen City of the Plains, p. 61, selon qui ce sont les presbytériens qui célébrèrent leurs offices religieux en cet endroit en 1883.
(2) Le Manitoba, 19 juin 1884, p. 3.
(3) Golden Jubilee, Archdiocese of Regina – 1911-1961, p. 110.
(4) Regina The Queen City, Earl Drake, pp 25, 26.
(5) Ibidem, p. 25, 26.
(6) Regina before yesterday, J. William Brennan, Ian Wilson, p. 26.
(7) Ibidem, Earl Drake, pp 25, 26.
(8) Ibidem, Golden Jubilee, Archdiocese of Regina – 1911-1961, p. 110.
(9) Ibidem, p. 111.





 
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