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Société historique de la Saskatchewan

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Regina - Débuts difficiles

Le premier annuaire de Regina date de 1885, année qui marque la reconnaissance du statut de cité à la nouvelle capitale des Territoires du Nord-Ouest. On y retrouve déjà quelques noms français, en plus de ceux de Pascal BONNEAU et de son fils Trefflé, tels que ceux de BRANCHARD, A.L., banquier, BOURGET, L.O., greffier au bureau du Lieutenant-gouver-neur des T.N.-O., FORGET, A.E., greffier au Conseil des T.N.-O., MELETTE, Napoléon, entrepreneur, BREDIN, Thomas, LAMBERT, (prénom non mentionné), CHAPLEAU, S-O., shérif, gouvernement des Territoires du Nord--Ouest, SAVARD Joseph, concierge, «Indian Dept.», BEAUCHAMP, Jean, travailleur; DAUNAIS, Charles, chasseur, GAUDRY, An-dré, entrepreneur, PARENT, F., transporteur; on y relève aussi d'autres noms à consonance française; mais dont l'appartenance au groupe francophone est moins probable; mentionnons dans cette catégorie les noms de LAMONT, P., papeterie et objets de luxe, de GANNON, Benjamin, «saloonkeeper» et du Dr R.B. COTTON, «Surgeon, Accoucheur, Esq.» Le mot «accoucheur» étant un mot français, il se pourrait que ce médecin ait été francophone, mais rien n'est moins certain. L'annuaire signale par ailleurs l'existence d'un restaurant français, rue South Railway, dont le propriétaire était un certain ARNOLD, F. (1)
Les hommes d'affaires alors établis à Regina étaient conscients du rôle que la capitale des Territoires était appelée à jouer dans .l'implantation de la vie industrielle et économique de cette immense région. Le 23 mars 1886, ils fondaient la Chambre de Commerce de Regina, qui fut incorporée deux ans plus tard et mit au point un vaste programme destiné à attirer de nouveaux colons dans la cité. Ces efforts furent récompensés alors que trois ans plus tard, en 1889, 480 colons vinrent s y établir, soit davantage qu'au cours des trois années précé-dentes réunies. De ces 480 nouveaux arrivants, 292 venaient de l'est du Canada dont, fort probablement quelques dizaines de francophones; ce contingent comprenait aussi 93 Britanniques et 90 Allemands. (2)

Les difficultés ne furent toutefois pas exemptes du tableau. Les espoirs des premiers colons venus s'établir dans la campagne environnante avaient été déçus une première fois en 1886, alors que les récoltes n'avaient rien donné à l'exception de celle des pommes de terre. Puis en 1889, alors que la situation des fermiers commençaient à s'améliorer, ce fut une autre sécheresse, et une autre récolte perdue. Le manque d'argent chez les fermiers avait ralenti les affaires à Regina, et freiné l'arrivée de nouveaux colons. Entre temps, cependant, plusieurs esprits ingénieux et entreprenants mettaient au point divers projets de modernisation de la capitale, tels que l'avènement du transport urbain par tramways électriques, l'instal-lation d'un système d'égouts, etc... La récolte record de 1891, avec des rendements variant de 40 à 45 boisseaux à l'acre, était venue rendre l'espoir aussi bien aux fermiers qu'aux citadins; les agriculteurs avaient profité de la situation pour moderniser et diversifier leur équipement agricole, en contractant parfois des emprunts élevés, qui avaient plongé certains d'entre eux par la, suite dans une situation financière précaire. Brusquement, en effet, en 1892, une nouvelle sécheresse vint réduire la récolte prévue, de moitié, et fut suivie par. une. autre année stérile, alors que des vents chauds et continus vinrent littéralement, cuire les terres agricoles les rendre improductives.

Survint alors la pire année de toutes, 1894, pire encore que les précédentes, et pire que ne serait plus tard, 1937. Et comme ce fut le cas lors des années trente, beaucoup de gens quittèrent alors le pays, à la recherche de cieux plus prometteurs. (3) Regina connut alors quelques--uns des jours les plus sombres de son histoire. À la sévère dépression économique qui venait entraver et menacer son expansion, vint s'ajouter une épidémie de fièvre typhoïde, baptisée «Fièvre des Prairies». Ce fut alors presque. une situation de panique, que la mise en service des premiers égouts contribua à maîtriser. Dans la capitale un seul hôpital privé dirigé par. Madame TRUESDELL, et situé à l'angle de la 11e avenue et de la rue Mclntyre; mais la plupart des malades furent soignés dans des maisons privées par les trois médecins d'alors à Regina, et par de dévouées infirmières volontaires, improvisées. (4) L'est de la cité présenta aussi de sérieux dangers sanitaires dans le quartier appelé alors
«Germantown», habité par de pauvres gens démunis, et où le maire de la capitale découvrit en octobre1892, seize porcs vivant dans des étables putrides, contrairement aux règlements sanitaires de la capitale. (5) .-

Malgré ces difficultés, la population de Regina était passé, de 1889 à 1891, de 997 à 1 681 habitants. La population de langue allemande, spécialement, augmentait à Regina, et elle comptait une bonne proportion de catholiques; c'est ainsi qu'en mai 1899, l'église Ste-Marie dénombrait 350 catholiques à Regina, ainsi que 200 autres dans la campagne environnante. (6)

(1) S.A., Regina Directory, 1885.
(2) Regina, The Queen City, Earl Drake, p. 54.
(3) Ibidem, p. 72-73.
(4) Ibidem, p. 72-73.
(5) Ibidem, p. 72-73.
(6) Golden Jubilee, Archidiocese of Regina, p. 111.





 
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