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Regina - Changement de dynastie religieuse

Dans la lettre à Mgr Gerein, Vicaire général de l'Archidiocèse de Regina, dont il était question dans notre chronique précédente, les syndics ajoutaient qu'ils souhaitaient que les Oblats soient invités à prendre charge de la paroisse St-Jean-Baptiste: «In the first place, their Order is well-know to most French-Canadians of the Western provinces, and we have confidence in their ability to provide us with French-speaking priests. Furthermore, their members are mostly from the Western Provinces and have a working knowledge of the problems facing us here.
We trust that His Grace will consider our proposals and decide to accept them. We are very sorry that we have had to request you to ask the Franciscans to leave our parish, but we have done so in what we believe to be the best interest of our parishioners. Should they leave, we will certainly not forget their contribution to the growth and development of our parish, nor will we forget their many kindness. However, in the interest of continuity of administration and efficiency, we are forced to believe that this is the only solution to a festering problem.» (1)

Comme prévu, le père Ildephonse Riopel, O.F.M. prit sa retraite au cours de l'été 1967; contrairement aux attentes des syndics, son successeur ne fut pas un Oblat, mais un autre Franciscain, le père Marius Bédard, qui devait toutefois être le dernier membre de son Ordre à présider aux destinées de la paroisse St-Jean-Baptiste de Regina.

Le père Bédard conquit d'emblée le coeur de ses paroissiens, par sa simplicité, par la bonhomie joyeuse qui se dégageait de sa personne, et par son souci de continuer l'oeuvre entreprise par ses prédécesseurs; comme eux, il se mêla intimement aux activités paroissiales, auxquelles il sut redonner lui aussi, un nouvel élan. S'il est vrai qu'il parlait de la francophonie avec un petit accent nationaliste, le père Bédard ne se départissait jamais de la charité chrétienne qui lui permettait d'entretenir d'excellents rapports avec tous les éléments de la société. Il donnait aussi l'impression de vivre en ascète, et qui ne se rappelle de sa chasse permanente aux étiquettes des boites de soupe Campbell, qui lui permettaient, Dieu sait par quelles combines, d'obtenir gratuitement d'autres boites de soupe Campbell qui lui permettaient probablement d'aider quelques familles à faibles revenus. Contrairement à la plupart de ses prédécesseurs, le père Bédard semblait être en parfaite santé, et tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Depuis longtemps, cependant, le père Marius Bédard avait repoussé l'idée de prendre des vacances, lorsque, fortuitement, l'un de ses amis intimes, M. Claude Béchard de Regina, vint à discuter avec lui d'un projet de vacances en Europe. L'idée se concrétisa, et vers la fin juillet 1973, les deux amis embarquèrent à New-York à bord du magnifique paquebot, le «Queen Elisabeth II», à destination de Southampton. Il s'agissait d'un voyage organisé en Europe qui les conduisit successivement à Londres, en Belgique, en Irlande, en Allemagne de l'Ouest, en Italie, en Suisse et en Autriche. Avant de rentrer au pays, le père Bédard et Claude Béchard passèrent ensuite, en dehors du voyage organisé, environ deux semaines à Paris, séjour qui leur permit de se détendre en visitant les nombreux monuments et points d'intérêt de la Ville lumière. Puis ils rentrèrent au Canada avec Air-France.

Ce magnifique voyage devait toutefois se terminer d'une bien tragique façon. À peine rentré dans sa ville de Quebec, le père Marius Bédard fut soudainement frappé d'une paralysie cérébrale, qui provoqua chez l'infortuné curé de la paroisse St-Jean-Baptiste une perte assez prononcée de la parole. Avec le temps, son état de santé s'améliora quelque peu, et il revint à Regina pour le mariage de son ami Claude Béchard. Actuellement, l'état de santé du père Bédard semble assez précaire puisque, selon ce que me disait M. Claude Béchard lui-même, le médecin aurait interdit qu'on lui écrive, ou qu'on lui téléphone.

L'intérim fut assuré par le père Fidèle Chicoine. O.F.M., qui fut chargé de s'occuper de la paroisse pour une période d'un mois; cette période fut prolongée jusqu'en octobre, alors qu'un autre Franciscain, le père Sébastien, de Lumsden, prit en main la responsabilité de la paroisse St-Jean-Baptiste de Regina jusqu'au 1er juillet 1974, La relève fut alors assurée par le père Albert Gervais, O.M.I.. qui devenait ainsi le premier curé oblat de la paroisse nationale française de Regina, et que le voeu exprimé par l'ACFR en 1966, se trouvait exaucé. La dynastie des pères Oblats de Marie-Immaculée succédait à celle des pères Franciscains, qui pouvaient toutefois être fiers du magnifique travail accompli dans les premières et difficiles années de la paroisse St-Jean-Baptiste.

Bien qu'ancien professeur d'anglais au collège Mathieu, le père Gervais avait su s'adapter avec facilité à ses responsabilités paroissiales, et avait apporté un soin particulier à la liturgie et aux offices religieux. Puis il reçut une nouvelle obédience en devenant curé de sa paroisse natale: St-Maurice-de-Bellegarde. Le père Benoit Paris, O.M.I. lui succédait le 1er juillet 1978, en tant que nouveau curé de la paroisse St-Jean-Baptiste.

René Rottiers
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(1) Lettre à Mgr Gerein, 16 juillet 1966.





 
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