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Des histoires

Ranchs de visons à Buffalo Narrows

Le marché de la fourrure connut une expansion sans précédent après la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs ranchs de visons furent alors établis près de Buffalo Narrows, afin de tirer profit des avantages naturels offerts par la région, dont l'abondance du poisson et de l'eau fraîche pour nourrir et abreuver les animaux. Quelques propriétaires de ranch et plusieurs de leurs employés étaient des Métis de langue française.
Il existait apparemment un ou deux ranchs dès le milieu des années 1920. Les premiers visons étaient des animaux sauvages, trouvés vivants par des trappeurs. La qualité de leur fourrure ne pouvait toutefois se comparer à celle des visons d'élevage aux États-Unis et les ranchers commencèrent à importer des spécimens de race pure. Au tout début des années 1950, on comptait 13 ranchs de visons dans la région, avec une population approximative de 8000 animaux. Dès le milieu de cette décennie, il y avait 33 ranchs, avec au moins 21 000 animaux encagés. Les ranchs étaient situés tout autour des trois lacs, Grand Peter Pond, Petit Peter Pond et Churchill, qui forment ensemble la source du fleuve Churchill.

Les visons naissaient habituellement en mai. Quatre petits constituaient une portée normale, quoi qu'on ait apparemment souvent vu des portées d'une douzaine ou plus. Les petits souffraient facilement du froid et de l'humidité; les éleveurs plaçaient donc une bonne quantité de foin dans les cages en grillage métallique. La mère vison en faisait un nid confortable. Plusieurs éleveurs préféraient placer les cages sous un abri rudimentaire pour protéger les animaux des pluies printannières.

L'alimentation des visons devait être surveillée de près. C'est surtout le fait que les trois lacs étaient poissonneux qui avait attiré en premier lieu les éleveurs, dont Claude Bouchard, François Daigneault, Georges Laliberté et Oscar Petit, à Buffalo Narrows. On servait un mélange de poissons déchiquetés (surtout du brochet mais aussi du doré, du corégone ainsi que d'autres espèces de peu de valeur commerciale) et de céréales, auquel on ajoutait des vitamines et un agent de conservation durant les grandes chaleurs de l'été. On augmentait progressivement les rations quotidiennes jusqu'à 350 grammes pour les adultes.

Quelques éleveurs se livraient à la pêche, mais plusieurs préféraient acheter des débris de poisson à la conserverie de Buffalo Narrows.

Vers la fin novembre, l'éleveur sélectionnait les animaux de reproduction et abattait les autres, car leur fourrure avait alors atteint sa plus grande valeur. Les prix variaient généralement entre six et cent dollars. La condition de la fourrure elle-même avait une influence certaine, mais c'était surtout les caprices de la mode qui déterminaient le prix obtenu. Une année, les fourrures blanches valaient leur pesant d'or, l'année suivante elles ne trouvaient même pas preneur. Les éleveurs n'avaient aucun moyen de prédire quelle couleur allait avoir la faveur la saison suivante.

L'augmentation du prix de l'essence pour les barques de pêche, les congélateurs et les pompes à eau, de même que la difficulté de trouver des approvisionnements en céréales à prix raisonnable et la montée générale des salaires resserrèrent graduellement les marges de profit. C'est en fin de compte l'instabilité des marchés qui poussa les éleveurs à diminuer les opérations à la toute fin des années 1960. Il ne reste aujourd'hui presque plus rien de cette industrie qui fut un temps florissante dans la région de Buffalo Narrows.

(adapté de Richard Wuorinen, A History of Buffalo Narrows, Buffalo Narrows Celebrate Saskatchewan Committee, Buffalo Narrows, 1981, pp. 17-23)





 
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