Contact
Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 3 numéro 2

Quelques souvenirs de ma jeunesse

par Roger Motut
Vol. 3 - no 2, janvier 1993
Au tout début, les gens de Hoey allaient à la messe à la Mission de Domrémy qui se trouvait alors plus près du village que ne l’était Saint-Louis. En 1916, le Grand Tronc avait construit le pont de chemin de fer sur la Saskatchewan Sud à environ un mille et demi du site du vieux Saint-Louis. Le train qui jusque-là tournait à Hoey pour redescendre vers le sud, pouvait alors filer jusqu’à Prince Albert pour revenir le lendemain matin.

Une fois l’église déménagée, Hoey fit partie de cette paroisse plus près maintenant que ne l’était le nouveau site de Domrémy à 7 milles au sud. Le Père Adam, curé de Saint-Louis ainsi que bon nombre de ses paroissiens s’opposaient à ce que Hoey ait une chapelle et que la population soit desservie par le curé de Saint-Louis. Nous allions donc tous à la messe à Saint-Louis au début. Il y avait tout de même plusieurs familles très éloignées de l’église paroissiale et en hiver, peu de gens pouvaient se rendre à la messe. Il fallut aller jusqu’à l’Evêque, Mgr Prud’homme pour avoir gain de cause. Lorsque le nouveau curé, l’abbé Carpentier, est arrivé, il venait le samedi à Hoey, disait une messe de bonne heure le dimanche matin puis se faisait reconduire à Saint-Louis pour une messe plus tardive. Les mariages, les enterrements, les baptêmes, premières communions et les confirmation se faisaient dans l’église paroissiale de Saint-Louis. Les bazars paroissiaux aussi. Hoey et Saint-Louis avaient chacun une candidate dont le but était de ramasser des fonds pour l’Eglise paroissiale et le bazar annuel qui, pendant quelques années avait lieu au Couvent des Filles de la Providence. Plus tard, M.l’abbé Alfred Boucher, le frère de W.A. Boucher remplissait le rôle de vicaire dans la paroisse et soit lui ou l’abbé Carpentier disait leur messe à Hoey.

Hoey était le centre commercial de la région et l’est resté jusqu’aux années de la Dépression. Il y avait la banque, quatre élévateurs, l’hôtel où s’arrêtaient les commis voyageurs, deux grands magasins, des compagnies de machines agricoles, un forgeron, une cour-à-bois, un médecin résident qui couvrait tout le territoire de la Municipalité, un bon garage, des compagnies de pétrole, le magasin de fer, un cordonnier, le Secrétariat de la
Municipalité, etc. Pendant les années 20, le village était prospère.

Je me souviens que les gens de Bellevue qui devaient charroyer leur grain l’hiver parce que la “butte de Bellevue” était trop abrupte pour leurs chevaux, venaient les faire ferrer à la
Des jeunes de Hoey
Des jeunes de Hoey vers 1926. De gauche à droite: Gilberte Motut, Roger Motut, Melva Baribeau, Lilliane Motut, Béatrice Baribeau, Blanche Neefs, Roland Motut et Evelyne Cloutier.
Photo: Roger Motut

forge. Les Norvégiens qui habitaient à l’est de Hoey venaient aussi faire leurs affaires au village. Il n’était pas question de venir en automobile l’hiver...alors, souvent, devant et derrière les magasins, il y avait plusieurs chevaux attachés à des rampes et qui attendaient leurs maîtres.

Hoey était aussi reconnu comme centre culturel. Que de soirées, concerts musicaux, drames, comédies, récitations de toutes sortes n’ont-ils pas eu lieu dans la grande salle. La troupe dramatique du Cercle de l’A.C.F.C. de Hoey allait jouer ses pièces jusqu’à Prud’homme ou Saint-Brieux...et même Marcelin ou Albertville. Un soir, pendant la visite de M.Duprat, chanteur de folklore français, la salle était tellement comble que le plancher défonça. Heureusement que la terre n’était pas loin dessous. Le lendemain soir, il y eut une autre représentation pour les gens du village qui cédèrent leurs places aux autres venus de loin.

Je voudrais rendre hommage à mon père qui à partir de 1920 jusqu’en 1937, a été membre de la Commission Scolaire et président pendant bon nombre d’années. Avec l’aide de personnes aussi convaincues que lui, nous avons toujours eu de bons enseignants pour les enfants du village et des alentours. Parmi les commissaires d’école qui ont travaillé avec lui, Albert Dupuis, Lucien Mareschal, Octave Parent, Eli Godbout et Madame Moreau sont des plus méritants. Les enseignants, tous laics, que nous avions, ont su nous donner l’amour de la langue et de la culture par leur exemple et leurs convictions.


La Revue historique est publiée quatre fois l'an par la Société historique de la Saskatchewan. La revue est imprimée par Printco Graphics Inc. de Regina.

Toute reproduction en tout ou en partie, d'un texte ou d'une photo est interdite sans la permission écrite de la Société historique de la Saskatchewan, mais la Société autorise et encourage les institutions d'enseignement de la Saskatche-wan à reproduire des extraits de cette revue pour toutes fins éducatives.

Rédacteur: Laurier Gareau

ISSN 1188-5890










 
(e0)