Revue historique: volume 17 numéro 4Pionniers en Saskatchewanpar Lucille Labrecque-Nawrocki vol. 17 - no 4, juin 2007
Mon grand-père paternel Alfred Labrecque a épousé Marie Brulotte le 27 juillet 1879 à Saint-Ferdinand, Québec. Dix enfants sont nés de cette union à Ham-Nord, Québec. Mon père, Joseph-Eugène Labrecque, le 7e enfant dAlfred est né le 29 avril 1891 à Ham-Nord. Eugène est déménagé à Rosetown en 1910 comme pionnier. Mon grand-père maternel, John Lajeunesse, a épousé Rosalie Morin de Ham-Nord. Ils ont eu une famille de 15 enfants, deux dentre eux sont morts vers lâge de deux ans.
Ils ont quitté Ham-Nord pour sétablir à Debden en Saskatchewan en 1912 avec les quatre plus jeunes. Ma mère Lucienne Lajeunesse, la plus jeune, est née le 6 janvier 1898. Elle avait 14 ans quand elle est arrivée à Debden. Elle a appris à parler anglais durant lhiver mais elle navait pas beau-coup doccasion de le parler. Elle a épousé Eugène Labrecque le 8 janvier 1918 à Debden. Eugène et Lucienne Labrecque se sont établis dans une petite maison de bois avec plancher de terre à 9 milles au sud de Rosetown! Durant leur séjour à la campagne, ils ont bâti deux autres maisons plus confortables. Quand Eugène est parti de lEst pour venir dans lOuest, il était venu avec un cheval, un petit paquet de vêtements et un tout petit peu dargent dans ses poches. Il a voyagé à bord du train dans le compartiment des animaux parce quil navait pas suffisamment dargent pour acheter un billet. Il a déboursé quelques dollars pour son cheval et rien pour lui-même.
En arrivant dans lOuest, papa a été malade pendant une année. On pense aujourdhui que cétait leau très dure qui laffaiblissait. Après quelques temps, il a commencé à creuser des puits avec une machine et un cheval. Il avait également deux hommes qui travaillaient pour lui. Cétait un travail très dangereux car il fallait souvent employer la dynamite pour briser les rochers. Mon père connaissait bien les couches de la terre à quelques mètres de profondeur. En dynamitant la terre, il a eu plusieurs accidents mais sans se blesser gravement. Souvent, il disait en riant : «Jai sept vie comme un chat». Lété, il creusait des puits mais au cours de lhiver, il demeurait à Debden et travaillait dans le bois comme bûcheron. Cela a duré sept ans. Il a aussi commencé à défricher et cultiver sa terre. Avant de se marier, il sest acheté une auto «Ford Model T». Il a été le premier dans la ville de Rosetown à conduire une auto, par conséquent, il a été le premier à être victime dun accident! Il a frappé un cochon et lauto sest renversée. Il sest endommagé une épaule qui la fait souffrir pour le reste de sa vie et il a perdu la vue dans un il.
En 1940, il sest construit un bâtiment en bois de 100 pieds de long avec une couverture ronde. Le bâtiment était assez haut pour placer les camions sous le grain. Les ingénieurs de lUniversité de Saskatoon lui avaient dit quun tel bâtiment serait impossible à construire, mais il la fait quand même. Le bâtiment est encore en service aujourdhui. Il a aussi été le premier à bâtir des graineries en bois avec un toit pointu. Les hommes navaient pas besoin de pelleter le grain, il descendait seul facilement. Après la grande sécheresse des années 1930-37, il a acheté les terres des fermiers qui étaient retournés dans lEst en payant seulement les taxes municipales. Finalement, il avait trois sections et trois-quarts de terre, faisant de lui à ce moment-là lun des plus gros fermiers de la région! Notre troisième maison a été bâtie pendant les années de sécheresse avec de vieilles planches; on y a cependant installé une fournaise neuve. La famille a vécu au sous-sol pendant plusieurs années. Mes parents étaient habitués davoir un grand jardin de légumes et plusieurs arbres fruitiers qui nourrissaient la famille sans dépenser beaucoup dargent. On avait aussi les autres produits de la ferme : le lait, les ufs, la viande. Ma mère faisait même du fromage. Pendant quarante et un ans, mes parents ont cultivé la terre en variant les sortes de semences et ont fait plusieurs autres travaux. Dans le but déliminer les difficultés des travaux sur la ferme, papa simprovisait tantôt forgeron, tantôt soudeur. Papa était un «patenteux». Maman travaillait fort pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle trayait les vaches durant lété, prenait soin des poules, ramassait les ufs et voyait au jardinage et à la cueillette des petits fruits, etc. Durant lhiver, cétait le temps de coudre les vêtements pour tous et de tresser des tapis pour mettre à la porte ou à côté des lits des enfants. Elle tricotait des foulards, des mitaines, tout ce dont les enfants avaient besoin pour être chaudement vêtus. De notre mère, les filles ont appris à faire les travaux ménagers. Souvent, notre maison était pleine de gens qui faisaient de la musique, dansaient, chantaient; maman pouvait donner à tous un bon repas. La parenté jouait aussi aux cartes lors des grosses veillées quand visitaient les parents de lEst. En 1950, Eugène et Lucienne ont fait un pèlerinage à Rome dans le cadre de lAnnée sainte pour voir le pape; ils sont même allés prier Marie à Lourdes. Ils ont fait dautres beaux voyages dans leur vieil âge. À Pâques 1978, ils ont fêté leur 60e anniversaire de mariage avec leurs 13 enfants, une cinquantaine de petits-enfants et la parenté de lEst. Lucienne est décédée le 27 mars 1980 et Eugène, le 8 janvier 1981 à Rosetown. |
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