Des lieuxPérigord et Saint-FrontEn rimant: Un canadien du nord, à Périgord, De son abonnement un peu en retard Vous prie M. le Rédacteur De vouloir excuser sa lenteur. Un peu au Nord et à Périgord, Un peu de plaine et de tremble fort Toujours canadien avec des bras forts Je puis enfin vous payer un dollar. Je suis catholique, natif du pays, Je parle la langue de France, vieille patrie, Apprise sur les genoux d'une mère chérie Je prie Dieu pour 'Le Patriote' et ses amis. Le Patriote de l'Ouest le 6 février 1913 Comme on peut le remarquer, les colons français et canadiens-français tentaient par tous les moyens à promouvoir leur coin de la province dans les pages du Patriote de l'Ouest. Leur but étant d'attirer de nouveaux immigrants chez eux. Cet habitant de Périgord avait choisi un genre très poétique pour exprimer comment, après avoir fait un travail assidu sur son homestead, il pouvait se permettre de payer son abonnement au journal. Périgord et Saint-Front, deux petites communautés francophones, sont situés au sud-est de Saint-Brieux. «Au nord des deux lacs La Plume (Quill Lakes), à 117 milles à l'est de Saskatoon, Périgord et Saint-Front, deux centres franco-canadiens, ont des origines qui se confondent et se rassemblent par plus d'un côté.»(1) La région est difficilement accessible vers 1910 lorsque les premiers colons viennent s'y établir. Florian Montès, né à Saint-Front en France, est venu s'établir dans la région de Saint-Claude au Manitoba avant de déménager en Saskatchewan. «En 1912, une bourrasque épouvantable dévasta la région, ne laissant debout que les chênes solidement enracinés. Suivirent des pluies diluviennes qui détrempèrent le sol si profondément qu'il ne put s'assécher qu'au bout d'une année.»(2) Malgré cela, les colons continueront à être attirés vers la région. «En dépit de tout, les défricheurs auront le dessus, car la terre est excellente et facile à travailler. Les hautes herbes, les pois sauvages et le 'jargeau' poussent en abondance. On trouve l'eau à dix ou douze pieds et une nappe souterraine à peu de profondeur.»(3) Ce seront surtout des Français, des Canadiens français et des Belges qui suivront Montès à Saint-Front et à Périgord. Picton, Basset, Le Strat, Dubreuil, Noël, Sauvageot et Montès sont des noms de colons dans la région en 1915. Cette année-là, il y a environ cinquante familles françaises dans la région. «Ce coin de l'Ouest inconnu et isolé jouit d'une oreille sympathique à Ottawa. Lorsqu'il (Montès) fait la demande d'un bureau de poste, il en obtient deux: l'un à Saint-Front et l'autre à Périgord.»(4) Moïse Rousseau est maître de poste à Périgord jusqu'en 1919, puis se sera au tour d'Édouard Bernier jusqu'en 1921. Puis, lorsque le bureau de poste est déménagé dans le hameau de Périgord, c'est Marcel Assaily qui en sera responsable. «Marcel Assaily est né en France en 1873. Il arrive à Laurier, Manitoba, comme jeune homme.Plus tard, il déménage à Paswegin, Saskatchewan où il opère une quincaillerie et une forge. Là, il marie Laura Villeneuve. En 1920, ils déménagent à Périgord où Marcel ouvre une autre forge et une épicerie. En 1921, il devient maître de poste, poste qu'il occupe jusqu'à sa retraite en 1945. Son épouse est décédée en 1940.»(5) En 1913, Florian Montès construit une petite chapelle en bois rond à Saint-Front. Mais il y a déjà une mission dans la région. Depuis 1909, l'abbé D. Gamache tente d'encourager des colons français et catholiques à venir s'établir à Périgord. «En 1911, les colons construisent leur première chapelle, qui sert aussi de presbytère, sur un site un mille au nord de l'église actuelle. En 1918, un cyclone endommage la chapelle et détruit tous les records de la paroisse. En 1923 ou 1924, la chapelle est détruite par le feu.»(6) Au début, les paroisses de Périgord et de Saint-Front appartiennent au diocèse de Prince Albert. Les abbés Benoit, Demers, Morneau, Lacroix, Lesann et Joly sont parmi les missionnaires qui viennent desservir la paroisse de Périgord. En 1933, lorsque le diocèse est divisé pour créer le diocèse de Saskatoon, les deux petites paroisses françaises au nord des «lacs La Plume» (Quill Lakes) passent au diocèse de Regina. L'année suivante, l'archevêque de Regina nomme l'abbé J. A. Lévesque comme curé de Périgord. C'est lui qui fera venir une congrégation religieuse en 1935; les Filles de la Providence établissent un couvent à Périgord et s'occupent de l'enseignement des enfants jusqu'en 1947. Alexandre Prévost est un des pionniers qui suit Florian Montès à Saint-Front. Né en France, il est venu dans l'Ouest en 1894 et à Saint-Front vers 1914. Un autre des premiers est Joseph Basset. «Quant à Joseph Basset - celui qu'on appelait déjà le 'vieux Basset' au début de la colonie, quarante-cinq ans plus tôt - il mourut en 1956, dans sa quatre-vingt-dix-neuvième année. Lui aussi avait connu, dans sa lutte pour la vie, plusieurs champs d'action. Né à Corveissiat (Ain) et venu au Canada en 1893, cet infatigable travailleur avait défriché le sol à Notre-Dame-de-Lourdes, à Saint-Claude, à Dana avant de se fixer définitivement à Saint-Front.»(7) Donatien Frémont a écrit au sujet des gens de Saint-Front et Périgord: «Plusieurs rebroussent chemin. En général les Français - Auvergnats, Bretons, Savoyards - tiennent bon.»(8) (1) Frémont, Donatien, Les Français dans l'Ouest canadien, Saint-Boniface: Les éditions du blé, 1980, p. 124. (2) Ibid., p. 124. (3) Ibid., p. 124. (4) Ibid., p. 125. (5) Tears, Toil and Triumph: Story of Kelvington and District, Kelvington: Kelvington Historical Society, 1980, p. 204. (Traduction) (6) Archidiocese of Regina: A History, Regina: Archidiocèse de Regina, 1988, p. 193. (Traduction) (7) Frémont, Donatien, op. cit., p. 125. (8) Ibid., p. 125. Sources: Un bout d'histoire....(55) Archidiocese of Regina: A History, Regina: Archidiocèse de Regina, 1988. Frémont, Donatien, Les Français dans l'Ouest canadien, Saint-Boniface: Les éditions du blé, 1980. Tears, Toil and Triumph: Story of Kelvington and District, Kelvington: Kelvington Historical Society, 1980. |
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