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Des histoires

Pèlerinage de Saint-Laurent

Le pèlerinage de St-Laurent aura lieu le mardi 16 juillet pour les catholiques du rite latin et le mercredi 17 juillet pour les catholiques du rite ruthène. De nouvelles instructions seront données ultérieurement concernant le programme du pèlerinage.
Le Patriote de l'Ouest
le 6 juin 1912
En 1871, le père Alexis André, o.m.i., réussit à convaincre les Métis d'abandonner leur campement d'hiver à «La Petite Ville», environ 20 kilomètres au sud de Batoche, et d'établir une communauté permanente à Saint-Laurent. À cette fin, l'oblat réserve du terrain sur la rive ouest de la rivière Saskatchewan Sud, quelques kilomètres au nord de la traverse d'Xavier Letendre, dit Batoche.

Saint-Laurent de Grandin allait être le centre spirituel et éducatif pour les Métis de la région. Peu à peu, les Métis abandonnent «La Petite Ville» et s'établissent sur des lots de rivière dans la colonie de Saint-Laurent.

Le père Vital Fourmond, o.m.i., remplace le père André en 1873 et en 1879, c'est l'arrivée à Saint-Laurent du frère Jean-Pierre Piquet, o.m.i. Le frère oblat était né près de Lourdes en France et il avait connu Sainte Bernadette Soubirous. À Saint-Laurent, le frère Piquet s'aperçoit qu'il y a un petit ruisseau qui fournit l'eau pour la mission. «Lorsque, pour la première fois, il se trouva brusquement en face de la petite source où se puisait la provision d'eau de la mission, il fut fortement impressionné par le cadre du paysage. Tout lui parlait de Lourdes, la colline escarpée, le filet d'eau qui sortait de terre, le petit ruisseau du marécage, Gave en miniature, et jusqu'au sourd murmure des eaux de la Saskatchewan.»(1)

Au cours des prochaines années, le frère Piquet et le père Fourmond viennent prier près du ruisseau. Après le départ du frère Piquet, le père Fourmond ajoute une icône dans un arbre. «En 1881, de bonne heure au printemps, le Père donna l'ordre à un de ses serviteurs de faire une coche dans l'écorce d'un arbre situé près de la source et d'y insérer sous verre l'image de l'apparition de Lourdes.»(2)

Mlle Onésime Dorval, lorsqu'elle arrive à Saint-Laurent en 1881, accompagne régulièrement le père Fourmond dans la prière près du ruisseau, invitant même ses élèves à se joindre au groupe. En 1882, le frère Piquet revient à Saint-Laurent et décide qu'il «orientera sa vie vers ce double but, instruire les petits abandonnés et élever près de la source une grotte où Notre-Dame sera glorifiée.»(3)

Quelque temps avant la résistance des Métis de 1885, un Métis influent du coin, Charles Nolin, vient retrouver le père Fourmond et le frère Piquet à Saint-Laurent. Il leur explique que sa femme souffre d'une maladie de l'estomac depuis dix ans. «Tous les efforts des meilleurs médecins du pays ne purent réussir à enrayer les progrès du mal.»(4) Mme Nolin crache du sang, a des douleurs dans la poitrine, souffre d'insomnie, a une perte d'appétit et des troubles visuels. Charles Nolin est persuadé que l'eau de Lourdes assurera la guérison de sa femme. Il trouve de cette eau chez les religieuses de Saint-Laurent.

Le frère Piquet lui recommande de faire une neuvaine à Notre-Dame de Lourdes pour demander la guérison de Mme Nolin. Le Métis promet de payer une statue pour la grotte de Saint-Laurent si sa femme est guérie. La neuvaine commence le 16 décembre 1883. Rosalie Nolin est miraculeusement guérie; son mari donne une statue de Notre-Dame de Lourdes et le frère Piquet commence à bâtir une petite grotte. «Ce travail grossier ressemblait moins à une grotte dans la montagne qu'à une barricade sur un champ de bataille. Une niche rustique, semblable à un tombereau, abritait la statue.»(5)

Après le départ du frère Piquet et la mort du père Fourmond en 1892, la mission de Saint-Laurent de Grandin tombe en ruine. Bientôt, il n'y aura même plus de missionnaire résident.

Celui qui fera renaître un intérêt dans la grotte de Notre-Dame de Lourdes à Saint-Laurent est le frère Célestin Guillet, o.m.i. «Le 21 septembre 1893, le frère Célestin Guillet, infirme à la suite d'une blessure à la jambe, fait une neuvaine et un pèlerinage à la grotte. Il est guéri et peut retourner au travail à la mission du lac des Rennes.»(6)

Quelques années plus tard, le frère Guillet revient dans la région de Saint-Laurent pour construire l'église de l'Immaculée Conception à l'Anse aux Tourond (Fish Creek), sur la rive droite de la rivière Saskatchewan Sud, en face de l'ancien campement de «La Petite Ville».

Lorsqu'il a du temps libre, il se rend à la mission abandonnée de Saint-Laurent de Grandin; il répare la grotte et commence à inviter des gens de la région à venir faire des pèlerinages. «Le premier pèlerinage interparoissial à Saint-Laurent est organisé par le Frère Guillet. Il a lieu le 15 août 1905, et malgré un mauvais temps, environ 500 personnes se sont rendues à la grotte. Ils venaient de Bellevue, du lac Vermillon, de Fish Creek, de Carlton, de Duck Lake et d'autres paroisses.» (7)

Depuis, le pèlerinage a lieu chaque année au mois de juillet, mais il y en a aussi un deuxième, plus petit, le 15 août. En 1912, on reconnaît déjà l'importance des catholiques ukrainiens, car une journée du pèlerinage est consacrée aux catholiques du rite ruthène.


(1) Le Chevallier, R.P. Jules, o.m.i., Saint-Laurent de Grandin, Vannes: Imp. LaFolye et J. de Lamarzelle, 1930, p. 52.
(2) Ibid., p. 53.
(3) Ibid., p. 55.
(4) Ibid., p. 56.
(5) Ibid., p. 64.
(6) Lavigne, Solange, Kaleidoscope - Many Cultures - One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891-1991, Prince Albert (Sask): Le Diocèse de Prince Albert, 1990, p. 191. Traduction.
(7) Ibid., p. 191.

Sources:

Lavigne, Solange, Kaleidoscope - Many Cultures - One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891-1991, Prince Albert (Sask): Le Diocèse de Prince Albert, 1990.

Le Chevallier, R.P. Jules, o.m.i., Saint-Laurent de Grandin, Vannes: Imp. LaFolye et J. de Lamarzelle, 1930.





 
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