Des motsPamphletLes Fransaskois n'aiment généralement pas se faire dire qu'ils ont tort, surtout en matière de langue. En somme, c'est le cas pour tout le monde, non pas seulement les Fransaskois. Toutefois, il est généralement utile de se faire dire qu'on a tort, même si on n'a pas nécessairement l'intention de changer nos habitudes. En matière linguistique, c'est utile de prendre le temps de fouiller dans des dictionnaires pour découvrir la source de notre erreur. – Moi, j'appelle ça un pamphlet publicitaire. Mon amie me regarde; les yeux lui tournent dans la tête comme si elle voulait me dire: – Espèce de sans dessein. As-tu appris ton français en lisant la boîte de Kellogg's? Toutefois, elle est bien polie, mon amie, et elle dit plutôt: – Tu as tort, tu sais. On ne doit pas dire pamphlet qui est un anglicisme, mais plutôt brochure publicitaire. Et, en Fransaskois typique je réagis: – Ah, ouais! Qu'est-ce que tu connais là-dedans? En réalité, le Fransaskois typique ne réagira pas ainsi. Plutôt, il baisserait la tête, tournerait le dos à son interlocuteur et partirait en se disant: – Moi, je ne parlerais plus le français parce que je le parle mal. Ne riez pas car c'est bel et bien l'attitude de bien des nôtres. Toutefois, si on apprenait à fouiller dans les dictionnaires, lorsqu'un ami nous dit: – Tu as tort, tu sais. On ne doit pas dire pamphlet qui est un anglicisme, mais plutôt brochure publicitaire. On n'aurait pas besoin de partir la tête entre les jambes. On pourrait revenir à la charge avec la réplique suivante: – Tu sais ce que tu peux en faire de ta brochure?... En effet, pamphlet est un anglicisme et n'est accepté en français que pour signifier «un court écrit satirique, qui attaque avec violence le gouvernement, les institutions, la religion, un personnage connu.» Selon Gérard Dagenais, dans son Dictionnaire des difficultés de la langue française au Canada, le mot a été emprunté à l'anglais au XVIIe siècle, mais il n'a jamais pris le sens plus commercial anglais pour désigner toute publication courte non reliée (dépliant, brochure, imprimé descriptif, etc.). Si on accepte de ne pas utiliser pamphlet en français pour parler de tous ces feuillets publicitaires qu'on reçoit, il faut quand même faire attention par quoi on le remplace. Mon amie me suggère de dire brochure. Toutefois, les pamphlets que je reçois à la maison sont invariablement des feuilles non reliées. Lorsque je consulte mon Petit Robert, je peux lire: «Brochure: n.f. (1377; de brocher). Petit ouvrage broché. V. Opuscule.» Si je fouille un peu plus loin, je vais apprendre que brocher est un verbe transitif qui veut dire: «Relier sommairement, après assemblage, pliure et couture des feuilles, avec simple couverture de papier.» Donc, la brochure n'est pas nécessairement la même chose qu'un pamphlet. Si la publicité est reliée, on dit une brochure. Sinon, il s'agit d'un dépliant. Vous voyez, j'ai appris quelque chose en fouillant dans mes dictionnaires. |
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