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Osias Corbeil

Le 9 mars est décédé au presbytère de la Tuque, chez son frère curé de cette paroisse, M. l'abbé Osias Corbeil, missionnaire-colonisateur pour le Manitoba. Miné depuis plusieurs années par le diabète, il est mort des suites d'une pleurésie qu'il fit au mois d'août dernier. Comptant sur sa forte constitution, il se remit trop tôt au travail. Il fit un voyage de colonisation aux États-Unis à l'automne et en revint très affaibli. Il se remit cependant un peu, mais un nouveau voyage lui fit constater qu'il ne pouvait plus remplir les devoirs de sa charge. Il écrivit à S.G. Mgr l'Archevêque pour lui offrir sa résignation et, ayant réglé toutes ses affaires à son bureau de Montréal, il dit à un confrère en le quittant: 'Je m'en vais mourir à la Tuque'. Huit jours plus tard tout était fini; il faisait, nous écrit-on, 'une mort bien consolante et bien sacerdotale'.
Le regretté confrère était né à Sainte-Scholastique le 22 janvier 1867, d'Édouard Corbeil et d'Ovide Routhier, soeur de Mgr J.-O. Routhier, vicaire général d'Ottawa, et de Sir A.-B. Routhier. Il fit ses études classiques à Sainte-Thérèse et étudia le droit pendant une année. Il fit ensuite du journalisme pendant deux autres années et entra au Grand Séminaire d'Ottawa, dont le R.P. Langevin était alors le directeur. Il fut ordonné prêtre le 19 mai 1894. Il fut vicaire à la Pointe-Gatineau et à Masson dans le diocèse d'Ottawa. En 1896, sur les instances de son ancien directeur devenu archevêque de Saint Boniface, il vint au Manitoba et fut nommé curé de Saint-Adolphe.

En 1898, le R.P. Gendreau, O.M.I., fut envoyé en mission spéciale au Yukon. M. l'abbé Corbeil l'y accompagna et demeura huit ans dans ce lointain pays. Il séjourna successivement à Dominion (1898-1902) et à White Horse (1902-1906). Mgr Langevin, qui visita ces missions en 1901, rendit, dans un rapport sur son voyage, l'hommage suivant au mérite des missionnaires du Yukon:

'Le dévouement du R.P. Gendreau et des premiers missionnaires, qui l'ont accompagné, comme le R.P. Desmarais et M. l'abbé Corbeil, ou qui l'ont précédé, comme le R.P. Lefebvre, a été admirable et souvent héroïque.

'Il était alors bien difficile d'arriver dans ce lointain pays. Le grand nombre de tombes qui bordent le Yukon et les anciens chemins de piétons, appelés 'trails', prouve que les fatigues du voyage ont causé la mort de nombreux chercheurs d'or.

'Les courses des missionnaires ont souvent ensanglanté leurs pieds, et la solitude encore plus que la mauvaise nourriture a mis parfois leur courage à l'épreuve. Sans la présence des missionnaires, le Yukon aurait été, comme d'autres pays miniers, un véritable enfer.'

M. l'abbé Corbeil revint du Yukon en 1906 et fut pendant deux années missionnaire colonisateur pour l'Alberta. A l'automne de 1908, il devint secrétaire de Mgr Latulipe, vicaire apostolique du Témiscamingue, et occupa cette position jusqu'en 1910. Il revint alors au diocèse de Saint-Boniface, auquel il appartenait, et fut nommé curé-missionnaire à Vannes, où il demeura près de deux ans. En 1912, il fonda la nouvelle paroisse de Fisher Branch, alors sans voie ferré, et y construisit une église, que Mgr Langevin alla bénir le 26 janvier 1913.

En 1914, il passa l'été à Montréal, où il s'occupa de colonisation de concert avec M. l'abbé J.-G. Bouillon, alors missionnaire colonisateur et actuellement aumônier militaire en Angleterre. Il revint à Saint Boniface au mois d'octobre et fut vicaire à la cathédrale. Il retourna dans la province de Québec au mois de juin suivant dans les intérêts de la colonisation et y passa de nouveau l'été. À l'automne de 1915, il alla aider M. l'abbé Bellavance à Dunrea et au printemps de 1916, il succéda à M. l'abbé Bouillon, comme missionnaire colonisateur officiel pour le Manitoba.

Comme on peut le voir par la variété des postes qu'a occupés le cher confrère, il était d'un grand dévouement et toujours prêt à rendre service. Il fut missionnaire, pionnier et colonisateur. Il parlait et écrivait avec facilité. Ce double talent lui fut surtout utile dans ses campagnes de colonisation. Il a multiplié les articles de journaux et publié quelques brochures pour faire connaître les ressources qu'offre notre province à ceux qui désirent s'y procurer un domaine, soit dans les régions de 'homesteads', soit dans nos paroisses rurales. Il a également prodigué les informations à de nombreux correspondants et est allé maintes fois conduire lui-même les colons dans les endroits qu'il leur avait fait connaître à l'avance. On comprend combien cette besogne est à la fois pénible et souvent ingrate, et partant méritoire.

Les funérailles du regretté défunt ont eu lieu à la Tuque le 12 mars et il y a été inhumé. Il était membre de l'Association des Trois Messes.

Nous prions sa famille, et particulièrement ses deux frères prêtres, M. l'abbé Sylvio Corbeil, principal de l'École Normal de Hull, et M. l'abbé Eugène Corbeil, curé de la Tuque, d'agréer nos vives sympathies.

(Les Cloches de Saint-Boniface, vol. 17, #7, 11 avril 1918, p.89-90)





 
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