Des histoiresOeuf de ColombAvant la mise au point de calorifères à fonctionnement automatique, le chauffage des écoles de campagne posait des problèmes particuliers. Un énorme poêle trônait dans un coin, dégageant une chaleur tantôt étouffante tantôt insuffisante, servant aussi de séchoir pour les mitaines et les bas accrochés tout autour. Après la journée de classe, l'institutrice partait souvent en même temps que les élèves, car elle vivait en pension chez un agriculteur des environs. Dans les districts scolaires où l'on chauffait au charbon et même dans plusieurs où l'appareil de chauffage acceptait une bonne quantité de bois, on pouvait régler le tirage de telle sorte qu'un peu de chaleur continuait à se dégager durant une bonne partie de la nuit. Mais alors, comme il n'y avait personne pour surveiller le poêle, l'incendie menaçait à tout moment. C'est pourquoi dans bon nombre de districts, on laissait simplement mourir le feu; la commission scolaire offrait un contrat à une famille des environs pour qu'un de ses membres vienne allumer le poêle le matin, une heure avant le début des classes, de telle sorte que le local soit confortable à l'arrivée des élèves. Dans un district de la région de Saint-Front, c'est la famille Plamondon qui détenait le contrat du chauffage et de l'entretien de l'école. Le jeune Laurent – il avait une dizaine d'années – en avait la responsabilité; il partait plus tôt que ses frères et soeurs le matin et faisait une «attisée» afin de réchauffer l'école. L'institutrice avait l'habitude d'arriver quelques minutes avant le début des classes et d'aller vérifier le thermomètre pendu au mur. Gare au pauvre Laurent si le mercure ne marquait pas entre 68 et 70° Farenheit! Par jour de grand froid, le poêle mettait une éternité à dégager suffisamment de chaleur pour attiédir l'air; il aurait fallu commencer à chauffer de grand matin. Que faire? Le garçon eut un jour un éclair de génie. Il se mit à surveiller la cour de l'école par la fenêtre. Dès qu'il aperçut l'institutrice, il se précipita pour souffler sur le thermomètre, jusqu'à ce que la chaleur de son haleine fasse grimper le mercure à 72°. Le temps que l'institutrice ouvre la porte et traverse la pièce pour venir vérifier le thermomètre, le mercure était redescendu à la température désirée; elle était alors satisfaite car, après tout, un thermomètre ne peut mentir! Comme l'oeuf de Colomb, il suffisait d'y penser... (adapté de St. Front & District Memoirs, St. Front History Book Committee, Humboldt, 1981, p. 280-281) |
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