Revue historique: volume 17 numéro 1Octopuspar Paul F. Heppelle vol. 17 - no 1, septembre 2006 Nombreux sont les Fransaskois et les Fransaskoises et nombreux sont les anciens élèves du Collège Mathieu qui se rappellent d'avoir entendu Octopus, cette formation musicale, un octet masculin à l'époque. Le groupe, qui a connu plusieurs évolutions au fil des ans, se spécialisait dans la musique a capella, le folklore et la musique populaire. L'année 2006 marque la 43e année de sa formation. L'Octopus est le résultat de l'animation de chœurs de chant du Père Fernand Binette, Oblat de Marie Immaculée, alors qu'il était enseignant au Collège Mathieu à Gravelbourg. Origi-naire de Ponteix, Saskatchewan, le Père Binette est nommé directeur de la chorale du collège, Les Alouettes,
Pendant un certain temps, il s'occupe de la grande chorale. Mais alors survint l'idée de regrouper un nombre réduit de choristes pour offrir au public un plus haut rendement musical, un son unique. De la chorale, le père Binette choisit 8 chanteurs qui représentent les meilleures voix adultes masculines.
Quant au nom du groupe, on pensa d'abord à « Octet », mais, pour les jeunes, cela faisait trop penser à un groupe instrumental. Après maintes discussions et fatigué de voir plusieurs bonnes suggestions mises de côté, le Père Binette dit au groupe, « Dépêchez-vous, les gars, à choisir un nom avant que l'on commence à nous appeler « Octopus ». Répondant d'une façon ou d'une autre à l'imagination du groupe, le nom resta. On semble ne pas avoir pensé que l'on venait de créer un anglicisme qui perdure encore aujourd'hui. Donc, la nouvelle troupe, le Père Fernand Binette à la direction, le Père Omer Desjardins au piano et Terry White de Fort Frances, Ontario, comme gérant, présentent un premier spectacle à Gravel-bourg, à 15 h. le 12 juin 1964. Durant les 16 jours qui suivirent, le groupe présenta 28 concerts en Saskatchewan, au Manitoba et le Nord-Ouest de l'Ontario. De plus, en cette première année d'activités, six autres jeunes de la grande chorale du Collège vinrent s'ajouter aux huit membres de la première formation de voix masculines. Recrutés des classes d'Éléments et de Syntaxe (8e et 9e années), ces jeunes constituaient les « soprani » lorsque les deux groupes se joignaient pour interpréter un chant qui nécessitait l'apport des hauts registres qu'auraient exigé la voix féminine. Un succès attend l'autre. Dès la rentrée des élèves en automne 1964, les répétitions reprennent en vue d'une tournée en juin 1965. Ronald Desroches de Ste-Rose du Lac, Manitoba, Jim Ewing de Fort Frances, Ontario et Marc Pinsonneault de Gravelbourg viennent combler les rangs des trois membres qui avaient gradué. Ronald Desroches à la guitare et Norman Allard de Gravelbourg à la contrebasse participeront aux exercices cédulés trois fois la semaine. Et ces répétitions étaient en supplément aux pratiques de la grande chorale Les Alouettes dont les huit voix d'Octopus faisaient déjà partie. Le père Albert Fournier de Ferland, Saskatchewan, s'occupe de la gestion, de l'administration et des relations publiques du groupe. Durant la série de spectacles, des sets par Octopus et Les Alouettes dominaient le programme complémenté par un solo de clarinette, un duo de piano, des chants en solo, des numéros musicaux comiques (par exemple, des extraits de l'opérette The Mikado mettant en vedette Ewing, Gauthier et Léost en costume oriental de geisha!) et même un extrait du grand succès de l'année collégiale Trial by Jury. La troupe revint à Gravelbourg de nouveau couronnée de succès. D'autres tournées se suivent en juin 66 et encore à l'été 67. Chaque année, il faut reconstituer le groupe compte tenu des gradués de chaque fin d'année scolaire. En 66, ce sont Paul Heppelle de Kenora, Ontario et Rolland Pinsonneault de Gravelbourg, déjà membres de Les Alouettes, qui joignent le groupe pour ces deux saisons musicales. Il faut également renouveler le répertoire de musique classique, de folklore anglais et français et de chants populaires et sacrés afin de satisfaire aux exigences du Père Binette et aux attentes du public. Hélas, en 1967, le départ du Collège du Père Binette ainsi que d'une majorité de ses membres, marqua le premier hiatus dans la programmation musicale du groupe. Il a fallu attendre six ans pour que l'Octopus reprenne les planches. C'était un hasard qui voulait qu'à l'automne de 1973, plusieurs membres de l'une ou l'autre des formations se trou-vent en même temps à Gravelbourg. Forest, Gauthier, Heppelle, Lepage et Moquin recrutent donc Louis Marchand de Gravelbourg et Donald Sirois, un employé au Collège à cette époque, ainsi que Doris Blouin de Gravelbourg qui accompagne à la guitare. André Gauthier confectionne la plupart des partitions, dirige et accompagne au piano. De nouveau, l'Octopus répète pendant l'hiver et les premières semaines du printemps. Enfin, à 14h le 12 mai 1974, à l'auditorium du Couvent Jésus Marie (aujourd'hui l'école élémentaire), le rideau se leva sur la cinquième formation de l'Octopus qui présente un programme varié d'anciens et de nouveaux chants. Suivit une autre longue interruption dans la carrière d'Octopus. Mais en 1998, à l'occasion du 80e anniversaire de la fondation du Collège Mathieu, le groupe présente un mini-spectacle, réintégrant alors Léo Pinel, Paul Morin et les Pères Binette et Desjardins pour l'un et l'autre des chants. Aussi, il enregistre sept de leurs chansons dans l'album souvenir Le collège, c'est le cœur. Même s'il y a eu de longues périodes pendant lesquelles Octopus ne montait pas de spectacles, il ne faudrait pas comprendre que la formation avait cessé de chanter. Au contraire, à la demande d'amis ou lors d'une occasion spéciale, les gars remontaient sur scène. La formation est parfois réduite à quatre ou cinq membres, mais le son est le même, l'harmonie familière, le goût de la chanson intact. C'est donc lors des mariages, des funérailles, des anniversaires ou des boîtes à chansons que son public entend Octopus présenter quelques chants. Enfin, et pour rendre témoignage au village où il est né, Octopus se reconstitue pour célébrer, en juillet 2006, le centenaire de Gravelbourg. Les répétitions débutent en janvier 2005. Des membres de différentes formations, soit Réal Forest, André Moquin et Henri Lepage du groupe original, Paul Heppelle de Regina de la formation 65-67, Louis Marchand et Donald Sirois de Regina de la forma-tion 73-74 ainsi que des recrues plus récentes, soit, Gérald Carrobourg, Marc Gauthier et David Punga, tous trois de Gravelbourg, consti-tuent la nouvelle formation. André Gauthier de Oka, Québec, signa de nouveau les partitions de plusieurs chants du nouveau répertoire et Leanne Mann accompagne au piano. La formation compte cette fois neuf membres, un de plus que le traditionnel huit pour un octet. Pour un bref moment, on considère un changement de nom – Octoplus – mais la tradition emporte et Octopus est réaffirmé. À la demande de fidèles appuyeurs, le groupe retient quelques unes de ces chansons favorites, telles Un Canadien errant, Jack Monoloy, L'Alphabet de Mozart ou O Sacrum convivium. Mais, on veut se renouveler aussi. Une dizaine de nouveaux titres sont ajoutés au répertoire au fil des pratiques, À la claire fontaine, Pavane, Un Vent d'été, par exemple, et, afin de répondre aux attentes d'un public anglophone grandissant, plusieurs chants anglais. En plus de ses prestations a capella, qui avaient toujours fait la réputation du groupe, on ajoute d'excellents accompagnements au piano par Leanne Mann et à la guitare par Marc Gauthier. Mais, ici et là dans le répertoire, on entend le saxophone de Donald Sirois, la basse de Gérald Carrobourg, le synthétiseur de Louis Marchand ou les pieds dansants de Réal Forest. Ainsi, pendant 18 mois, le groupe s'exerce, polit ses harmonisations, retouche ses accompagnements, met en place son scénario de spectacle. Le premier spectacle est prévu pour le 3 juillet 2006.
Comme une bonne idée engendre souvent une autre, on décide, avec l'aide de la Société Radio Canada à Regina, de produire un album souvenir. Par quatre week-ends entre janvier et avril, les gars se déplacent vers Regina pour travailler avec Michel Lalonde et Michael Wilson de Radio Canada. De là est née l'idée d'une émission de radio dans le cadre de l'émission Jour de plaines au mois de mai 2006. Lalonde, réalisateur de l'album et responsable du mixage et du montage numérique, est aussi réalisateur de cette émission de radio de l'après-midi. Au courant de la réputation musicale du groupe, une collègue de Lalonde, Mireille Lavoie, demande aux gars d'être les invités musicaux pour le lancement de l'édition estivale de l'émission matinale Jamais trop de lève-tôt le mois suivant. Finalement, en juillet 2006, Octopus remonte sur scène à l'endroit même où il est né – à l'auditorium du Collège Mathieu. Ce soir même, on lance l'album souvenir L'Octopus chante. Le 9 juillet 2006, sa série de spectacles terminée, le groupe est sollicité par quelques communautés francophones, question de partager leur musique avec la communauté locale. Quel est l'avenir d'Octopus? Bien les membres ne rajeunissent pas et l'âge affecte la qualité de la voix. Même si le groupe ne remonte jamais plus sur scène, une carrière musicale de 42 ans est tout un legs artistique. En plus, Octopus laisserait derrière lui, non seulement d'excellents souvenirs musicaux, mais pour d'autres groupes amateurs un modèle de collaboration de longue date dotée de plaisir, de collégialité, de bonnes amitiés. Pour ceux et celles qui voudraient suivre leurs traces musicales, Octopus est aussi un modèle de belles harmonies en deux, trois ou quatre parties, un exemple de l'amour de la chanson, un témoignage à l'amour de chanter. |
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