Des histoiresNotre-Dame-d'AuvergneN.D. d'Auvergne: Malgré leurs occupations, nos colons ont parfois des loisirs. Ainsi, vendredi dernier, désirant connaître les excursions intéressantes des environs, MM. Napoléon Héroux et Joseph Thibault, avec le père et un frère de ce dernier, partaient pour une partie de pêche au lac Laplume. En passant au village, ils prenaient avec eux M. le curé faisant spirituellement allusion à la pêche de l'évangile. Le Patriote de l'Ouest le 12 octobre 1910 En 1907, ayant appris de l'archevêque de Saint-Boniface que l'abbé Louis-Pierre Gravel serait dorénavant curé de Gravelbourg et que la paroisse porterait le nom de Sainte-Philomène, l'abbé Albert Royer décide de se diriger plus vers l'ouest où il espère fonder une paroisse dédiée à Notre-Dame d'Auvergne. En 1910, la paroisse de Notre-Dame d'Auvergne est située à environ un mille au nord de la rivière Notekeu. Quelques années plus tard, le village se déplacera pour être plus près de la ligne du chemin de fer et prendra le nom de Ponteix, quoique la paroisse continuera à être dédiée à Notre-Dame d'Auvergne. Cependant, avant de s'établir à Notre-Dame d'Auvergne en 1907, l'abbé Royer avait beaucoup exploré la région sud-ouest de la Saskatchewan, entre Gravelbourg et la Montagne de Cyprès. L'année suivante, il avait publié une opuscule relatant ses excursions dans la région. Dans cet ouvrage, l'abbé Royer racontait la légende du lac Laplume. «De là j'allais visiter conformément au désir de Monseigneur, une charmante petite colonie où je fus admirablement reçu par les Canadiens et les Métis qui tous désirent un prêtre et auraient bien voulu me garder. C'est la colonie du lac Laplume, pardon, du lac Pelletier, car ici on modernise comme ailleurs, on va jeter dans l'oubli peut-être les quelques noms qui pourraient conserver à la tradition, les intéressantes légendes d'autrefois... D'où vient ce nom, demandais-je au chef d'une famille Cri de l'endroit?»(1) Quelle histoire le vieil Indien allait-il lui raconter? La voici. «Je vais te le dire, Père, écoute. C'était du temps de nos guerres sauvages. Vois-tu là-haut sur la montagne, ce tas de pierre en forme de clocher? Les soldats qui devaient se battre le lendemain étaient réunis là pour offrir un sacrifice à la divinité afin d'obtenir la victoire. Dès que la cérémonie fut commencée, un jeune chef s'avança vers l'autel et prenant ses plumes les lança vers le Ciel. Et le Ciel accepta le sacrifice car il envoya immédiatement un vent violent prendre les plumes et les porter dans le lac. Voilà d'où vient ce nom.»(2) Toutefois, l'abbé Royer ne comprenait pas quel était le sacrifice qu'avait fait le chef. Le vieil Indien lui explique ainsi les croyances indiennes: «Les sauvages récompensaient le courage de leurs guerriers en décernant à ceux-ci des plumes de Kilio. Tu ne sais pas ce que c'est qu'un Kilio, je le devine. Eh bien, c'est un grand oiseau de proie presque noir... Le guerrier qui en obtenait le plus montait en grade et pouvait devenir Grand Chef, car les dignités chez nous n'étaient accordées qu'au Mérite, jamais à la faveur. Tu vois maintenant qu'en offrant ses plumes au Ciel, le guerrier faisait un véritable sacrifice.»(3) Le lac Laplume allait éventuellement prendre le nom d'un Métis canadien-français, nommé Pelletier. Les Métis sont les premiers, vers 1905, à s'établir dans la région du lac Pelletier. Au début, ils reçoivent la visite du père Passaplan dont le territoire comprend toute la région entre la rivière Saskatchewan Sud et le lac Pelletier. Le père Passaplan passe ses hivers au lac Pelletier et ses étés à Swift Current. Cependant, il n'y a pas encore de mission permanente lorsque l'abbé Royer visite la région en 1907. Parlons maintenant des compagnons de pêche de l'abbé Royer, ce jour d'automne 1910. Le livre, Histoire de Ponteix de Rachel Lacoursière-Stringer ne révèle aucune information au sujet de Napoléon Héroux. Toutefois, il y a des renseignements au sujet de Joseph Thibault. Il est le fils d'Arthur Thibault de Saint-Claire, Québec et de Zépherine Fournier de Saint-Lazare de Bellechasse, Québec. En 1908, Arthur Thibault se dirige vers l'Ouest canadien où il espère trouver un homestead. Ayant payé 10 $ pour un homestead dans la région de Notre-Dame d'Auvergne, il retourne au Québec pour chercher sa femme et ses enfants. Là, il apprend que son père, Alfred, et ses frères Aimé et Antonio, ont décidé de les accompagner en Saskatchewan. La famille Thibault arrive à Swift Current en avril 1909. Laissant leurs femmes et leurs enfants à Swift Current, les quatre hommes se dirigent vers Notre-Dame d'Auvergne où ils doivent bâtir sur le homestead d'Arthur, une maison pouvant accueillir treize personnes. Les quatre familles partagent la même maison pour un an avant que chacun parte de son côté. Arthur Thibault a cédé son homestead à son père et a acheté d'autres terrains au sud-est du village de Ponteix. Éventuellement, son père, Alfred, retourne dans le Bas-Canada et Arthur rachète son premier homestead. (1) Royer, abbé Albert, Excursion d'un missionnaire en 1907, Fondation de plusieurs Paroisses dans le S.-O. de la Saskatchewan, Clermont-Ferrand: Imprimerie Moderne, 1908, p. 8. (2) Ibid., p. 8. (3) Ibid., p. 9. Sources: Lacoursière-Stringer, Rachel, Histoire de Ponteix, Steinbach (Man): Derkseon Printers, 1981. Neville Celebrate Saskatchewan Heritage Committee, Neville, The Golden Years, 1900-1980, Steinbach (Man): Derkseon Printers, 1980. Royer, abbé Albert, Excursion d'un missionnaire en 1907, Fondation de plusieurs Paroisses dans le S.-O. de la Saskatchewan, Clermont-Ferrand: Imprimerie Moderne, 1908. |
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