Des lieuxNorth BattlefordUne école où tout le monde apprend le français: L'école catholique séparée de la jolie citée de Battleford Nord a trouvé une solution des plus heureuses à la question de l'enseignement bilingue et qui mérite d'être cité en exemple. S'inspirant d'une largeur de vue et d'un sens de l'éducation qui les honorent, les commissaires d'école de cette ville et les professeurs ont résolu de faire donner à tous les enfants un cours en anglais et en français. Le Patriote de l'Ouest le 25 septembre 1913 Beaucoup des droits des francophones avaient déjà été perdus avant même que la Saskatchewan ne devienne une province en 1905. Toutefois, ce n'est que durant la première guerre mondiale que le droit à l'enseignement en français est sérieusement menacé. C'est pour cette raison qu'en 1913, il semble y avoir une ouverture pour l'enseignement du français dans une petite ville comme North Battleford. Certains commissaires et instituteurs encouragent les enfants d'immigrants à suivre des cours de français. «L'école de Battleford Nord, qui compte 40 enfants, est sous l'habile direction d'un gradué de l'Université de Dublin, Irlande, M. Coghlan, B.A. qui possède parfaitement la langue française et se montre en tous points excellent éducateur. M. Coghlan est assisté dans son travail par Melle Dysart, qui a conquis son brevet dans une École Normale du Nouveau Brunswick, et par Melle Vallières, diplômée de l'École Normale de Hull, P.Q.»(1) L'ouverture d'esprit du directeur de l'école séparée de North Battleford est certainement encouragée par la présence de bon nombre de Canadiens français dans la ville. La ville de North Battleford n'est fondée qu'au début du XXe siècle lorsque la compagnie du Canadien Northern bâtit une ligne de chemin de fer reliant Winnipeg et Strathcona (Edmonton). Le village de Battleford existait de l'autre côté de la rivière Saskatchewan Nord depuis 1875; il avait même été la capitale des Territoires du Nord-Ouest de 1876 à 1882. Toutefois, en 1901, les gens de Battleford sont déçus d'apprendre que le Canadien Northern ne va pas traverser la rivière Saskatchewan Nord à cet endroit pour rejoindre leur ville, mais plutôt à environ 15 kilomètres au nord-ouest. Cette décision signale la naissance d'une nouvelle ville lorsque le Canadien Northern atteint Battleford Nord le 17 mai 1905. Un des premiers résidents de la nouvelle ville est un Canadien français, Joseph-J. Duhaime. En compagnie de quatre autres hommes, Duhaime descend la rivière Saskatchewan Nord en radeau au printemps de 1905. Pendant l'été, il construit la première étable dans la ville, la «North Star Livery and Feed Stable». Les Canadiens français des Battlefords s'étaient toujours impliqués dans les affaires de leur région. En 1905, lors des premières élections provinciales, un des thèmes de la campagne est la question des écoles séparées. Les conservateurs menés par Frederick Haultain maintiennent que le droit aux écoles séparées n'aurait pas dû être garanti dans la constitution. Dans les Battlefords, le candidat libéral est un Canadien français, Albert Champagne. Albert Champagne est natif d'Ottawa. En 1874, il a fait parti du premier groupe de Polices montées qui se rend de Dufferin, Manitoba jusqu'au Fort MacLeod dans le sud de l'Alberta. Plus tard, il établit un ranch dans la région du lac Redberry à l'est de Battleford. Vers 1896, il vend son ranch et achète l'Hôtel Queen à Battleford. Il est maire de Battleford avant les élections de 1905. Il est élu député, mais trois ans plus tard, il abandonne son siège pour être élu à la Chambre des communes à Ottawa. Il est député fédéral jusqu'en 1917. D'autres Canadiens français siègent comme conseillers municipaux ou comme commissaires d'école à North Battleford. Il n'est alors pas surprenant qu'il y a une ouverture d'esprit pour l'enseignement du français dans l'école séparée de la ville avant la première grande guerre. Toutefois, cette tolérance pour le français ne sera pas toujours aussi visible. Vers la fin des années 1950, les Canadiens français de North Battleford commencent à s'inquiéter que leurs enfants seront assimilés. À l'école, ils n'ont droit qu'à une heure de français par jour. À l'église, la messe est chantée en anglais. Ils demandent donc la création d'une paroisse canadienne-française. Une telle paroisse est fondée en 1962 avec l'abbé Arthur Marchildon comme premier curé. Dès le début, l'abbé Marchildon et les paroissiens de Saint-André ont décidé que leur église abriterait aussi une école. L'école Saint-André devient une école privée. «Les parents devaient défrayer toutes les dépenses pour l'éducation de leurs enfants; les institutrices devaient accepter des salaires bien piètres et même M. l'abbé se dévouait de tout côté; il conduisait même l'autobus scolaire.»(2) En 1965, la commission scolaire catholique de North Battleford accepte de payer les salaires des enseignantes et Saint-André cesse d'être école privée. Cinq ans plus tard, en 1970, elle est reconnue comme une des écoles désignées de la Saskatchewan. Puisque le nombre d'élèves est toujours à la hausse, la petite école Saint-André devient trop petite et, en 1980, les parents ont accepté de déménager dans une nouvelle école, l'école Notre-Dame. Aujourd'hui, les Fransaskois de North Battleford peuvent à nouveau vanter avoir leur propre école depuis l'ouverture de l'école Père Mercure. Références (1) «Une école où tout le monde apprend le français», Le Patriote de l'Ouest, le 25 septembre 1913. (2) Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures — One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891—1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990. p. 127 (Traduction) Sources Un bout d'histoire... 120 Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures — One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891—1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990. «Une école où tout le monde apprend le français», Le Patriote de l'Ouest, le 25 septembre 1913. |
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