Des lieuxMontmartreÀ Montmartre, nous avons tout intérêt à garder et à augmenter la majorité catholique, puisque la loi nous permet d'avoir des maîtres et des maîtresses catholiques lorsque nous sommes la majorité. Nous avons encore des terres où des colons canadiens-français pourraient sans danger ni pour leur foi ni pour leur nationalité venir s'établir. Le Patriote de l'Ouest le 21 novembre 1912 En 1893, un Français de Paris, Pierre Foursin, établit la Société Foncière du Canada. Foursin est secrétaire du premier haut-commissaire canadien à Paris, Hector Fabre, et c'est de lui qu'il prend connaissance des riches terres disponibles dans l'Ouest canadien. Puisque Foursin a la parole facile; il n'a pas de difficulté à soutirer 350 000 francs à ses amis. «En France, à la fin du XIXe siècle, il n'est pas difficile de trouver des fonds pour établir une entreprise dans un pays lointain, surtout s'il y a possibilité de faire un voyage sur la mer.»(1) Foursin et ses collaborateurs parisiens espèrent faire un profit de cette aventure dans le nord-ouest canadien, mais il y en a qui «y voyaient là un moyen de soulager la misère dans les régions rurales de leur pays et, de façon plus générale, de contribuer à répandre le génie français à travers le monde.»(2) La société se porte ensuite acquéreur de la réserve de Piapot au sud-ouest de Wolseley pour y fonder la colonie de Montmartre. Le territoire avait été la réserve Piapot et, auparavant, un terrain de chasse aux bisons. Près de ce terrain, il y avait une autre réserve, celle du chef «Carry the Kettle» de la tribu des Stoneys, un sous-clan des Assiniboines. Puisque les deux tribus, celle de «Piapot» et celle de «Carry the Kettle», sont ennemis de longue date, il y a souvent des escarmouches entre les deux et les résultats sont souvent tragiques. Devant cette situation, les deux chefs demandent au ministère des Affaires Indiennes d'être séparés. Le gouvernement invite alors le chef «Piapot» à aller s'établir dans la région du Fort Qu'Appelle où on leur cède une nouvelle réserve. Vers le milieu de mars 1893, cinq des sept partenaires de la Société Foncière du Canada décident de se rendre dans l'Ouest canadien. Il s'agit de Pierre Foursin (43 ans), Armand Goupil, Albert Hayman (19 ans), Jean Chartier (24 ans) et André Chartier (20 ans). Ils arrivent dans l'Ouest canadien, à Wolseley, avec la fonte des neiges. Ils louent une ferme et une maison à trois milles du village et font la connaissance de trois fermiers Canadiens-français originaires de Bécancourt mais établis dans la région depuis 1884. Il s'agit de Luc Tourigny, de son fils Onésime et de son gendre Louis Dureau. «Les colons de Montmartre arrêtent souvent aux maisons de ces Canadiens français et ils sont toujours accueillis chaudement. Onésime Tourigny devient, plus ou moins, le conseiller des directeurs de la Société en matière d'affaires.»(3) Le voyage de Wolseley au terrain de la colonie prend cinq ou six heures. Les hommes arrivent enfin sur une butte qui domine la région. Cette butte, ce mont, se trouve sur le terrain de la Société et Foursin décide que ce sera le centre de la colonie de Montmartre. Entre temps, en France, les deux autres partenaires, Louis Gigot et Auguste Hayman, commencent à recruter des colons pour la colonie. Les deux premières familles recrutées sont celles d'Auguste de Trémaudan, un Breton de Saint-Nazaire et un monsieur Berneau de Paris. Ces deux familles arrivent à Wolseley le 29 mai 1893. Dans les semaines qui suivent, de nouveaux colons sont recrutés: Jean Bureau et sa famille; Corentin Cariou; un jeune Breton, Louis Fombeur et un certain Rollin. D'autres directeurs de la Société Foncière du Canada, Mangenot, Ogier et Mouchenotte, viennent rejoindre le groupe à Montmartre.(4) Chacun des colons devait signer un contrat avec la Société foncière du Canada avant de quitter la France. Toutefois, plusieurs refuseront d'honorer ce contrat une fois rendue dans l'Ouest. Pourquoi? Arrivés à Montmartre, les colons se voient obligés d'aider à la construction des bâtisses de la colonie. Deux des bâtiments importants construits sur la butte de Montmartre sont la Grande Maison et la Grande Écurie. «Les dimensions de la Grande Maison ont été données comme une bâtisse carrée de 60 pieds par 60 pieds; ceci ne peut être exact. Le corps principal contenait quatre grandes salles rectangulaires avec l'entrée principale faisant face au sud; les salles dans leur longueur allaient de l'est à l'ouest et le corridor, formant l'entrée, les divisait dans ce sens. Le corridor n'avait pas moins de 10 pieds de largeur sinon 12 pieds, par conséquent la longueur du rectangle de ces salles devait avoir 30 pieds de long avec 20 pieds de largeur, donnant 40 pieds de largeur au corps principal. Une aile fut ajoutée, sans soubassement; cette aile contenait la cuisine et le bureau de ces Messieurs. La dimension de cette aile, en longueur, formait exactement la longueur d'une salle et le corridor.»(5) Puisque les directeurs de la Société se préoccupent beaucoup de leurs besoins, les travaux de défrichage ne sont pas immédiatement entrepris. C'est seulement au mois d'août 1893, que les colons reçoivent leurs homesteads. Bien sûr, dans bien des cas il est déjà trop tard et plusieurs d'entre eux ont déjà décidé de quitter Montmartre. D'autres colons français et canadiens-français viennent les remplacer à Montmartre, mais la colonie de la Société foncière du Canada n'est jamais un grand succès. Déjà en 1912, la Société n'est plus qu'un souvenir dans la mémoire de quelques pionniers. (1) Bédard, Abbé Roméo, History, Montmartre, Sask. 1893 - 1953 , Regina: Diocèse de Regina, 1953, p. 1 (2) Lapointe, Richard et Tessier, Lucille, Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan , Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1986, p. 60. (3) Bédard, Abbé Roméo, Op. cit., p. 3. (4) Faubert, Lucienne, Montmartre, Saskatchewan, May 1955 , Copie du manuscrit aux Archives de la Saskatchewan. (5) de Tremaudan, Désiré, Chronologie de Montmartre, Saskatchewan Année 1893 , Copie du manuscrit aux Archives de la Saskatchewan. Transcription de Bernard Wilhelm, p. 11. Sources: Un bout d'histoire....(47) Bédard, Abbé Roméo, History, Montmartre, Sask. 1893 - 1953 , Régina: Diocèse de Regina, 1953. de Tremaudan, Désiré, Chronologie de Montmartre, Saskatchewan Année 1893 , Copie du manuscrit aux Archives de la Saskatchewan. Transcription de Bernard Wilhelm. Faubert, Lucienne, Montmartre, Saskatchewan, May 1955 , Copie du manuscrit aux Archives de la Saskatchewan. Lapointe, Richard et Tessier, Lucille, Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan , Régina: Société historique de la Saskatchewan, |
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