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Des gens

Mme J. S. Duperreault, alias Perrette

Willow Bunch, Sask.: BAZAR - Willow Bunch vient d'être gratifié d'un magnifique bazar au profit de l'église les 25, 26, 27 mars. La recette est tellement belle qu'elle a dépassé les espérances. Elle a atteint le joli montant de $1,700 et quelques piastres dépenses payées. Il ne faut pas s'étonner quand nous savons qu'il était sous l'habille direction de Madame F.X. Bellefleur et de ses dignes assistantes, Mmes Cloutier, Duperreault, Rodrigue, Beaubien, Gagné..
Le Patriote de l'Ouest
le 17 avril 1913
Il est impossible de laisser passer sous silence le rôle qu'ont joué les femmes dans l'histoire du Patriote de l'Ouest. L'une d'entre elles, Annette St-Amand, est née à L'Avenir dans le comté de Drummond au Québec le 1er juillet 1892. Elle vient dans l'Ouest comme institutrice à la demande de l'abbé Louis-Pierre Gravel, prêtre-colonisateur. Pendant deux ans, elle enseigne dans une école de campagne et elle s'implique dans plusieurs organisations françaises dans la région de Gravelbourg.

En 1918, le père Achille-Félix Auclair, rédacteur en chef du Patriote de l'Ouest, lui demande de prendre en main la page En famille du journal. Déménagée à Prince Albert, Annette St-Amand fait la connaissance du jeune journaliste français, Donatien Frémont. Ils se marient le 26 décembre 1918 et un an plus tard, le 2 décembre 1919, Annette donne naissance à leur enfant unique, Marie. Mme St-Amand travaillera au Patriote de l'Ouest jusqu'au départ de la famille Frémont pour le Manitoba en 1923.

Une autre collaboratrice fidèle du Patriote de l'Ouest est Perrette. Il s'agit bien sûr de Marie-Anne Duperreault de Willow Bunch. Elle est née le 25 septembre 1885 à St-Damien de Brandon dans le comté de Berthier au Québec. Elle fait ses études avec les Soeurs de Sainte-Anne à Saint-Gabriel. C'est probablement dans ce couvent de Saint-Gabriel qu'elle a premièrement pris le goût d'écrire. Plus tard, elle allait écrire: «Pour écrire, croyez-moi, il faut d'abord attendre l'inspiration qui souvent se fait attendre! Impossible, sans ça, voyez-vous. Par contre, quand elle vient, d'ordinaire, elle abonde! Profitez-en! Notez vite tout ce qu'elle vous suggère et vous dicte, pêle-mêle, à tort et à travers, qu'importe!»(1) Ses articles dans le Patriote de l'Ouest révèlent que Perrette suit bien ce conseil car ils couvrent toute une gamme de sujets; de la ferme aux voyages, de la vie de ménagère aux causes nationales.

Comme bien d'autres jeunes femmes de l'époque, Marie-Anne choisit une carrière dans l'enseignement. Lorsqu'elle a terminé ses études, elle commence à enseigner dans des écoles de la région de St-Gabriel. En 1904, elle rencontre et épouse Joseph Duperreault et trois ans plus tard, le jeune couple décide de quitter leur province natale et de venir s'établir en Saskatchewan, à Willow Bunch.

À Willow Bunch, «c'est encore l'époque des cowboys, de la prairie vierge, des vieux pionniers qui ont connu Sitting Bull et les dernières chasses au bison.»(2) Marie-Anne a sans doute la chance d'entendre le vieux marchand, Jean-Louis Légaré, raconter des histoires de ses exploits avec le grand chef sioux, Sitting Bull.

La jeune mère de famille s'implique dans de nombreuses organisations dans son village d'adoption. Elle «est membre actif du 'Comité littéraire', du 'Cercle dramatique', de 'l'Union chorale', du 'Parlement modèle', de la 'Saint-Jean-Baptiste', de la 'Chambre de Commerce', du 'Comité d'exposition' de 'l'Assistance féminine' et diverses autres associations.»(3) Son affiliation à ces groupes indique clairement qu'il y avait une vie culturelle active à Willow Bunch au début du siècle.

En plus d'être impliquée dans toutes ces organisations, de contribuer régulièrement des articles au Patriote de l'Ouest et d'aider à son mari sur la ferme, Marie-Anne Duperreault élève une famille de quatorze enfants.

C'est sous le pseudonyme de «Perrette» que Marie-Anne Duperreault signe la plupart des articles qu'elle soumet au Patriote de l'Ouest. Plus tard, durant la grande dépression des années trente, elle utilisera également le pseudonyme «Crin-Crin» pour certains de ses textes. Que ce soit la politique, la religion, l'histoire, la géographie ou de simples conseils, «Perrette» en parle dans ses articles.

Son association avec Le Patriote de l'Ouest commence dès la création du journal en 1910 et se poursuit jusqu'en 1941 lorsque le journal est jumelé à la Liberté du Manitoba pour devenir La Liberté et le Patriote.

Toujours l'optimiste, Perrette, comme la région de Willow Bunch, est dûrement touchée par la crise économique des années 1930. Femme érudite, elle est une des premières à reconnaître que la culture des grains dans le triangle de Palliser est peut-être une erreur. «Sa collaboration au Patriote et à un petit journal belge, La Gaule, se poursuit. Mais on sent bien que son optimisme naturel est sérieusement entamé; dans une chronique de juin 1937, intitulée 'Au Nord du Sud', elle suggère même que la mise en culture de la zone sèche des Prairies a été une erreur.»(4)

Marie-Anne Duperreault est décédée le 6 janvier 1976 en Colombie-Britannique où elle avait pris sa retraite chez une de ses filles.

(1) Duperreault, Marie-Anne, Esquisses canadiennes par Perrette, Willow Bunch, 1969, p. 108.
(2) Lapointe, Richard, 100 Noms, Régina (Sk): La Société historique de la Saskatchewan, 1988, p. 145.
(3) Duperreault, Marie-Anne, Op. cit., p. 7.
(4) Lapointe, Richard, Op. cit., p. 147.

Sources
Duperreault, Marie-Anne, Esquisses canadiennes par Perrette, Willow Bunch, 1969.

Lapointe, Richard, 100 Noms, Régina: Société historique de la Saskatchewan, 1988.





 
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