Revue historique: volume 7 numéro 3Mme Clotaire Denis laisse son époux, 11 enfants, 98 petits-enfants et 32 arrières-petits-enfantsUne page d'histoire La Liberté et le Patriote, le 6 octobre 1966 Par Laurier Gareau Vol. 7 - no 3, février 1997 Ils sont venus par milliers au début du siècle! Ils sont venus d'Europe, des États-Unis et de l'Est du pays pour s'établir dans une ferme, grâce à un offre du gouvernement fédéral de 160 acres de terre gratuits. Pour certains, le but était de s'enrichir rapidement et de s'en retourner vivre la vie d'aisance dans leur pays natal. Mais pour bien d'autres, il n'a jamais été question de retourner là-bas, car il n'y avait rien pour eux là-bas, sauf la pauvreté qu'ils venaient de quitter. Dans leur nouveau pays d'adoption, la vie n'allait guère être facile. Mais, malgré de nombreuses tragédies, de peines et de souffrances, ils ont non seulement survécus, mais ils ont prospéré et ont légué un bel avenir à leurs descendants. C'est l'histoire d'unejeune Française de 10 ans qui, en 1905, a accompagné son père et son frère vers la lointaine Saskatchewan pour y recommencer sa vie. Justa Haudegand était née en 1895 à Crespin, dans le nord de la France. En 1905, Félix Haudegand est venu s'établir sur un homestead à Saint-Denis avec son fils, Jules et sa fille Justa. La mère était déjà décédée en France. Pendant cinq ans, la jeune Justa a tenu la maison pour son père et son frère. En 1910, elle a épousé Clodomir Denis, tandis que la même journée son frère a épousé la soeur de Clodomir, Marie. Justa et Clodomir se sont établis sur le scrip d'un ancien soldat à Saint-Denis, mais ils ont bientôt déménagé à Prud'homme pour faire la vente de machinerie agricole pour la compagnie Massey Harris. C'est là que lainée, Rose, est née en 1912. Un ans plus tard, Clodomir est devenu malade et est décédé. La jeune veuve, enceinte une deuxième fois, est retournée vivre chez son beaupère à Saint-Denis. Un fils, Clodomir, est né deux mois après la mort de son père. À 17 ans, Justa Haudegand était veuve avec deux enfants. Mais, elle n'allait pas abandonner. En 1914, elle s'est rendue rejoindre son beau-père et son beau-frère, Clotaire, à Witchekan (Laventure), un nouvel endroit de colonisation à l'ouest de Victoire. «Veuve et chargée de famille, Justa a droit à un homestead; elle se choisit une terre contiguë à celles que possède son beau-frère Clotaire Denis.» (1) Le 11 janvier 1916, Justa a épousé son beau-frère à Victoire. À Laventure, la vie n'était pas facile mais la jeune mère s'en est bien sortie. «À Laventure, Clotaire faisait l'élevage des animaux. Son travail n'était pas moindre. car les animaux étant libre en été, ilfallait les surveiller. Souvent le dimanche, Clotaire s'en allait voir aux animaux à cheval. C'était des dimanches plutôt tristes pour nous, pas de messe et le papa partL» (2) Witchekan était aussi très isolé, loin des magasins, de la gare du chemin de fer, etc. Dans toutes les années qu'elle a passées à Laventure, Justa se souvenait avoir été à la messe deux fois. En 1919, Clotaire et Justa sont revenus à SaintDenis où ils ont élévé une grande famille. Neuf autres enfants sont venus se joindre à Rose et Clodomir, soit cinq fils: Clotaire (fils), Gustave, Jean, Lucien et Paul et quatre filles: Jeanne, Cécile, Suzanne et Marguerite. À Saint-Denis, l'exploitation agricole de Clotaire Denis ne cessait d'agrandir, et c'était aussi le cas pour les responsabilités de Justa. «Nous avions beaucoup de terrain à cultiver. C'était une grande entreprise et surtout beaucoup de travail. Depuis avril jusqu'à novembre. c'était toujours trois ou quatre hommes à gages et d'autres après pour les moissons et les battages. En 1925, nous avons eu deux ménages en mêmes temps pour les moissons et les battages. Avec ça, deux équipes de batteurs de huit à dix hommes chaque équipe. On servait un dîner à onze heures et l'autre à midi. Les autres repas de même. C'est dire qu'il ne fallait pas rester sur place.» (3) S'ils ont pu s'enrichir dans leur pays d'adoption, Justa et Clotaire Denis n'ontjamais hésité à contribuer au développement de la vie paroissiale et française de leur communauté. Au fil des ans, leurs enfants et petits-enfants ont aussi contribué au développement de la communauté francophone de la Saskatchewan. Justa Haudegand Denis a été une pionrnère exemplaire. Sources: Lapointe, Richard, 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988 (Justa Denis, pages 107à 110). |
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