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Société historique de la Saskatchewan

Des lieux

Milly

On nous dit de source certaine que la ligne du C.P.R. qui doit passer à Meyronne ainsi qu'à N.D. d'Auvergne est enfin en pleine activité. Aussi le C.N.R. qui doit passer tout près de Ferland a commencé ses travaux.

Le Patriote de l'Ouest
le 9 mai 1912
Au début de la colonisation, l'existence d'une ligne de chemin de fer, ou son absence, allait signaler la vitalité ou la disparition de plusieurs communautés francophones. Prenons comme exemple le cas de Notre-Dame d'Auvergne dans le sud-ouest de la province qui a été vouée à disparaître à cause d'une décision de la compagnie du Canadien Pacifique en 1912, alors que cette même décision a marqué la naissance de Ponteix.

C'est aussi le cas pour Milly, une communauté francophone quelques kilomètres à l'est de Ferland. Pendant que les familles Fournier, Chabot et Fauchon se réservent du terrain dans la région de Ferland en 1909, un autre groupe d'hommes se rend dans l'Ouest pour faire les moissons. Ce groupe, qui comprend Joseph Nogue, Henri Montpetit, Henri Séguin et les frères Zénophile, Georges et Armand Massé, s'engage comme batteux dans la région de Belle Plaine environ 50 kilomètres à l'ouest de Regina.

Comme le groupe de Ferland, ils se rendent à Moose Jaw et prennent chacun un homestead. «Désirant s'établir près d'un cours d'eau, ils optèrent pour des terres près de la Rivière des Bois au sud de ce qui est McCord aujourd'hui.»(1) Le bureau de poste dans la région est nommé Gravesborough, à cause d'un colon nommé Graves, mais à la demande de l'abbé Pierre-Elzéar Gravel, fondateur de Gravelbourg, le nom est changé à Milly, lieu d'origine en France du poète français Lamartine. Puis, l'abbé Jules Bois, curé fondateur de Meyronne, vient établir la mission de Saint-Joseph de Milly peu après l'arrivée des colons.

En 1912, les gens de Ferland, comme ceux de Milly, souhaitent le début de la construction de la ligne secondaire dans la région. Toutefois, ce n'est qu'en 1928 que le Canadien Pacifique passera à l'action. Puis, comme dans bien d'autres cas, la décision de la compagnie viendra bouleverser les gens car la ligne sera construite à quelques kilomètres au nord de Milly.

Il est important de noter ici le rôle joué par la compagnie de chemin de fer dans l'histoire de Milly. «Depuis quelques années il était question d'un chemin de fer dans la région. Où passerait-il exactement? Déjà en 1926, on avait fait un tracé. Ce premier tracé, qui passait dans la mission de Milly, incita les gens à se construire une église tout près du chemin de fer proposé.»(2)

Une fois que leur nouvelle église est construite à Milly, les gens de la région apprennent qu'un autre tracé a été fait, plus au nord. Un nouveau village, McCord, est fondé près de la ligne ferroviaire et la petite communauté francophone de Milly est vouée à disparaître.

Si le Canadien Pacifique est en partie responsable de la disparition de Milly, les évêchés de Regina et de Gravelbourg ont aussi joué un rôle important dans cette affaire. Ayant pris connaissance du nouveau tracé, les résidants de Milly demandent à la compagnie de chemin de fer de leur donner deux acres de terre à McCord, puis, ils demandent la permission de l'évêque de Regina de déménager l'église.

«Son Excellence répondit qu'il étudierait la question et qu'il leur communiquerait sa réponse plus tard.»(3) Cette réponse ne fait rien pour rassurer les gens de Milly.

Entre temps, Ferland, situé à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Milly, se trouve dans une situation semblable. Puisque le chemin de fer passe à environ dix kilomètres au sud-est de l'église de Ferland, les gens de la région ne veulent pas que leur paroisse disparaisse. À Ferland, on n'est pas prêt à abandonner. «Les édifices paroissiaux furent transportés, sur une distance de sept milles, à leur nouveau site en 1929.»(4) Un nouveau village prend alors forme à environ 10 kilomètres au sud-est de l'emplacement original qui était sur le terrain de Joseph Fournier.

Bien sûr, le nouveau village de Ferland se trouve à seulement dix kilomètres à l'ouest de McCord, tandis qu'une deuxième paroisse, Glentworth, vient d'être fondée environ dix kilomètres à l'est. Puis, entre temps, l'archevêque de Regina apprend qu'un nouveau diocèse va être créé à Gravelbourg en 1930. Il ne donne pas suite à la demande des gens de Milly. C'est au premier évêque de Gravelbourg, Mgr Rodrigue Villeneuve, que revient la tâche de régler cette question. Il décide qu'une troisième paroisse dans la région, à McCord, nuirait au progrès des paroisses de Ferland et de Glentworth.

La décision concernant l'église de Milly est prise le 1er septembre 1931 lors d'une grande réunion dans l'église. Il est décidé que le bâtiment sera transporté à Glentworth, tandis que l'église de Ferland va hériter de la cloche de la chapelle de Saint-Joseph de Milly. Les autres meubles et accessoires religieux seront répartis entre les deux paroisses.

C'est donc le 1er septembre 1931 que cesse d'exister la petite communauté de Milly. Bien sûr, les gens de Milly ne tardent pas à s'intégrer à leurs nouvelles paroisses. Quelques semaines seulement après la fermeture de l'église de Milly, Joseph Nogue est élu marguillier de la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Ferland. D'autres feront de même à Glentworth. Et dans le coeur de tous, on se souviendrait longtemps de cette place ancestrale nommée en honneur d'un vieux poète français.

Références

(1) Chabot, Abbé Adrien, Aperçu historique de Ferland, Sask., Gravelbourg (Sk): Les cinquante ans de Ferland, Sask. 1910-1960, p.13.
(2) Ibid., p. 37.
(3) Ibid., p. 37.
(4) Croquis historiques des paroisses du diocèse de Gravelbourg, Sask., à l'occasion de son Jubilé d'Argent - 1930-1955, Gravelbourg (Sk): Diocèse de Gravelbourg, 1955, p. 77.

Sources

Un bout d'histoire.... 37

Chabot, Abbé Adrien, Aperçu historique de Ferland, Sask., Gravelbourg (Sk): Les cinquante ans de Ferland, Sask. 1910-1960. p.13.

Croquis historiques des paroisses du diocèse de Gravelbourg, Sask., à l'occasion de son Jubilé d'Argent - 1930-1955, Gravelbourg (Sk): Diocèse de Gravelbourg, 1955. p. 77.





 
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