Des histoires
Mère de famille et infirmière
Au début de la colonisation en Saskatchewan, le médecin le plus proche est souvent à plusieurs heures de route. On ne le consulte habituellement que pour une maladie ou un accident grave. La plupart du temps, c'est la mère de famille qui joue le rôle d'infirmière. Elle doit donc connaître mille petits secrets pour faire face à une foule d'éventualités.
Lorsqu'une coupure un peu profonde ne semble pas vouloir arrêter de saigner, on la couvre d'une toile d'araignée pour faire coaguler immédiatement le sang. Pour prévenir l'infection des coupures et des brûlures, la mère de famille conserve sous la main un onguent fait du sirop obtenu par la cuisson d'une poignée de bourgeons de peuplier noir, mélangé à de la graisse d'oie. Les piqûres d'abeilles et surtout de guêpes sont soulagées avec du bicarbonate de soude (le soda à pâte de la cuisine) additionné d'un peu d'eau. On peut aussi tout simplement appliquer une couche de boue. Les enfants ou le père ont souvent une écharde au doigt après avoir joué ou travaillé avec un morceau de bois. La mère prépare alors un cataplasme pour réduire l'inflammation et faire sortir l'écharde par elle-même; il contient un mélange de cassonade, de savon finement râpé et d'oignon haché en très petits morceaux, ou encore du lait et des oignons cuits. Pour les brûlures peu graves, on applique un linge trempé dans du lait ou dans du thé très faible. D'autres familles préfèrent couvrir la peau de feuilles de thé et la protéger avec un bout de mousseline.
Le tétanos est une maladie souvent mortelle, caractérisée par des contractions involontaires de la mâchoire. Il guette quiconque se blesse avec un morceau de fer rouillé, par exemple en mettant le pied sur un vieux clou. La mère s'empresse alors de baigner le pied entier dans un contenant de térébenthine pendant quelques minutes; la douleur est souvent atroce mais c'est le seul remède sûr. Elle entoure ensuite le pied avec des morceaux de linge trempés dans la térébenthine et les change à intervalles réguliers, jusqu'à ce que la blessure soit complètement refermée. Elle utilise le même traitement pour les doigts et les orteils écrasés.
Lors des terribles tempêtes de poussière durant les années 1930, on se plaint souvent d'avoir «une graine dans l'oeil» quand des poussières emportées par le vent se logent sous les paupières. Plutôt que de risquer d'endommager la cornée avec le doigt, l'infirmière improvisée dépose une graine de lin sous la paupière et elle fait papilloter des yeux. La graine de lin se déplace sur toute la surface de la cornée et emporte avec elle les poussières. Elle se retrouve bientôt au coin de l'oeil, d'où on l'expulse par quelques larmes.
Les maux de dents occasionnent mille souffrances. Pour les soulager, la mère verse quelques gouttes d'essence de girofle sur un morceau de ouate qu'elle place ensuite sur la dent. Ou encore, elle introduit un clou de girofle entier dans la carie douloureuse. Un remède très populaire dans les années 1920 consiste à préparer une pâte de farine et de gingembre moulu, humectée de whisky. Versée dans un sac fait de tissu très mince, la pâte est appliquée sur la joue, à l'endroit où la dent fait le plus mal.
L'hiver est une rude saison qui amène avec elle ses maux. Au début de la colonisation, l'agriculteur doit consacrer une partie de l'automne et de l'hiver au transport du grain jusqu'à l'élévateur le plus proche. Il est quelquefois aveuglé par la réflexion du soleil sur la neige blanche, une affliction très douloureuse qui cause la cécité temporaire. Le seul remède efficace consiste à hacher une patate en menus morceaux et à s'en couvrir les yeux pendant quelques heures. Quand la température plonge à -40°, les engelures sont courantes. On croit à cette époque qu'il faut «tirer le froid par le froid», c'est-à-dire frotter les membres affectés avec de la neige pour en chasser le froid. La médecine moderne a démontré que c'est tout à fait le contraire de ce qu'il faut faire. Néanmoins, plusieurs mères de famille préfèrent tremper la partie gelée dans un bain d'eau tiède contenant de l'alun, ce qui ressemble beaucoup au traitement moderne. Le gras de lièvre, dit-on aussi, est tout à fait indiqué pour traiter les petites engelures.
La création de districts de santé publique et l'ouverture des chemins à la circulation durant les douze mois de l'année permettent aujourd'hui à tous les gens des régions rurales d'avoir accès aux services d'un médecin. C'est pourquoi la mère de famille joue de moins en moins souvent le rôle d'infirmière.
Le tétanos est une maladie souvent mortelle, caractérisée par des contractions involontaires de la mâchoire. Il guette quiconque se blesse avec un morceau de fer rouillé, par exemple en mettant le pied sur un vieux clou. La mère s'empresse alors de baigner le pied entier dans un contenant de térébenthine pendant quelques minutes; la douleur est souvent atroce mais c'est le seul remède sûr. Elle entoure ensuite le pied avec des morceaux de linge trempés dans la térébenthine et les change à intervalles réguliers, jusqu'à ce que la blessure soit complètement refermée. Elle utilise le même traitement pour les doigts et les orteils écrasés.
Lors des terribles tempêtes de poussière durant les années 1930, on se plaint souvent d'avoir «une graine dans l'oeil» quand des poussières emportées par le vent se logent sous les paupières. Plutôt que de risquer d'endommager la cornée avec le doigt, l'infirmière improvisée dépose une graine de lin sous la paupière et elle fait papilloter des yeux. La graine de lin se déplace sur toute la surface de la cornée et emporte avec elle les poussières. Elle se retrouve bientôt au coin de l'oeil, d'où on l'expulse par quelques larmes.
Les maux de dents occasionnent mille souffrances. Pour les soulager, la mère verse quelques gouttes d'essence de girofle sur un morceau de ouate qu'elle place ensuite sur la dent. Ou encore, elle introduit un clou de girofle entier dans la carie douloureuse. Un remède très populaire dans les années 1920 consiste à préparer une pâte de farine et de gingembre moulu, humectée de whisky. Versée dans un sac fait de tissu très mince, la pâte est appliquée sur la joue, à l'endroit où la dent fait le plus mal.
L'hiver est une rude saison qui amène avec elle ses maux. Au début de la colonisation, l'agriculteur doit consacrer une partie de l'automne et de l'hiver au transport du grain jusqu'à l'élévateur le plus proche. Il est quelquefois aveuglé par la réflexion du soleil sur la neige blanche, une affliction très douloureuse qui cause la cécité temporaire. Le seul remède efficace consiste à hacher une patate en menus morceaux et à s'en couvrir les yeux pendant quelques heures. Quand la température plonge à -40°, les engelures sont courantes. On croit à cette époque qu'il faut «tirer le froid par le froid», c'est-à-dire frotter les membres affectés avec de la neige pour en chasser le froid. La médecine moderne a démontré que c'est tout à fait le contraire de ce qu'il faut faire. Néanmoins, plusieurs mères de famille préfèrent tremper la partie gelée dans un bain d'eau tiède contenant de l'alun, ce qui ressemble beaucoup au traitement moderne. Le gras de lièvre, dit-on aussi, est tout à fait indiqué pour traiter les petites engelures.
La création de districts de santé publique et l'ouverture des chemins à la circulation durant les douze mois de l'année permettent aujourd'hui à tous les gens des régions rurales d'avoir accès aux services d'un médecin. C'est pourquoi la mère de famille joue de moins en moins souvent le rôle d'infirmière.
