Des motsMatcherLes francophones ont parfois tendence à emprunter des mots anglais, de les franciser et même d'en faire des verbes. Il arrive aussi qu'on va prendre des termes français et l'utiliser comme verbe. Léandre Bergeron, dans son Dictionnaire de la langue québécoise en relève une couple. Match est un terme anglais, quoiqu'il est accepté en français depuis le XIXe siècle. Il est utilisé pour parler d'une «compétition entre deux ou plusieurs concurrents, deux ou plusieurs équipes.» Par exemple, nombreux étaient ceux qui étaient heureux de voir la fin des interminables matchs de hockey à la télévision ce printemps. Dans le Petit Robert, on accepte l'utilisation de match, comme verbe matcher pour signifier «disputer un match, se mesurer (avec quelqu'un).» Matcher, dans ce sens, est tiré de l'anglais «to match». Toujours selon le Petit Robert, matcher est entré dans le vocabulaire français vers 1904. Maintenant, si les Français de France peuvent en faire un verbe, les Francophones d'Amériques peuvent en faire autant. Ainsi, matcher prend de nouvelles formes au Canada français et c'est dans le Dictionnaire de la langue québécoise de Léandre Bergeron qu'on en trouve des exemples. Matcher, au Canada, peut vouloir dire appareiller ou assortir. Par exemple, on va dire: «Pouvez-vous matcher cette laine-là?» (Bergeron) Au Québec surtout, on va utiliser le verbe matcher pour dire se rencontrer (en parlant d'un garçon et d'une fille. «Eux autes deux, c'est matcher le plus possible.» (Bergeron) Cette utilisation n'est pas courante dans l'Ouest canadien. Si par chez-nous en Saskatchewan on n'utilise pas beaucoup matcher pour parler de se rencontrer, le terme est très commun lorsqu'on veut dire qu'il y a eu manigance pour rapprocher deux personnes. «Leurs mères ont ben essayé de les matcher, mais ça pas marché.» (Bergeron) Autrefois, les parents matchaient souvent leurs enfants pour le mariage. Question d'assurer une bonne dot. Deux autres termes sont alors entrés dans le vocabulaire canadien-français: «Matchable: adj. Qui peut être matché.» et «Matchage: n.m. Action de matcher.» (Bergeron) Serait-ce que les parents savent mieux que les enfants? La plupart de ces matchs organisés par les parents réussissaient mieux que les mariages d'aujourd'hui. Enfin, on va dire matcher lorsqu'on parle de faire concurrence à quelqu'un. «À la course, personne peut le matcher.» (Bergeron) Cette dernière définition me fait penser à ma jeunesse à Bellevue. À cette époque, vers la fin des années 1960, le seul divertissement dans les petites communautés de Bellevue, Domremy, Hoey et St-Louis était les danses de mariage. Dans ce temps-là, ces danses étaient ouvertes au grand public et il arrivait souvent que les gros colosses (pour ne pas dire les barbares) d'une communauté venaient se matcher contre ceux d'une autre communauté. Donc, pendant que le marié, la mariée et les femmes essayaient de danser un «two step» dans la salle paroissiale, les hommes se regroupaient dans la cour de la salle, formaient un cercle autour des gladiateurs et s'amusaient à regarder les têtes de ciment essayer de se matcher l'un à l'autre. Le plus le sang coulait, le plus on semblait trouver que c'était un bon match. |
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