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Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 9 numéro 3

Les Thiévin du Canada

La descendance de Pierre Jean-Marie et Marie Thiévin
par Robert Revet
Vol. 9 - no 3, février 1999
Maison de Auguste Thiévin au village de forget
Photo: Robert Revet
Maison de Auguste Thiévin au village de forget vers 1919. le bébé dans la poussette est Jeannette.

Ayant préparé un exposé l'an dernier sur mes ancêtres paternels, il serait tout à fait logique d'en faire de même sur mes ancêtres maternels. De plus, puisque je fais la recherche de mes ancêtres maternels et paternels, il est peut-être sage de traiter des uns et des autres de façon similaire afin de n'offusquer ni les disparus ni les vivants.

Pierre Jean-Marie, mon arrière-grand-père maternel, était l'aîné de René Thiévin et Julienne Anne Quignon. Il est né le 24 juillet 1847 en LoireAtlantique, France dans un petit village du nom de Pannecé situé un peu au nord de la ville de Nantes. Il a grandi dans une ferme avec ses quatre frères et soeurs, Armand, Jean Julien, Julienne et Marie-Michelle. Le 5 novembre 1872, il a épousé mon arrière-grand-mère, Marie Gougeon, la fille d'Auguste Gougeon et de Marie Bellanger qui habitait, elle aussi, près de Pannecé. Ils se sont établis à la Haie-Lusseau dans cette même commune. Mon grand-père, Auguste, le 2e de leurs fils est donc né là, le 25 mars 1876. Au courant des 12 prochaines années, la famille s'est agrandie au nombre de 8, les 2 derniers enfants étant des bessons, nés le 16 avril 1887.

C'est donc en 1888 que la décision d'émigrer au Canada fut prise. La famille de dix, accompagnée du père de Marie, Auguste Gougeon, s'est embarquée sur le S.S. Montreal à Liverpool le 31 août pour ensuite repartir de Belfast le 1er septembre et enfin débarquer à la ville de Québec le 11 septembre 1888. Une telle traversée avec huit enfants dont les deux derniers n'avaient qu'un an et demi n'a sûrement pas été la chose la plus facile à faire. Après un court séjour chez des amis
Une partie de la liste des passagers
Une partie de la liste des passagers S.S Montreal sur laquelle figure les noms dela famille Thiévin.

à Verchère, près de Montréal, les nouveaux arrivés se sont dirigés vers l'Ouest canadien, plus précisément à Grande Clairière au Manitoba, à la requête de l'abbé Jean Gaire. En plus de la famille Thiévin, la congrégation de l'abbé Gaire le jour de la Toussaint en 1888 consistait d'une autre famille française de Loire-Atlantique, celle de François Barbot et de huit autres familles métisses. Pierre a pris un homestead, le NW- 27-7-24 Wi dans la municipalité de Cameron près de Oak Lake au Manitoba et Marie tenait un petit magasin afin d'augmenter le revenu familial. Donatien Frémont, dans son livre Les Français dans l'Ouest Canadien, a décrit ces deux familles françaises:

«Et quelles familles ! Celle de Pierre Thiévin, de Pannecé, comprenait: le père, 41 ans; la mère, née Marie Gougeon, 35 ans; huit enfants, dont deux jumeaux s'échelonnant de 15 ans à onze mois; un neuvième allait bientôt naître. Et il y avait aussi le père de Mme Thiévin, âgé de 70 ans. Celui-ci décédé l'année suivante, devait étrenner le cimetière. Il faut aussi ajouter que la mère de famille, petite femme frêle mais d'une activité étonnante, en était le chef véritable, en raison de la surdité complète de son mari et de l'âge de son père. La courageuse et entreprenante fermière se fit en outre commerçante, tenant chez elle des épiceries et autres marchandises à l'usage de la colonie.

La famille Barbot, d 'Ancenis (Loire-Atlantique), se composait du père, de la mère et de six enfants. Parmi ceux qui allaient venir un peu plus tard, il y eut encore Jean Collinot, de Pannecé, avec sa femme et six enfants; puis Auguste Blondeau, de Saint-Mars-la-Jaille. La Loire-Atlantique occupe une place d'honneur dans les origines de Grande Clairière.»'

La première descendante, et la plus jeune de mes grands-tantes, Emma, est donc née à Grande Clairière le 19 juin 1890. Un an plus tard, on célébrait le premier mariage de la famille Thiévin au Canada, celui de Marie, l'aînée de la famille, à Paul Boulanger, qui venait lui-même d'immigrer au Canada de l'Alsace-Lorraine en France.

Les Boulanger sont restés une douzaine d'années à Grande Clairière pour ensuite déménager à St. Brieux en Saskatchewan. Ils ont élevé une famille de 14 enfants dont 12 se sont mariés. Il va donc de soi que leur descendance emporte sur toutes les autres dans la descendance Thiévin en Amérique.
La gare et les élévateurs
Photo: Robert Revet
Forget: La gare et les élévateurs

Avec la promesse que les terres agricoles étaient meilleures plus à l'ouest, Pierre et Marie décidèrent à nouveau de déménager. En 1893, c'est près d'un endroit nommé Post Office Alma, Northwest Territories, 125 milles plus à l'ouest de Grande Clairière, que Pierre a pris possession d'un autre homestead, le SW-6-8-7 W2. Post Office Alma deviendrait plus tard Forget, Saskatchewan en l'honneur de Amédée E. Forget, le dernier lieutenant-gouverneur des Territoires du NordOuest et le premier lieutenant-gouverneur de la province de la Saskatchewan lorsqu'elle fut inaugurée en 1905. Malheureusement, leur résidence sur ce homestead a été de courte durée car Marie est décédée le 1er janvier 1897 peu de temps après avoir mis au monde, Eugene, le plus jeune de mes grands-oncles.

Pierre a donc abandonné son homestead et est retourné au Québec où ses deux soeurs, leur mari et leurs enfants avaient aussi immigrés au courant des dernières années. Pendant que ses soeurs lui aidaient à prendre soin de ses jeunes enfants, Pierre travaillait comme jardinier mais l'attrait pour l'Ouest était toujours présent et on le retrouve à nouveau quelques années plus tard sur le NW-6-8-7 W2. Il se remarie le 20juillet 1906 avec Alma De Gagné, la fille d'Éloi De Gagné qui avait été le maître de poste de Post Office Alma. Alma, née à Post Office Alma, est donc native de l'Ouest canadien. De cette union sont nés deux fils. Pour une raison ou une autre, mon arrière-grandpère ne s'est pas creusé les méninges pour leur donner un nom et il les a tout simplement appelés Pierre et Auguste tel qu'il avait baptisé ses deux fils aînés de son premier ménage. Ce n'était pas un problème pour lui mais je vous assure que pour celui qui tente de retracer la famille trois quarts d'un siècle plus tard, c'est toute autre chose. D'ailleurs, j'ignore encore quel a été le sort de Pierre, fils de Marie et je sais qu'Auguste, fils d'Alma, est mort jeune mais je ne sais où. En 1923, Pierre a décidé de retourner à la mère patrie avec sa femme et celui qu'on a surnommé, le petit Pierre. Ses enfants de son premier lit sont maintenant tous à leur propre compte, soit en Saskatchewan ou au Montana. La retraite dans son pays natal près de ses deux frères, Armand et Jean Julien devaient lui sembler attrayante. Chose curieuse, par contre, c'est qu'il a racheté une ferme près de celle qu'il avait laissée 35 ans plus tôt. Disons qu'il l'avait achetée pour son fils, le petit Pierre, mais ce n'est pas chose certaine. Pierre est tombé malade peu de temps après et il a décidé avec Alma d'entrer à l'hospice de Teillé le 2 juillet 1925. Il est décédé 18 jours plus tard, le 20 juillet 1925 et a été enterré dans le cimetière de Teillé. À l'insu de la descendance Thiévin au Canada, Alma qu'on croyait être morte peu de temps après, n'est effectivement décédée à l'hospice qu'en 1956. Le petit Pierre est mort accidentellement en 1949.
Auguste et Jeanne Thiévien
Photo: Robert Revet
Auguste et Jeanne Thiévien et leurs primier nés

Revenons à la descendance canadienne de Pierre Jean-Marie et Marie. Auguste, le fils de Marie, et ma grand-mère, Jeanne Raguin, aussi d'origine française et née en Loire-Atlantique, ont eu 10 enfants dont ma mère, Jeannette qui était la 8e de la famille. Auguste est décédé le 1er janvier 1954, telle que sa mère 57 ans plus tôt. Je l'ai donc à peine connu. Selon ce que j'ai pu découvrir à son égard, Auguste avait le sens des affaires et l'entreprenariat ne lui était pas inconnu. En plus de son entreprise agricole, il était aussi propriétaire
de divers commerces au village de Forget. Leur maison à l'entrée du village avait un attrait tout à fait particulier et il est regrettable qu'elle n'ait pas été entretenue par son nouveau propriétaire après la mort de ma grand-mère. Elle a maintenant été démolie comme bien d'autres monuments historiques du village de Forget.
Louis  et Marie ?Louise Thiévien
Photo: Robert Revet
Louis et Marie ?Louise Thiévien et leur famille vers 1925.


Auguste Thiévin était aussi très impliqué dans les activités de sa communauté. Il a été conseiller de la municipalité de Tecumseh en 1934 et du village de Forget en 1919 et 1920 ainsi que de 1927 à 1934. Il a aussi siégé au conseil scolaire de son école de campagne, le Cavalier S. D. #709 et il a été maître de chants de la paroisse Notre Dame de la Salette de Forget pendant plusieurs années.

Les descendants des autres membres de la famille de Pierre et Marie Thiévin se sont établis de l'Ontario à la Colombie britannique et dans plusieurs états du Nord-Ouest des États-Unis. Louise a épousé Jacques Léveillé à Grande Clairière le 13 novembre 1897 et Clémentine, Jules Lautier, le 17 avril 1900. Clémentine et Jules se sont établis près de Willow Bunch où leurs descendants travaillent encore le homestead de leurs grands-parents.
Emma et Robert Léveillé
Photo: Robert Revet
Emma et Robert Léveillé


Louis, un des jumeaux, a marié Marie-Louise Côté à Olga dans le diocèse de Fargo au Dakota Nord le 22 juin 1909 et a vécu la majeure partie de sa vie sur son homestead près de Benson au sud de Forget. Un petit-fils exploite maintenant les terres de Louis. Avec une famille de 13 enfants, la descendance de Louis et Marie-Louise est donc très nombreuse.

Sa jumelle, AnneMarie, bien qu'elle se soit mariée deux fois, n'a pas de progéniture.

À date, la recherche n'a rien révélé de la grandtante Eugénie sauf qu'elle serait probablement morte jeune lors du séjour de la famille au Québec entre 1897 et 1900.

Emma, le premier bébé Thiévin né au Canada, a épousé Robert Léveillé (le frère de Jacques) et c'est au nord de la province, à Albertville, quils ont pris résidence.

Quant au benjamin de la famille, Eugène, il s'est inscrit très jeune dans l'armée américaine pour ensuite s'installer définitivement à l'ouest de Scobey au Montana. Son épouse, Jeanne StGermain, native de Forget, avait, elle aussi, émigré au Montana avec ses parents. Six enfants dont trois fils et trois filles, sont issus de ce mariage pour enfin ajouter une dernière branche à la descendance de mes ancêtres maternelle, la branche américaine des Thiévin.
Eugène
Photo: Robert Revet
Eugène: le soldat Américain.

C'est donc à ma mère, Jeannette, qui nous a quittés trop jeune lorsque nous étions encore à l'école élémentaire que je dédis cet exposé de la famille Thiévin. C'est sans doute dû à sa mort précoce et au fait que j'ai eu peu de chance de connaître sa famille que j'ai voulu déterrer les morts et les vivants aussi, pour ainsi dire, afin de mieux la connaître et l'apprécier.
Jeannette et Arsène Revet
Photo: Robert Revet
Jeannette et Arsène Revet.

La descendance de mes arrière-grandsparents se chiffre de nos jours à plus de 1000 dans l'Ouest canadien et le NordOuest des États-Unis.

Nous avons déjà eu d'intéressantes réunions de famille en Saskatchewan.

Un regroupement international des Thiévin est prévu pour le mois d'août de l'an.

Maison de Auguste Thiévin avant sa démolition
Photo:Robert Revet
Maison de Auguste Thiévin avant sa démolition en 1990


Source
Frémont, Donatien, Les Français dans l'Ouest canadien, Saint-Boniface: Les Éditions du blé, 1980, p. 76.
Emma Revet-Peers









 
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