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Des histoires

Les Soeurs de Jésus-Marie

Un bout d'histoire (199)

Les Soeurs de Jésus-Marie (1)

Regina: Les religieuses de Sainte-Marie (Sillery, Québec) sont venues à Regina demander la bénédiction de leur nouvel évêque avant d'aller prendre la direction de leur nouvelle maison à Gravelbourg.
Le Patriote de l'Ouest
le 30 septembre 1915

Fondées en 1816, à Lyon, France, par Claudine Thévenet, les Soeurs de Jésus-Marie sont arrivées au Canada en 1855, à Lévis, Québec. Soixante ans plus tard, en 1915, cinq d'entre elles arrivent à Gravelbourg.

Cette congrégation religieuse était vouée à l'enseignement des jeunes, et sa première responsabilité, à Gravelbourg, a été l'enseignement à l'école publique du village.

Dès 1912, l'abbé Louis-Pierre Gravel avait essayé de convaincre la congrégation des Soeurs de Jésus-Marie de venir s'établir à Gravelbourg. «La pénurie des sujets força les Supérieures à un refus temporaire laissant pourtant au coeur de l'ardent missionnaire un espoir.»(1) Trois ans plus tard, en 1915, le curé Gravel retourne frapper à la porte des religieuses de Sillery, Québec. Cette fois, il connaît le succès.

Elles sont cinq religieuses qui arrivent dans l'Ouest canadien au mois d'août 1915. «Le 22 août, cinq missionnaires quittaient Québec pour l'Ouest canadien; le 25, elles étaient à Regina où les attendait le bon “Père” Gravel qui les conduisit chez Mgr Mathieu. Le lendemain, 26, elles touchaient le sol de Gravelbourg, après avoir parcouru en autos, cent quarante milles.»(2)

La supérieure des religieuses est Mère Sainte-Émilienne. Les quatre autres sont Mère Marie de Nazareth, Mère Sainte-Gertrude, Mère Saint-Léonide et Mère Saint-Valère. Arrivée à Gravelbourg, l'abbé Arthur Magnan, curé de la paroisse, leur cède son presbytère. «L'abbé Magnan était sur les marches du presbytère pour les accueillir, puis, il se rendit à la chambre qu'il avait louée pour l'année chez de bons amis.»(3)

Mère Sainte-Émilienne et les quatre autres sont donc prêtes à prendre la relève de l'école publique dès le 1er septembre 1915. L'école du village compte 70 élèves et trois salles de classe. «Avant l'arrivée des Religieuses à Gravelbourg, les instituteurs dont les noms suivent ont enseigné successivement à l'école publique ou à la maison chapelle: Arthur Mailhot, aujourd'hui maître de poste retraité, et les demoiselles Eveline Girouard, Louisa Laflamme et Blanche Provencher (devenue plus tard Mme J.B. Crépeau.»(4)

La communauté de Gravelbourg est alors en pleine croissance et l'école devient vite trop petite: «Devant ce fait les religieuses décident de bâtir un couvent-pensionnat de quatre étages et au début de l'année académique elles peuvent recevoir 80 pensionnaires et plus d'une centaine d'externes.»(5)

Au début de la colonie, l'église devait être construite à l'endroit où se trouve actuellement le Collège Mathieu. Un soubassement avait même été creusé et recouvert pour servir de chapelle. Quand les religieuses décident de faire construire un couvent, en 1917, la compagnie de chemin de fer du Canadian Northern leur offre 30 acres de terre à plusieurs centaines de mètres à l'ouest de la chapelle. Un débat s'ensuit alors sur le placement de l'église de Gravelbourg. Le débat se règle seulement avec l'arrivée de l'abbé Charles Maillard la même année. L'ancienne chapelle servira pour le nouveau Collège catholique et une nouvelle église sera construite à mi-chemin entre le collège et le couvent.

«En septembre 1918, le couvent ouvrait ses portes à quatre-vingt-une pensionnaires et à cent soixante-douze externes.»(6) Le Collège Thévenet, nommée en honneur de la fondatrice des Soeurs de Jésus-Marie, accueillera tout au long de son histoire garçons et filles, pensionnaires et externes, car le couvent continuera d'être l'école publique de Gravelbourg jusqu'au départ des Soeurs durant les années 70.

(1) Hébert, Georges, Les débuts de Gravelbourg; son fondateur, ses pionniers, les institutions, 1905-1965, Gravelbourg: juge Georges Hébert, 1965, p. 49.
(2) Ibid., p. 49.
(3) Mère St-Stephen, «Mother Ste-Emilienne, Foundress of Jesus-Mary, Gravelbourg», dans Héritage, Gravelbourg—District 1906-1985, Gravelbourg: Gravelbourg Historical Society, 1987, p. 23. (Traduction)
(4) Régis, Constant, Gravelbourg et son histoire, publié dans La Relève, Gravelbourg, le 29 septembre 1961, p. 3.
(5) Chabot, l'abbé Adrien, Histoire du Diocèse de Gravelbourg, 1930 - 1980, Gravelbourg (Sk): Le Diocèse de Gravelbourg, 1981, p. 104.
(6) Hébert, Georges, Op. cit., p.49.

Sources
Chabot, l'abbé Adrien, Histoire du Diocèse de Gravelbourg, 1930 - 1980, Gravelbourg (Sk): Le Diocèse de Gravelbourg, 1981.

Hébert, Georges, Les débuts de Gravelbourg; son fondateur, ses pionniers, les institutions, 1905-1965, Gravelbourg: juge Georges Hébert, 1965.

Mère St-Stephen, «Mother Ste-Emilienne, Foundress of Jesus-Mary, Gravelbourg», dans Héritage, Gravelbourg—District 1906-1985, Gravelbourg: Gravelbourg Historical Society, 1987.

Régis, Constant, Gravelbourg et son histoire, publié dans La Relève, Gravelbourg, le 29 septembre 1961.

Dans son histoire de Gravelbourg, le juge Georges Hébert, beau-frère du missionnaire fondateur, affirme que le curé Gravel a été d'une bienveillance exceptionnelle pour les religieuses de Jésus-Marie qu'il avait convaincues de venir fonder un couvent dans les prairies de l'Ouest canadien. «Il révélait aussi un grand coeur de père. Ses générosités envers le couvent en sont la preuve évidente. Elles furent nombreuses, et souvent faites d'une façon discrète; l'exemple suivant le prouve: lorsqu'en 1917 on construisit le couvent, la brique achetée lui parut de qualité inférieure; il commanda lui-même une meilleure brique et paya la différence.»(1)

La brique est importante pour assurer la durabilité de l'édifice, mais les fondateurs et les fondatrices voulaient aussi que le Collège Thévenet soit un outil pour la promotion culturelle. L'abbé Gravel y apporte une contribution importante dès les premières années. «À son voyage en Europe, il acheta, pour décorer les murs des classes et des corridors, des peintures, copies des plus grands maîtres du Moyen âge; c'était sa façon discrète de graver dans l'esprit des étudiants le culte du beau. Deux fauteuils, style Louis XIV, rappellent encore son souvenir dans un des parloirs.»(2)

Au cours des années, on ajoute au couvent pour répondre à la demande toujours grandissante. En 1927, on ajoute deux ailes à l'édifice; celui au nord comprend la chapelle et l'auditorium et celui au sud, les dortoirs, salle à manger, salles d'études et salle de récréation pour les pensionnaires. Pendant toutes les années qu'elles ont géré le couvent, les Soeurs de Jésus-Marie ont encouragé, les élèves à aimer la beauté de la culture française. C'est ainsi qu'en 1954, elles ajoutent un autre élément au Collège Thévenet. «L'apôtre de la langue française et de la fierté nationale (le curé Gravel) n'aurait-il pas été très heureux d'assister à la bénédiction de la nouvelle bibliothèque française le 14 novembre 1954, bibliothèque qui compte actuellement plus de trois mille volumes adaptés à tous les âges?»(3)

Pendant la crise économique des années 1930, le couvent de Gravelbourg est au bord de la faillite! «Le nombre de pensionnaires diminue, les salaires sont à la baisse et ensuite... il est impossible de payer des salaires. La commission scolaire fait connaître sa position; puisqu'il n'y a pas d'argent, une seule solution semble pratique — fermer l'école. Encore une fois, Mère Sainte-Émilienne se montre à la hauteur des circonstances; elle offre de garder l'école ouverte en offrant gratuitement les services de ses enseignantes jusqu'au jour où la commission scolaire aurait des fonds pour rembourser les billets à ordre (promissory notes) qu'elle accepterait au lieu d'argent courante.»4 Mère Sainte-Émilienne a continué à enseigner et à diriger le Collège Thévenet jusqu'après la guerre, fin des années 1940. Elle est décédée le 15 novembre 1953.

Comme les autres congrégations religieuses, les Soeurs de Jésus-Marie ont enseigné dans des écoles publiques et séparées dans d'autres communautés francophones du sud-ouest de la Saskatchewan. Durant la dépression des années 1930, elles ont enseigné à Meyronne (1932) et à Saint-Victor (1934). Quand la dépression a pris fin, pour être remplacée par la deuxième grande guerre, les Soeurs de Jésus-Marie ont ajouté deux autres écoles à leur liste, celles de Lisieux en 1939 et Coderre en 1942.

Aujourd'hui, le Collège Thévenet de Gravelbourg sert toujours comme école élémentaire.

(1) Hébert, Georges, Les débuts de Gravelbourg; son fondateur, ses pionniers, les institutions, 1905-1965, Gravelbourg: juge Georges Hébert, 1965, p. 50.
(2) Ibid., p. 50.
(3) Ibid., p. 50.
(4) Gravelbourg Historical Society, Heritage, Gravelbourg — District, 1906-1985, Gravelbourg: Gravelbourg Historical Society, 1987, p. 25. (Traduction)

Sources
Gravelbourg Historical Society, Heritage, Gravelbourg — District, 1906-1985, Gravelbourg: Gravelbourg Historical Society, 1987.

Hébert, Georges, Les débuts de Gravelbourg; son fondateur, ses pionniers, les institutions, 1905-1965, Gravelbourg: juge Georges Hébert, 1965.





 
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