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Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 9 numéro 1

Les Revet du Canada

La descendance de François et Franceline Revet
par Robert Revet
Vol. 9 - no 1, octobre 1998
C'est probablement en 1890 que mes arrière-grands-parents, François et Franceline Revet, et leurs 7 enfants, Louise, Arsène, Kilien, Joseph, Auguste, Jean et Léon, âgés de 18 ans à 4 ans, ont quitté la France pour le Canada sur le S.S. Sarnia. Je dis probablement parce que la preuve certaine, la liste des passagers du bateau qui les a amenés au Canada a été en partie rendue illisible et c'est sûrement sur une des deux pages endommagées que leurs noms figuraient. Nous savons qu'ils sont venus à la requête de l'abbé Jean Gaire et que l'abbé Gaire est revenu de France le 9 avril 1890 avec 80 colons. Les Revet faisaient sûrement partis de cet équipage. De plus, deux des garçons Revet, Kilien et Joseph ont été confirmés l'été suivant, le 27 juillet 1891 à Grande-Clairière par Mgr Grandin, évêque de Saint-Boniface.


La maison ancestrale
Robert Revet
La maison ancestrale des Revet en France

Les Revet étaient originaires de Villards-surThônes près d'Annecy en Haute Savoie, France. Le Chanoine Dechavassine écrit que François était le premier savoyard à s'établir à Grande-Clairière au Manitoba. «Le premier colon savoyard que je trouve mentionné par écrit, nous dit M. Frémond, est François Revet, des Villardssur-Thônes, arrivé à Grande-Clairière en 1889 ou 90, avec sa femme et ses sept enfants.»' Le nom de François Revet accompagné de sa femme et de sept enfants figure aussi sur une liste faisant partie de la brochure de Pierre Foursin: La Colonisation française au Canada (1890-91). Au moment de leur départ de France, les Revet habitaient aux Meurats et au Chalet de la Mare dans la commune des Villards où Franceline laissait deux soeurs: Jeanne, mère des MermillodAnselme et Suzanne, mère des Ducret-Diennaz, les cousins les plus proches des descendants Revet au Canada.

Franceline Revet
Photo: Robert Revet
Franceline Revet

C'est donc à GrandeClairière au Manitoba près du Lac des Chênes, mieux connu sous le nom de Oak Lake qu'ils se sont d'abord établis.

Malheureusement, trois ans plus tard, le 13 décembre 1893, mon arrièére-grand-père, François Revet, est décédé assez

Le homestead de Franceline Revet
Photo: Robert Revet
Le homestead de Franceline Revet, vers 1904, situé au sud de bellegarde

subitement. On ne sait que peu de choses au sujet des raisons qui les ont poussés à s'expatrier au Canada et encore moins de ce qu'ils ont fait durant leur séjour à Grande-Clairière. Un ancien relevé des terres près de Grande-Clairière liste un F. Revet comme propriétaire du NW 27-6-24-Wi, mais rien de plus n'a pu être trouvé jusqu'à date pour nous en apprendre davantage. Cependant, la famille a tôt réalisé que le terrain de GrandeClairière ne se portait pas très bien à l'agriculture. Elle s'est alors déplacée plus à l'ouest, à SaintMaurice de Bellegarde où Franceline et chacun des garçons, dès qu'il était d'âge pour le faire, s'est réservé un homestead. Les Revet rejoignaient alors la famille de Cyrille Sylvestre, leurs anciens voisins à
Les Revet
Photo: Robert Revet
Les Revet en 1903. 1re rangée: Jean, Gaston, Franceline et Arsène. 2e rangée: Trfflé Rousel, Léon, Marie, Auguste et Kilien.

Villards-sur-Thônes qui venaient récemment d'émigrer au Canada. Franceline a rempli son application pour un homestead le 22 avril 1896. Il s'agissait du NE i2-6-3i Wi situé à environ 8 km de Bellegarde. Six ans plus tard, ses fils avaient tous leur homestead: Arsène le SE i4-6-3i Wi (1896), Kilien le SW i8-6-30 Wi (1902), Joseph le SE i2-6-31 Wi (1900), Claude Augustin (Auguste) le SW i2-6-31 Wi (i900), Jean le SE 2-6-3i Wi (1900) et Léon le NW i2-6-31 Wi (i902). Au fil des années, Auguste, mon grandpère, devient propriétaire du homestead de sa mère et de certains de ses frères et continue d'exploiter la section 12 jusqu'à sa mort en 1964. Mon oncle, Alphonse Revet, assisté de deux de mes cousins travaillent donc toujours quatre des carreaux qui autrefois avaient été les homesteads des Revet, dont celui de Franceline. Plus tard, Franceline a déménagé à Bellegarde avec le plus vieux de ses fils, Arsène, toujours célibataire, où elle tenait un petit magasin et lui le bureau de poste. Arsène, comme son père et son grand-père, exerçait lui aussi le métier de cordonnier.

Le garage de Kilien Revet à Forget
Photo: Robert Revet
Le garage de Kilien Revet à Forget. C?est Kilien, le forgeron, qui a fabriqué la croix pour l?église Notre-Dame de LaSalette à Forget

L'aînée de la famille, Louise, a épousé, le 27 novembre 1899, Joseph Girard qui venait tout juste d'émigrer de Urbeis, Alsace, France. Ils se sont d'abord établis à Cantal, Saskatchewan, pour déménager par la suite près de Scobey au Montana où ils ont élevé une famille de 4 enfants. Leur descendance est la plus nombreuse parmi la descendance Revet en Amérique du Nord.

Kilien, le forgeron de la famille Revet, dont une de ses oeuvres est toujours visible, la croix sur le clocher de l'église de Forget, se marie deux fois; d'abord avec Angélina Bourgeois de Bellegarde puis avec Eva Guillaume de Forget. Joseph prend pour femme, Marie Moreau, la fille de Jean-Baptiste et Adrienne Moreau, d'origine belge, la preière famille à s'établir définitivement à Bellegarde. Jean épouse Marie Henrion et le benjamin, Léon, se marie avec Evelyne Martel. Joseph et Jean n'ont pas de descendants et Kilien et Léon en n'ont que très peu.

Franceline Revet
Photo: Robert Revet
Franceline Revet, vers 1910.

Mon grand-père, Auguste, le 7e des enfants de François et Franceline, a épousé en 1905 une jeune québécoise, Anna Beaudry, récemment déménagée dans la région de Bellegarde. De cette union est née 10 enfants dont mon père était le plus vieux. Un de mes oncles, Julien, et son épouse, Marie Brisebois, ont élevé 16 enfants dont 15 sont toujours vivants et sont aussi tous mariés. De plus, l'oncle et la tante sont toujours actifs et viennent récemment de fêter leur 63e anniversaire de mariage.

Nous possédons peu de choses de nos arrière-grands-parents. Je suis toujours à la recherche d'un portrait ou d'une photo de François. Nous savons d'après leur acte de mariage que François, comme son père, exerçait entre autre le métier de cordonnier et que Franceline était aussi, comme son père, cultivatrice propriétaire de la commune des Villards-sur-Thônes. Je n'ai pu retrouver en France chez des petits cousins qu'une lettre de la part de Franceline et ses enfants à un oncle et une tante, la soeur de Franceline, et à leurs enfants, expédiée au mois de décembre 1894, un an après le décès de François. Il est intéressant d'y noter un commentaire de Louise, ma grand-tante, à sa tante Suzanne: «Je parle 3 langues, l'anglais, le français et le canadien mais le patois, je ne le parte plus.»

Auguste, Anna et le petit Arsène Revet
Photo Robert Revet
Auguste, Anna et le petit Arsène Revet vers 1907

Lorsque j'ai fait mon dernier relevé de la famille Revet, en 1990, juste avant le voyage de plusieurs descendants des familles Revet/ Sylvestre de France au Canada, le nombre de descendants de François et Franceline s'élevait à 533 dont 297 appartenaient à la sous-branche de Louise et 195 à celle d'Auguste, mon grand-père. Plusieurs mariages et naissances sont survenus depuis ce relevé, alors leur descendance s'accroît d'année en année.

Franceline est décédée en 1940 à l'âge de 94 ans. La vie n'a pas toujours été facile pour elle. En plus de perdre son mari 47 ans plus tôt, elle avait fait face au décès de quatre de ces fils: en France, en 1875, deux fils, Auguste et Édouard, sont décédés aux Villards à quatre jours d'intervalle, probablement d'une maladie enfantine et au Canada en 1918/1919, deux autres fils, Jean et Joseph sont décédés à quatre mois d'intervalle de la grippe espagnole.

Auguste et Anna Revet
Photo Robert Revet
Auguste et Anna Revet vers 1952

Les enfants de François et Franceline se sont donc répandus dans plusieurs provinces et états de l'Ouest canadien et américain. Joseph, Arsène et Auguste sont enterrés à Bellegarde, Jean à Ponteix, Kilien et Léon à Deerhorn au Manitoba et Louise à Scobey au Montana. Rien de surprenant que nous retrouvions de nos jours leurs enfants, petits-enfants et arrière petits-enfants aux quatre coins du continent nord-américain.

Référence

DECHAVASSINE, Chanoine, L'émigration savoyard au Canada, Extrait de la «Revue Savoisienne>'. p.36.







 
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