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Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 3 numéro 1

Les Orangistes gagnent la ronde : seulement une heure de français par jour

Vol. 3 - no 1, novembre 1992
Mgr Olivier-Elzéar Mathieu
Mgr Olivier-Elzéar Mathieu, évêque de Regina.
Photo: Archives de la Saskatchewan

mai1919

Regina: La loi Martin, visant à faire de l'anglais la seule langue d'enseignement dans nos écoles élémentaires de la Saskatchewan, est entrée en vigueur le 1er mai dernier. En vertu de cette loi, quand une commission d'un arrondissement scolaire adopte une résolution à cet effet, la langue française peut être enseignée pendant une période d'au plus une heure chaque jour et fait partie du programme scolaire. De plus, le français peut être utilisé comme langue d'enseignement, mais cet usage du français ne sera pas poursuivi au-delà du Grade 1.

L'entrée en vigueur de la loi Martin rappelle le congrès scandaleux des commissaires d'écoles de 1918. À ce congrès, les Orangistes, aidés par des groupes influentiels comme les Grain Growers, firent adopter des résolutions voulant que tous les commissaires soient sujets britanniques et en mesure de lire l'anglais et qu'aucune autre langue que l'anglais ne soit permise comme langue d'enseignement.

Mais on peut retracer les problèmes des Franco-Canadiens de la Saskatchewan au plébiscite sur la conscription. Lorsque le premier ministre Borden a proposé la conscription, le chef du parti libéral, Sir Wilfrid Laurier, comme tous les Canadiens français du pays, s'était prononcé contre l'expédition de nos soldats en Europe. Depuis, comme nous le dit M. Raymond Denis de Vonda, “il nous est devenu impossible d'assister à une assemblée quelconque sans entendre crier “les Frenchmen dans Québec” et dans toutes les réunions, commissaires d'écoles, personnel enseignant, même chez les “Grain Growers”, on n'entend qu'un cri qui est devenu un slogan: “Une langue, une école, un drapeau”, c'est-à-dire la langue anglaise, l'école anglaise et le drapeau anglais.”

Au congrès de la Saskatchewan School Trustees' Association, à Regina en 1917, on avait reçu l'appui du représentant de l'École Normale de Saskatoon, M. George Weir, qui avait affirmé: “Il est impossible de supprimer le français, ni même d'arrêter son expansion quand même le voudrait-on, et si malgré tout on réussissait, ce serait fou et criminel.” Malgré cela, les Orangistes avaient proposé une résolution demandant la disparition des manuels bilingues et la suppression de l'enseignement de toute langue étrangère, le français étant bien entendu considéré comme langue étrangère. Heureusement, les nôtres s'étaient préparés, étant en grand nombre à ce congrès, et ils réussirent à défaire la résolution 330 contre 321.

Les Orangistes avaient bien l'intention de revenir à l'attaque au congrès de 1918. Ils avaient fait venir, à Saskatoon, des délégués de tous les coins de la province et cette fois-là, le groupe français n'y pouvait rien. Ils réussirent à faire adopter leurs résolutions et le lendemain, le Daily Post de Saskatoon pouvait clamer que le congrès avait accompli “a notable advance in the cause of a better school system.”

Bien sûr, avec l'adoption de la loi Martin, les Orangistes n'ont pas tout à fait réussi à éliminer notre belle langue française. Grâce aux interventions de notre dévoué archevêque de Regina, Mgr Mathieu, et à la bienfaisance de notre Premier ministre, William Martin, nous n'avons pas tout perdu. Une première année en français et une heure de français par jour.





 
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