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Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 13 numéro 3

Les nouveaux pionniers - Sur la route durant la Dépression

par Antonio Desnoyers
Vol. 13 - no 3, mars 2003
Ceci est l’histoire d’un «wagon train», d’une excursion, qui a quitté le sud de la Saskatchewan durant les années de la Dépression, pour se sauver de cette cuvette de poussière, des «dirty thirties». L’excursion que je vais vous raconter est celle d’Antonio Desnoyers et de sa famille.

Antonio, sa femme Florette et leurs cinq enfants, âgés de 2 à 8 ans, étaient victimes de la dépression et de la pire sécheresse dans l’histoire du Canada. Cette sécheresse allait durer neuf ans; il n’y aurait pas de pluie durant toutes ces années et il y avait toujours de grands vents, été comme hiver. Souvent, pendant l’été, la journée était ensoleillée, mais il y avait tellement de vent et de poussière dans le ciel que nous ne pouvions pas voir le soleil pour des jours entiers. Les fermiers étaient à 100 pour cent sur le «relief», sur l’assistance sociale. Nous recevions du foin et du grain pour soigner nos animaux et nous recevions des graines de semence au printemps pour ensemencer nos champs. Mais, aussitôt que le grain commençait à pousser, le vent et les poudreries de poussière le coupait et la récolte mourait. Nous ne voyions pas une seule graine à l’automne, ni même un brin d’herbe. Rien ne poussait sauf du chardon de Russie, le «Russian thistle», qui au moins nourrissait les vaches pendant l’été. Après cinq ans, la plupart des gens étaient persuadés que ce serait toujours comme ça. Nous recevions du gouvernement suffisamment de manger et de vêtements, mais nous n’avions jamais un cent dans nos poches.


À l’été de 1934, j’ai fait un voyage vers Bonnyville, Alberta où quelques-uns de mes frères s’étaient rétablis. Il pleuvait souvent là-bas et ils avaient de bonnes récoltes. J’ai loué du terrain du gouvernement et, au printemps de 1935, nous avons décidé de déménager à Bonnyville. Nous avons vendu quelques têtes de bétail et des cochons à Moose Jaw et avons reçu suffisamment d’argent de ces ventes pour louer un wagon de chemin de fer pour transporter notre équipement agricole qui était encore en excellente condition. Dans le même wagon, il y avait aussi la besogne de la maison, six vaches à lait et un taureau. J’ai ensuite préparé un «wagon train» pour déménager la famille. J’ai accroché deux wagons, un derrière l’autre. Sur un

Photo de mariage d'Antonio Desnoyers et Florette Duguay
Photo: Claude Desnoyers
Photo de mariage d'Antonio Desnoyers et Florette Duguay de Secretan, SK.


wagon, il y avait une boîte avec 90 minots d’avoine qui étaient bien protégés contre la pluie. Dans le deuxième wagon, il y avait des gerbes de blé que j’utiliserais sur la route comme fourrage pour les chevaux. Nous avions quatre bons chevaux attelés à ces wagons.

Derrière le deuxième chariot, j’avais un «rack à foin», 8 pieds par 14 sur lequel j’avais construit deux petits compartiments avec du grillage. Ils mesureraient quatre pieds carrés chacun et avaient une petite porte. Dans un compartiment, il y avait la chèvre à lait et dans l’autre il y avait un poulain né durant l’excursion. J’avais aussi deux autres poulains et une vieille jument attachés derrière les wagons.

J’avais construit une sorte de

Le fameux «wagon train
Photo: Claude Desnoyers
Le fameux «wagon train». Photo prise à Lea Park, Alberta.


maison sur un chariot avec pneus en caoutchouc. Cette maison était tirée par un bon «timme» de chevaux et c’est ma femme qui conduisait cette «outfit» qu’on a appelé la «caboose». J’avais placé la porte en avant; elle était divisée en deux parties avec une fenêtre dans la partie d’en haut. Quand il faisait beau dehors, ma femme gardait la fenêtre ouverte et elle suivait mon chariot à deux wagons en passant les rênes par la fenêtre. Mais, s’il faisait froid, elle fermait la fenêtre et passait les rênes dans deux petits trous dans la partie du bas. Dans cette maisonnette, nous avions un bon poêle et suffisamment de lits pour toute la famille, ainsi qu’une armoire remplie de nourriture.

Nous avons quitté Coderre dans les premiers jours de mai 1935. C’était une belle journée et nous avons voyagé environ 15 milles avant de frapper la pluie. Nous avons fixé notre camp dans la cour d’une ferme abandonnée et nous sommes restés là 2 jours. Nous avons ensuite attelé les chevaux pour se rendre chez les parents de ma femme(1) où nous avons passé 3 jours. Quand le beau temps est revenu, nous avons repris la route. Nous avons fait 25 milles avant de frapper à nouveau la pluie. Nous avons dû camper dans la cour d’un fermier. Cette ferme n’était pas abandonnée. Le fermier m’a suggéré de mettre mes chevaux dans sa belle grande étable. Nous avons été cloué à cette cour pour 3 jours puisque les routes étaient un véritable «gumbo». Nous avons attendu que ça sèche un peu. Puis nous avons repris la route une fois de plus. Notre chien d’un an aimait courir après les lièvres. Les premiers jours, il courait dans les champs le long du chemin et quand il apercevait un lièvre, il partait à la course à ses talons, mais il revenait toujours au chariot. Chaque jour, il courait des milles et des milles. Mais, ça n’a pas duré; après quelques jours, il a abandonné ses courses et se contentait de marcher derrière les wagons.

Nous avons continué à camper dans des cours de fermes abandonnées, soit le midi pour manger ou le soir. Nous avons procédé ainsi pour 200 milles, toujours sur des chemins de terre battue. Comme on s’approchait de Saskatoon, on a remarqué qu’il y avait plus d’humidité dans le sol et que les fermiers étaient occupés à ensemencer leurs champs. Un jour, pas loin de Saskatoon, nous avons frappé une vilaine tempête de poussière. Avec de grands vents!

Un autre jour, à l’heure du dîner, nous sommes arrêtés près de l’entrée d’une ferme. Il y avait de beaux grands arbres autour de la cour. Nous avons donc pensé arrêter là pour abreuver les chevaux et pour être à l’abri du vent pour manger. Voulant demandé la permission pour nous arrêter pour manger, je me suis rendu à la maison et j’ai cogné à la porte. Aussitôt, un homme est sorti de la maison à la course. Il s’est rendu à un autre bâtiment puis est revenu à la course vers la maison, une hache à la main. Sa femme et ses deux filles, qui faisaient la lessive dans un autre bâtiment, sont sorties à la course avec des seaux à la main. Elles se sont dirigées vers le moulin à vent pour remplir les seaux d’eau. Finalement j’ai compris! Il y avait un feu entre le plafond du rez-de-chaussée et le deuxième étage. J’ai donc pris deux des seaux des filles et je me suis mis à charrier de l’eau aussi vite que possible. L’homme avait défoncé un trou dans le plancher près de la cheminée et y jetait de l’eau.

À Secretan, chez les beaux-parents
Photo: Claude Desnoyers
À Secretan, chez les beaux-parents en 1935. Florette (par terre), Annie et Clovis Duguay, Antonio et leurs cinq enfants: Jocelyne, Gaetanne, Roland (sur les genoux de son grand-père), Conrad et Gérald (sur les genoux de son père).


Les «timmes» de chevaux à Antonio Desnoyers
Photo: Claude Desnoyers
Les «timmes» de chevaux à Antonio Desnoyers, en 1935.


Après 20 minutes, nous avions maîtrisé le feu qui avait brûlé un trou dans le plancher et endommagé les poutres. Quel dégât au rez-de-chaussée! Mais le feu était éteint. Je lui avais aidé à sauver sa maison. Il m’a invité à m’installer dans sa cour pour dîner. Ils étaient Russes et du bien bon monde. J’ai fait boire mes chevaux et je les ai mis dans son étable. Ils nous ont donné des œufs, mais nous n’avons pas allumé le feu dans le poêle ce jour-là car il ventait trop. Ce soir-là, nous nous sommes éloignés un peu du chemin pour camper près d’un beau petit «bluff» d’arbres où il y avait beaucoup d’eau dans le fossé pour les chevaux.

Le lendemain midi, nous avons campé dans la cour d’un autre fermier, quelques milles au sud de Saskatoon. Nous avons rencontré du bien bon monde parmi les fermiers qui nous ont accueillis. Nous n’avons rencontré qu’un seul homme qui refusait tout contact avec des voyageurs comme nous. Je l’ai rencontré à l’entrée de sa cour et je lui ai demandé si je pouvais abreuver mes chevaux. Il y avait un grand «slough» près de son étable, mais il a dit: «NON!» Nous avons été quelques milles plus loin avant de trouver un bon endroit pour arrêter pour la nuit. À cet endroit, il y avait de grands arbres et de la bonne eau pour les chevaux dans un fossé. Pour la cuisson, et pour boire, nous prenions de l’eau dans les puits des fermes ici et là que nous charrions dans un bidon à crème de 5 gallons.

Quand nous avons traversé le pont sur la rivière Saskatchewan Sud à Saskatoon, il y avait des espaces entre les poutres en métal pour permettre à l’eau de s’écouler. Nous avions une vieille jument blanche qui devait traverser ce pont. Elle croyait probablement qu’il s’agissait de trous profonds dans le pont car elle sautait par dessus chaque espace.

Au nord de Saskatoon, nous nous sommes arrêtés dans la rue d’un petit village. Mon plus vieux était malade et nous nous demandions quoi faire. Un homme travaillait dans son jardin près de nous. Il est venu nous demander si nous avions des problèmes. Ma femme lui a dit que nous avions un garçon malade. Il a dit qu’il était ministre et il a offert d’accompagner ma femme et mon fils à l’hôpital. Dans ce temps-là, il n’y avait plus trop d’automobiles sur les routes. Sur les entrefaites, une voiture passait. Le ministre connaissait le chauffeur, c’était le médecin. Il l’a arrêté et lui a expliqué notre dilemme. Ma femme et mon fils se sont rendus à l’hôpital avec le médecin. Selon le médecin, mon garçon ne faisait pas suffisamment d’exercice. Il a recommandé le faire sortir chaque jour et marcher derrière les wagons. Il n’a rien chargé pour ce conseil; heureusement pour nous car nous n’avions pas beaucoup d’argent.

La chèvre à lait et le poulain étaient sortis de leur compartiment chaque fois que nous arrêtions, soit le midi, soit le soir et pouvaient ainsi manger de l’herbe près de la route. De la chèvre, nous avions suffisamment de lait pour les enfants et pour notre café. Quant au poulain, il était tellement habitué à son petit compartiment qu’il montait sans problème quand venait le temps de partir. Il se couchait sur une couche de paille; la chèvre aussi.

Tout au long du voyage, les gens venaient voir notre caravane et nous poser des questions: d’où nous venions? où nous allions? pourquoi nous déménagions? Après que nous avions été sur la route quelques jours, les chevaux se sont rendus compte qu’ils

Le trajet des Desnoyers
Le trajet des Desnoyers en 1935.


étaient en territoire étranger. Ils restaient près l’un de l’autre. Nous arrêtions pour quelques jours lorsque nous trouvions un bel endroit pour le camping. À ces arrêts, ma femme faisait une cuite de pain et nous lavions nos vêtements. Plus nous allions dans le nord, plus nous devenions sages. Nous avons réalisé que si nous campions dans un petit village, il y aurait un puit avec de la bonne eau et un terrain de camping. Puis, si nous avions besoin de provisions, il y avait un magasin général. Chaque fois que nous arrêtions, pour la cuite de pain ou la lessive, les chevaux avaient une bonne journée de repos. Souvent, nous les laissions aller pour manger de l’herbe, mais ils n’allaient pas loin des chariots.

Antonio Desnoyers en 1975
Photo: Claude Desnoyers
Antonio Desnoyers, en 1975, devant l?arbre où il avait gravé ses initiales 40 ans plus tôt lors de son excursion de Coderre à Bonnyville.


À notre arrivée à la rivière Saskatchewan Nord, à Borden, il y avait seulement un traversier pour traverser la rivière. Le bac venait d’arriver, il y avait une autre voiture et moi avec mes deux chariots. Il n’y avait donc pas de place pour la «caboose». Lorsque le bac a commencé à s’éloigner du rivage, le «timme» laissé derrière est devenu complètement fou, croyant que les autres chevaux les abandon-naient. Ils ruèrent sur leurs pattes de derrière et poussèrent des cris aigus, comme des cochons. Ma femme était habile avec un «timme» de chevaux, mais elle a eu besoin de l’aide d’hommes présents sur le bord de la rivière pour maîtriser les chevaux enragés, jusqu’au retour du bac.

Ce soir-là, nous avons campé près de la rivière; il y a eu un peu de pluie pendant la nuit. Le lendemain, nous avons repris notre chemin alors que la température était belle. Nous avons traversé North Battleford, puis nous avons atteint Lloydminster, mais les chevaux attelés aux chariots avaient de plus en plus mal aux pattes de derrière. Les six chevaux attelés aux chariots avaient été ferrés avant le départ et les fers ne se sont pas beaucoup usés pour les premiers 150 milles alors que nous étions sur des chemins de terre battue. Ils se sont toutefois vitement usés quand nous avons monté sur des routes de graviers. À Lloydminster, les fers étaient tellement usés qu’il ne restait que les clous.

Les poulains d’un an avaient aussi mal aux pattes. Ils suivaient

Antonio Desnoyers  prépare des «logs»
Photo: Claude Desnoyers
Antonio Desnoyers à préparer des «logs» pour ajouter à sa maison à Bear Trap Lake.



dans le fossé où la terre était molle. Même le chien a commencé à avoir mal aux pattes à cause du gravier. Comme les poulains, il s’est mis à suivre dans le fossé.

Je dois dire que ce chien-là m’a sauvé la vie à quelques reprises. Je devais souvent aller dans la cour d’une ferme pour demander permission de tirer de l’eau du puit ou de camper pour dîner ou pour la nuit. Et, souvent, dans ces cours étrangères, il y avait un chien ou deux. Mon chien me suivait toujours et, s’il y avait un chien méchant, celui-ci chassait mon chien jusqu’à ce qu’il prenne refuge sous un chariot. Une fois seulement, il a été obligé de se battre pour sortir de la cour d’une ferme. Cette cour était entourée d’une clôture de grillage et il y avait seulement une barrière

La famille Desnoyers devant la maison
Photo: Claude Desnoyers
La famille Desnoyers devant la maison à Bear Trap Lake, vers 1945.


étroite. Lorsque j’ai fait le tour de la maison, je suis venu face-à-face avec un gros chien qui a immédiatement chassé le mien. Pauvre chien! Il a eu un peu de difficulté à traverser la barrière et a dû se défendre un peu. Une autre fois, comme je m’approchais de la galerie de la maison, je suis venu face-à-face avec deux gros St-Bernard. Ils se sont levés et ont commencé à s’approcher de moi. J'ai regardé autour, mais mon chien n’était pas dans les parages. Enfin, une femme s’est pointée à la porte et m’a dit que ses chiens n’étaient pas méchants.

Lorsque nous sommes arrivés à Lea Park(2), nous avons tous pu traverser la rivière sur le même bac. Nous avons campé près de la rivière ce soir-là. Nous avions de l’eau pour les chevaux et un bel endroit pour camper. À cette époque, au nord de la rivière, il y avait seulement une vieille piste. Un jour, nous sommes arrêtés pour manger sous de grandes épinettes, environ 15 milles au nord du Lac aux Grenouilles. J’ai soigné les chevaux, puis j’ai trouvé une belle grande épinette et j’ai gravé mes initiales dans l’écorce(3).

Le dernier soir, nous avons couché près du lac Reita, un bel endroit pour l’eau et pour le camping. Le lendemain, nous avons quitté le lac Reita, mais le trajet était difficile parce que la piste était très vallonnée et rocailleuse. Peu de gens empruntaintt cette route.

Nous avions quitté la Saskatchewan avec une lanterne à gaz pour utiliser le soir. Nous n’avions pas eu de problèmes avec durant le trajet. Mais, la

La maison en billot à Bear Trap Lake
Photo: Conrad Desnoyers
La maison en billot à Bear Trap Lake. Photo prise vers 1960.


derrière partie du trajet était tellement «rough» que le manchon a cassé.

Enfin, nous sommes arrivés au lac Bear Trap, près de Bonnyville. Nous avons atteint la cour de mon frère près du lac. Nous avions été sur la route pendant 32 jours, voyageant une moyenne de 23 milles par jour pour 24 jours, un voyage de 525 milles.

Le carreau que j’avais loué n’était pas prêt à nous accueillir, car il fallait déménager une petite maison de «logs» et il n’y avait pas de puits. Nous avons campé chez mon frère pendant un mois de temps. Durant ce mois,

La maison des Duguay à Secretan
Photo: Claude Desnoyers
La maison des Duguay à Secretan vers 1935.


nous avons déménagé la maison là où nous la voulions et nous avons déménagé nos biens. C’était très petit à l’intérieur. Puisqu’il n’y avait pas encore de puits, nous devions charrier de l’eau du puits d’un voisin, une courte distance de chez nous.

Les quelques acres qui avaient déjà été défrichés, nous avons mis en «labour d’été» car il était trop tard pour semer une récolte. Nous avons fait une clôture autour du champ et j’ai semé du foins pour l’hiver suivant. Pendant les mois d’hiver, j’ai charrié des «logs» pour ajouter une rallonge à la maison. J’en ai aussi charrié à un moulin à scie dans la région pour faire des planches.

Avec l’aide de plusieurs voisins, j’ai construit une rallonge à la maison. J’ai équarri les «logs», puis j’ai bousillé les murs, à l’intérieur et à l’extérieur. J’ai ensuite recouvert l’intérieur avec de la chaux. Nous avions enfin beaucoup de place.

Nous avons vécu sur cette ferme pendant 10 ans, mais il était impossible de faire des gains; nous réussissions seulement à survivre. Les enfants allaient à l’école Bear Trap, à une distance de 2 milles. C’était souvent une vie très difficile; les premiers hivers, il y avait beaucoup de neige, c’était très froid avec des températures de 60 degrés sous zéro.

En 1945, nous avons acheté une demie section avec de bons bâtiments. Il y avait une grande maison, une grande étable et plusieurs graineries. La terre était bonne pour la culture et pour l’élevage avec un grand champ de foin, un bon pacage et de la bonne terre fertile pour les récoltes.

La maison Desnoyers à Fort Kent
Photo: Conrad Desnoyers
La maison Desnoyers à Fort Kent, vers 1950.


Photo: Conrad Desnoyers
La maison Desnoyers à Fort Kent, vers 1950.

Nous avons eu d’excellentes conditions pour acheter cette ferme; rien au départ, des paiements annuels et aucun intérêt. Nous avons pu agrandir notre troupeau de bétail et avoir de bonnes vaches à lait. Enfin, il a été possible de faire des gains, de vivre une meilleure vie.

Nous avons commencé à acheter d’autres chevaux et nous pouvions ainsi travailler plus de terrain. Après la guerre, ils ont construit de meilleures routes et il y avait alors des autobus scolaires pour transporter les enfants à l’école de Fort Kent, une meilleure école.

En 1945, nous ajoutions un autre enfant à la famille et un dernier en 1949. Nous avons eu sept enfants en tout. Nous avons vécu à la ferme jusqu’en 1967. Les enfants étant tous partis, j’ai alors vendu la ferme et je suis déménagé à Bonnyville où je vis encore.

N.d.l.r.: Antonio Desnoyers est décédé à Bonnyville, Alberta le 23 octobre 2001 à l’âge de 98 ans. Son épouse Florette est décédée à Edmonton le 6 décembre 1967 à l’âge de 65 ans. La ferme à Fort Kent a été vendue en 1967 puisque tous les enfants étaient partis à la recherche de leurs propres rêves. Le plus jeune des enfants, Claude, né en 1949, aurait fait le circuit et serait revenu en Saskatchewan. Cette année, il enseigne à l’école Monseigneur de Laval à Regina.

(1) Les Duguay vivaient à Secretan, quelques kilomètres à l’ouest de Mortlach.
(2) Près de la rivière Saskatchewan Nord, environ 75 kilomètres au nord-ouest de Lloydminster.
(3) Vingt-six ans plus tard, Antonio Desnoyers est retourné à cet endroit et a retrouvé l’épinette avec ses initiales.

La ferme des Desnoyers à Fort Kent
Photo: Conrad Desnoyers
La ferme des Desnoyers à Fort Kent, vers 1965.







 
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